Paré à virer?

Depuis quelques années, le virage à droite au feu rouge est autorisé partout au Québec, sauf à Montréal. Un excellent article du Devoir laisse entendre que cette nouvelle disposition du code de la route s’étend maintenant à la sphère politique.

Virage à droite?Depuis quelques années, le virage à droite au feu rouge est autorisé partout au Québec, sauf à Montréal. Un excellent un article de fond d’Antoine Robitaille, publié dans Le Devoir de ce matin et largement inspiré d’une émission de Marie-France Bazzo diffusée le 5 avril sur la première chaîne de Radio-Canada, laisse entendre que cette nouvelle disposition s’étend maintenant à la sphère politique. En substance, on y explique que l’étiquette « de droite » n’est plus un tabou au Québec.

Ceci n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle puisque la mort de n’importe quel tabou constitue une victoire de la raison sur l’irrationnel. Pour le reste : «La droite ? Il vaudrait peut-être mieux dire «les droites» tant les courants sont nombreux. On peut en cerner environ quatre dans le Québec d’aujourd’hui. Mais aucun d’entre eux ne refuse explicitement la démocratie ni ne s’attaque obsessionnellement aux immigrés. L’on peut dès lors conclure qu’il n’y a pas vraiment d’extrême-droite au sens européen du terme au Québec.»

À la bonne heure! Cela fait deux bonnes nouvelles. Parmi les moins bonnes, notons que le courant le moins alternatif des quatre est bien entendu le courant néo-libéral, notamment représenté par Michel Kelly-Gagnon, directeur exécutif de l’Institut économique de Montréal. C’est le plus sérieux car il ne manque pas d’alliances internationales et qu’il contamine même allégrement — adjectif hélas! sans rapport avec Porto Allegre — l’ensemble de l’échiquier parlementaire québécois. Les autres nominés sont:

  • la droite populiste, incarnée par le très radical Stéphane Gendron, maire d’Huntingdon et animateur de lignes ouvertes. Assez dangereux.
  • la droite intellectuelle nationaliste, représentée par Mathieu Bock-Côté, étudiant en socio et membre fondateur, paraît-il, du Cercle Raymond-Aron, arborant des tendances républicaines non religieuses. Plutôt insidieux.
  • la droite traditionaliste dont l’un des hérauts serait Luc Gagnon, éditeur de la « revue de la résistante conservatrice », Égards, qui défend les valeurs morales chères au catholicisme, aux réactionnaires pro-vie et au nostalgiques du conservatisme canadien-français de l’abbé Groulx. Carrément vieux-jeu.

Il y a encore loin du calice aux lèvres, mais le scandale des commandites et l’admirable prestation du gouvernement Charest rendent un « retour des droites » aux affaires de moins en moins improbable, à Québec comme à Ottawa. Mieux vaut donc apprendre à les connaître, ne serait-ce que pour se tenir prêt à pourfendre leurs arguments.

» Écoutez l’émission de Marie-France Bazo sur radio-canada.ca.
» Ou bien lire rapidement le rapport d’écoute de Philippe-A., sur Blogspot.

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