L'irrésistible ascension du partage de fichiers

Les tenants américains du droit à la copie numérique privée admirent beaucoup le Canada, ces temps-ci. Ils viennent en effet de se rendre compte que le partage de fichiers en ligne (file sharing) serait légal chez nous depuis 1999. D’ailleurs, peut-on arrêter un phénomène aussi complexe et irréversible que le « P2P » (peer-to-peer) et aussi imparable qu’un nuage de sauterelles?

Les tenants américains du droit à la copie numérique privée admirent beaucoup le Canada, ces temps-ci. Ils viennent en effet de se rendre compte que le partage de fichiers en ligne (file sharing) serait légal chez nous depuis 1999 du fait que des droits sont déjà perçus à cet effet dans le prix des supports. N’est-ce pas une preuve supplémentaire que le Canada est bien le «plusse meilleur» pays au monde? 😉

Ils me font marrer, les gens de la RIAA et leurs copains de la Canadian Recording Industry Association, avec leurs tentatives désepérées d’arrêter la fonte des glaciers sur lesquels reposent leurs privilèges. Peut-on arrêter un phénomène aussi complexe et irréversible que le « P2P » (peer-to-peer) et aussi imparable qu’un nuage de sauterelles? Le jour où les industriels du monde entier voudront bien se donner la main pour stopper l’effet de serre, on en reparlera !

Pour l’heure, dans ce pays, les individus sont en droit de partager et de copier tout ce qu’ils veulent (musique, livres, logiciels, etc) tant qu’ils n’en font pas le commerce. Il s’agit d’un droit fondamental rééquilibrant un tant soit peu les inégalités économiques ahurissantes auxquelles les peuples de la Terre sont confrontés. Sans ce droit, une famille pauvre d’ici ou d’ailleurs n’a aucun espoir d’accéder un jour à la culture intellectuelle, artistique et technologique lui permettant de grimper l’échelle sociale. C’est bizarre que les législateurs Américains, si prompts à défendre moult amendements garantissant les libertés individuelles et la mobilité sociale de leurs concitoyens n’y aient pas pensé !

Les utilisateurs d’internet, eux, ne s’y trompent pas. Ils font leurs choux gras de centaines de logiciels ouvrant la voie à ces échanges. Le « Top Downloads » des sept derniers jours de SourceForge.net en est une preuve sans équivoque:

1 – eMule (P2P)
2 – BitTorrent (P2P)
3 – DC++ (P2P)
4 – VirtualDub (capture vidéo)
5 – CDex (capture audio)
6 – eMule Plus (P2P)
7 – phpBB (Forums)
8 – ffdshow (décodage vidéo)
9 – ffdshow (capture audio/vidéo)
10- TightVNC (contrôle à distance)

Amenez-en des logiciels! Plus il y en aura, opérant sous tous les protocoles et suintant par tous les ports des réseaux, et moins les dinosaures de la dime culturelle seront en mesure de s’y opposer.

Évidemment, direz-vous, il s’agit de SourceForge, un site fédérant les efforts des développeurs de logiciels libres du monde entier qui, par définition, sont partisans du partage et de la gratuité. C’est vrai, bien sûr, mais SourceForge présente aussi des tonnes de logiciels divers (groupware, applications de bureautique, etc) qui n’ont rien à voir avec le partage de fichiers et la libre circulation des oeuvres culturelles. Or, ce sont bien elles que les utilisateurs plébiscitent en masse. Révélateur, non?

Il me semble que nos législateurs ont tout à fait raison de laisser les choses se passer ainsi. Tout le monde doit pouvoir accéder à l’éducation, à la culture et aux outils technologiques permettant de rendre celles-ci plus démocratiques. À ce que je sache, l’apparition de l’automobile, au début du XXème siècle, n’a pas vraiment fait l’affaire des maréchals ferrants et des patrons d’écuries. Aucun gouvernement ne leur a cependant permis de bloquer une avancée technologique qui allait révolutionner le cours de l’histoire humaine et propulser les économies avancées vers de nouveaux sommets.

Songeons toutefois que notre pauvre planète respirerait un peu mieux, aujourd’hui, si les maréchals ferrants avaient pu démontrer que les automobiles risquaient de bousiller le climat comme on le sait maintenant. Restons donc à l’écoute des visions objectives et à long terme qui pourraient nous mettre en garde contre de mauvais choix technologiques. En ce qui concerne la protection des privilèges et des conservatismes socio-économique, cependant, il n’y a rien à discuter.

Changez de métier, Messieurs les endisqueurs! Faîtes-vous donc webmestres ou concepteurs de services musicaux en ligne!

Ami Calmant,

Christian Aubry


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