Le blues de la métropole

Cela n’a pas complètement gâché ma journée, mais je suis quand même triste. La seule initiative intéressante de l’ancien maire de Montréal, Pierre Bourque, est totalement dénaturée par la défusion de 15 arrondissements qui seront reconstitués en municipalités autonomes d’ici un à deux ans.

TristesseCela n’a pas complètement gâché ma journée, mais je suis quand même triste. La seule initiative intéressante de l’ancien maire de Montréal, Pierre Bourque, est totalement dénaturée par la défusion de 15 arrondissements qui seront reconstitués en municipalités autonomes d’ici un à deux ans.

Curieusement, les référendums ont fait très mal dans l’Ouest anglophone de l’île et dans ces enclaves très chics du centre-ville que sont Westmount-la-richarde et Mont-Royal-l’opulente. Ils feront revenir la métropole dix ans en arrière au plan économico-social, mais au moins les choses sont maintenant un peu plus claires.

  1. Le « séparatisme » n’est plus un péché mortel. Ce qui s’applique aux uns doit s’appliquer aux autres. À la prochaine fois, comme disait le bon roi René.
  2. L’arrogance des riches n’a pas d’autres limites que celles qu’on leur impose. Si l’on peut à la rigueur comprendre la position des citoyens des villages de Lac Édouard, Boucherville, Saint-Augustin- de-Desmaures et Baie-d’Urfé, celles des habitants de Westmount et Mont-Royal, en effet, ne peut s’expliquer autrement que par l’élitisme, l’égoïsme et le mépris.

Je suppose que Peter Trent, le séparatiste en chef, ne sera pas d’accord avec cette analyse. C’est pourtant celle que de nombreux québécois ne manqueront pas de faire. Tant pis pour lui.

L'annuaire francophone de flux RSS

Je viens de découvrir l’Annuaire francophone de flux RSS, une ressource incontournable proposée depuis environ un mois par l’ingénieur belge Robert Viseur, à qui l’on doit également LogicielLibre.net.

Annuaire Je viens de découvrir l’Annuaire francophone de flux RSS, une ressource incontournable proposée depuis environ un mois par l’ingénieur belge Robert Viseur, à qui l’on doit également LogicielLibre.net. Outre le classement raisonné de 423 sources RSS francophones (et bientôt 424 puisque j’y ai bien sûr ajouté le flux de CW3), cet annuaire met également en oeuvre un logiciel expérimental baptisé Retronimo qui permet de créer des flux RSS de toutes pièces à partir de sites n’en offrant pas, ou encore des flux thématiques s’alimentant à plusieurs sources.

L’un des péchés de jeunesse de cette nouvelle ressource, c’est que les adresses des flux n’y sont pas précisées, pas plus que celles des sites d’origine. Ceci dit, on peut les retrouver très facilement en entrant le nom du site, indiqué, lui, en clair, dans un moteur de recherche. Dans une discussion sur LinuxFR, Robert Viseur indique avoir « un peu peur du repompage par des sites plus connus ». On peut le comprendre… et presque le souhaiter!

Le souverainisme gagne du terrain… en Europe!

Plus l’Europe bâtit sa fédération, s’inspirant parfois en cela du « modèle » canadien, et plus elle se trouve confrontée à la tendance centrifuge que l’on connait bien chez nous. À tel point que l’euroscepticisme (chouette! un nouveau mot dans le dictionnaire) est de plus en plus couramment taxé de « souverainisme ». À quand le prochain référendum?

Alors? Toujours eurosceptique?Plus l’Europe bâtit sa fédération, s’inspirant parfois en cela du « modèle » canadien, et plus elle se trouve confrontée à la tendance centrifuge que l’on connait bien chez nous. À tel point que l’euroscepticisme (chouette! un nouveau mot dans le dictionnaire) est de plus en plus couramment taxé de « souverainisme ».

Je me demande quelle version je préfère : l’originale, publiée hier soir dans Le Monde, ou bien l’édition canadienne, à peine sous-titrée, reprise ce matin par Le Devoir. Évidemment, ceux qui n’ont pas acheté le journal ou qui n’y sont pas abonnés préfèreront la première. Faut dire qu’elle est agrémentée de statistiques précises, à la fin, qui mettent en exergue le très fort taux d’abstention sévissant au sein de l’électorat européen — ce qui n’est jamais un signe de grande santé démocratique.

Si vous voulez mon avis (et je n’en doute nullement:-), Paul Martin devrait libérer Charles Guité et Alfonso Gagliano de toutes les charges pesant contre eux et les envoyer immédiatement à la rescousse de l’Europe en péril. En organisant ce débarquement libéral sur les plages normandes, il étendrait son influence internationale, se débarrasserait de collègues encombrants (et agressifs, en plus!) et permettraient enfin aux agences de pub proches de son parti de se remplir les poches du Golfe de Gascogne à la Mer Caspienne sans que les électeurs canadiens n’aient rien à leur reprocher.

