À propos du voile islamique

HijabLes ravisseurs qui menacent d’ôter la vie de deux journalistes français si la France ne renonce pas à la loi du 15 mars 2004 sur le port de signes religieux à l’école ont peut-être mal compris le sens profond et la portée de cette loi.

En ce qui concerne son sens profond, il est important de se rappeler que la France a été secouée à travers l’histoire de multiples schismes, guerres de religion, affaires Dreyfus, le tout culminant par la déportation de 80 000 juifs vers les camps d’extermination nazis. Au fil de cette histoire sanguinaire, une idée forte s’est imposée comme une sorte de pacte pacifique: c’est la laïcité.

La laïcité permet à toutes les religions de s’épanouir dans la sphère qui est la leur: le lieu de culte, la maison, la famille, la communauté et ses institutions spécifiques. Dans les lieux publics régis par la République, elle garantit à tous des droits fondamentaux en reléguant *toutes* les religions à l’arrière-plan, non pas pour les étoufer mais, au contraire, pour *mieux les protéger*.

Au plan de sa portée, la loi du 15 mars 2004 n’interdit nullement le port de signes religieux à l’école pour autant qu’ils restent discrets et ne perturbent pas les activités d’enseignement. C’est bien ce que rappellait récemment l’Union des organisations islamiques de France. Ainsi, les signes religieux « discrets » ne seront absolument pas remis en cause (sauf, peut-être, par certains administrateurs particulièrement stupides qui seront vite remis au pas par les autorités supérieures) et toutes les religions seront logées à la même enseigne, y compris la catholique et la raëlienne. Enfin, il n’est absolument et surtout PAS question d’interdire le voile islamique en France, mais simplement d’interdire le port de signes religieux ostentatoires dans les établissements publics d’enseignement, et nulle part ailleurs.

Dans ces conditions, la mise à mort de deux journalistes pour faire reculer un pays dans l’application juste et mesurée des traditions qui lui sont propres ne peut qu’apparaitre comme un abberration totale, y compris aux yeux de la plupart des musulmans. Sans parler du respect dû aux traditions justes et mesurée de tous les pays d’accueil du monde. Que diraient les Saoudiens, en effet, si des femmes ayant choisi d’adhérer aux valeurs culturelles occidentales se promenaient seins à l’air sur leurs plages publiques sous prétexte que c’est conforme à leurs convictions profondes? Ou encore si elles buvaient du vin en mini-jupe à la terrasse des cafés? Ils ne l’accepteraient pas et je leur donnerais (à mon corps défendant) raison.

When in Canada do as the Canadians do. Ce vieux problème américain est valable dans tous les pays du monde et si nous voulons que ce siècle en soit un de paix, de tolérance et de prospérité, il faudrait peut-être commencer par le méditer. Cela ne veut pas dire que la France refuse l’Islam sur son territoire, au contraire. Elle met cependant les musulmans de France au défi de réinventer leur foi dans le cadre français, de ne pas nier sa réalité républicaine, de se montrer tolérants en acceptant cette sorte de pudeur sociale imposée à toutes les religions.

» À propos de pudeur, relisons donc ceci, ça vaut le détour.
» Quant à la laïcité et l’Islam, les voici brillament servis.
» Et voici un point de vue éclairé (et mesuré) en provenance du Québec.

La voix de son maître

La voix de son maîtreInterrogé par le Corriere della Sera sur la question des journalistes français pris en otage , le premier ministre irakien Iyad Allaoui aurait déclaré ceci, selon le quotidien Le Monde : l’enlèvement des journalistes français montre qu’« il n’y a pas de neutralité possible » en Irak et que ceux qui ne « combattent pas » aux côtés du gouvernement n’échappent pas au « terrorisme ». (…) « Aucun pays civilisé ne peut se dérober. La lutte contre le terrorisme doit être globale, car le défi est vraiment global. Il n’y a pas de neutralité possible, comme le montre l’enlèvement des journalistes français. »

Il n’y a pas de neutralité possible… C’est étrange comme cette phrase signée George Bush se retrouve soudain dans la bouche d’Allaoui. On pourrait presque se demander si ce n’est pas la CIA qui a commandité cet enlèvement, en pleine Convention républicaine, afin de justifier la posture de sauveur de l’Amérique (quelle monstrueuse supercherie!) du candidat Bush.

Si c’était le cas, cependant, la Centrale de la déstabilisation mondiale serait encore plus à côtés de ses putchs que les enquêtes du Congrès ne l’ont démontré. Car, en effet, de deux choses l’une : soit Christian Chesnot et Georges Malbrunot sont finalement libérés — et en ce cas, c’est tout le contraire qui aura été prouvé puisqu’on a effectvement assisté ces dernières 24 heures à une incroyable manifestation de solidarité dans tout le monde islamique à l’égard de la France et de ses deux reporters; soit au contraire ils sont assassinés, et en ce cas la sortie d’Allaoui apparaitra comme ce qu’elle est — une sordide tentative de récupération partisane portant la griffe du Pentagone et de ses valeureux penseurs de l’apocalypse pétrophile.

Cette guerre sans nom est à vomir, tout comme ses commanditaires et leurs marionnettes.