Au pied du Mur de Shawinigan

Toutes proportions gardées, voilà donc que le scandale des commandites s’apparente à la chute du mur de Berlin.

Le Déshonorable Alfonso GaglianoAprès les révélations spectaculaires de Benoît Corbeil la semaine dernière, Radio-Canada diffusait hier soir une nouvelle entrevue choc avec, cette fois, le Déshonorable Alfonso Gagliano. L’ancien ministre des Travaux Publics, ex-responsable politique du programme des commandites au sein du gouvernement Chrétien, n’y est pas allé par quatre chemins : «  La séparation du Québec du Canada n’est pas « arrêtable », c’est une question de temps, ça va se faire. ». Bigre!

Toutes proportions gardées, voilà donc que le scandale des commandites s’apparente à la chute du Mur de Berlin. Provoquées par quelques brebis aussi galeuses que marginales, la déroute du Parti libéral précipiterait le Canada dans la séparation, avec le cortège de déchirements, de malheurs et de désastres économiques que le petit gars de Shawinigan a coutume de lui associer. Venant d’un ténor du fédéralisme coast to coast, la prédiction aurait de quoi surprendre si l’on ne nous avait déjà malheureusement habitués aux scénarios d’épouvante destinés à faire peur au monde à l’approche des échéances référendaires.

Le Déshonorable Alfonso Gagliano a d’ailleurs plus d’un tour de passe-passe dans son sac. En ces temps troublés par les luttes fratricides et le retournage de veste express, il a le don de la formule approximative qui fait mouche. Exemple: pourquoi Paul Martin s’acharne-t-il contre lui? « Lorsqu’on a déjà tué quelqu’un, on peut bien le tirer encore deux ou trois fois puisqu’il est déjà mort! » Prononcé avec l’accent italien, la phrase a un drôle d’accent mafieux. Pourquoi a-t-il affirmé, devant la Commission Gomery, n’avoir rencontré Charles Guité que 3 ou 4 fois par an, alors que l’on sait maintenant que c’était plutôt 10 ou 12? « C’est que je le rencontrais aussi parfois pour d’autres choses; mais pour les commandites, c’était bien 3 ou 4 fois par an, comme j’ai dit. » Pas mal trouvé de la part d’un contorsionniste — de la part d’un ancien ministre ayant témoigné sous serment, en revanche, c’est moins convaincant.

Le plus troublant reste toutefois l’appréciation gaglianesque de ce qui arriverait si jamais le Québec accédait demain à la souveraineté: « Ça ne sera pas la fin du monde et cela ne m’inquiète pas plus que ça. » Là, il n’y a plus de doute possible. Le mur de Shawinigan est sur le point de s’effondrer.

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