Tant qu’à y être, Sheila Copps devrait peut-être aussi se lancer dans l’aventure. L’étoilé européen a fière allure, nonchalamment accroché au balcon d’un hôtel particulier du 17ème siècle ou encore planté sur le « hood » d’une Mercedes. C’est que la pauvre Sheila doit s’emmerder ferme, en ce moment, sur la banquette arrière du Parlement.

Bref, il y a pas mal de fric et des beaux films de peur à se faire sur le front de l’anti-souverainisme européen. Amenez-en des love-in fédéralistes à Venise! Et vivement le prochain référendum à Vingt-Cinq!

Nouveau match nul entre le yang et le yin

Certains contribuables vont tirer de cette nouvelle matière à se lamenter, à vilipender nos institutions politiques, àd critiquer l’ancien gouvernement péquiste et à s’écoeurer un peu plus de la politique. En ce qui me concerne, je trouve au contraire que c’est là une excellente nouvelle…

La vérificatrice générale du Québec, Denise Paradis, porte un jugement très dur sur les lacunes de gestion à la Société générale de financement entre 1998 et 2003, sous le gouvernement péquiste (…). La vérificatrice générale qualifie aussi de lamentable la gestion du projet de prolongement du métro de Montréal vers Laval. Selon elle, le projet a été mené dans l’improvisation depuis le début. (…)

Dr Yin and Mr YangCertains contribuables vont tirer de cette nouvelle matière à se lamenter, à vilipender nos institutions, à critiquer l’ancien gouvernement péquiste et à s’écoeurer un peu plus de la politique. En ce qui me concerne, je trouve au contraire que c’est là une excellente nouvelle.

Entendons-nous bien : la bonne nouvelle, ce n’est pas que la gabégie existe, ni les abus, ni même à l’occasion certains actes de corruption. Ça, on le savait déjà et ce n’est en rien une bonne nouvelle. Mais c’est la vie, ou plus exactement l’expresson incontournable du mal, aussi indissociable du bien que le revers l’est de la médaille, le verso du recto, le mal du bien, la nuit du jour et le yang du yin. De l’équilibre avant toute chose, disait le poète…

La bonne nouvelle, c’est que le yang, ici, au Québec, s’est retrouvé une fois de plus coincé par le yin alors qu’il est des systèmes (ou des partis) politiques dans lesquels, plus souvent qu’autrement, c’est lui, l’abominable yang, qui fait la nique au yin sans que celui-ci ne puisse lui échapper.

Prenez le cas, par exemple, du Parti libéral du Canada et de l’affaire des commandites. Que le scandale ait eu lieu, c’est regrettable mais c’est ainsi. Il y a lieu de s’en offusquer, d’exiger toute la vérité, de punir les coupables, de rendre le système plus imperméable à ce genre de magouille, mais cela reste tout de même dans l’ordre des choses. Tiens, le yang a encore frappé!

Ce qui est vraiment fâcheux, en revanche, c’est que le Premier ministre Paul Martin, qui s’était montré si catégoriquement offusqué en janvier, ne fasse à peu près rien de concret pour aller jusqu’au fond de l’histoire. Tout ce qui l’intéresse, c’est clair, c’est le pouvoir, les élections et, probablement, le cours de sa fortune personnelle — au propre comme au figuré. Le voilà réduit à enterrer lâchement le scandale dans le but évident de raffermir le clan libéral et cela ne lui pose apparemment aucun problème de conscience. Pourtant, science sans conscience n’est que ruine de l’âme, disait l’écrivain gargantuesque — et la science politique n’échappe pas à la règle.

Espérons que les citoyens canadiens ne seront pas dupes de la manoeuvre et sauront faire payer à chacun le juste prix de ses actes comme de ses intentions. Ce qui est réjouissant, dans cette affaire comme dans celle de la SGF et du métro de Laval, c’est qu’il y ait en ce pays des institutions nommées « vérificateur général » permettant de mettre à jour ces horreurs bien ordinaires. Cela permet de résoudre un certain nombre de problèmes lorsque les vents politiques sont favorables, ou alors de juger le personnel politique sur pièce, en pleine lumière.

Tout scandale, toute gabégie révélée par la vérificatrice ou le vérificateur général, au Québec ou au Canada, est le signe que la démocratie y est vivante, même s’il y a parfois loin de la coupe aux lèvres. Elle est encore loin l’Amérique? demandait Toto le poète. Tais-toi et nage, lui répondait son père. Traduction démocratique : tais-toi et vote.