Le quatrième écran de la convergence

Photo d'un écran de cellulaire
Photo: GSMA © 2006

Cette semaine, dans un un communiqué de presse conjoint du Sundance Institute et de la GSM Association (GSMA), l’acteur Robert Redford, président du célèbre festival cinématographique américain, annonçait la production prochaine de cinq courts métrages de fiction spécialement réalisés en fonction des petits écrans des téléphones cellulaires. Il annonce l’émergence du téléphone portable en tant que « quatrième écran » (après le cinéma, la télévision et l’ordinateur) et Bill Gajda, VP Marketing de la GSMA, remarque que celui-ci « change déjà la façon dont les gens s’eduquent et se divertissent. » Ainsi, les terminaux mobiles connectés par USB et Internet s’imposeront bientôt comme d’incontournables canaux de diffusion vidéo, qu’il s’agisse d’information, de spectacles de variétés et même d’oeuvres cinématographiques spécialement adaptées.

Car il faudra forcément adapter le langage visuel et les formats des produits médiatiques et culturels aux contraintes de ce nouveau médium. Disposant d’un écran dépassant rarement 176 pixels de large et d’une bande passante encore très coûteuse, celui-ci est aux antipodes de la télévision haute définition que l’on nous promet depuis des années. Or, si la HD offre aux téléspectateurs en mesure de se l’offrir un confort visuel et auditif inégalé, c’est probablement par le réseau GSM, qui devrait toucher 3 milliards de personnes en 2008, selon la GSMA, que la révolution vidéonumérique se répandra le plus efficacement à travers la planète, notamment dans les pays d’Afrique et d’Asie ou la téléphonie sans fil est infiniment plus abordable que l’accès aux réseaux optiques.

Ainsi donc, dans le domaine de l’information (probablement le plus adapté, à court terme, aux contraintes culturelles et techniques de ce médium), les chaînes de télévision ne pourront pas simplement compresser leurs émissions conçues pour la haute définition car l’image et les textes surimprimés en seraient illisibles. Il leur faudra mettre sur pied des équipes complètes pour retraiter les sources haute définition et les adapter à ce micro-médium.

Photo d'un écran de cellulaire

Dans le même temps, une opportunité fantastique s’ouvre pour de nouveaux projets médiatiques ciblant en priorité le Web et les écrans mobiles. C’est à une expérience de ce type que mon ami Philippe Martin et moi-même voulons nous livrer sur YULBUZZ.com, un site de videocasting que nous allons officiellement ouvrir sous peu, avec la participation, nous l’espérons, d’autres blogueurs québécois et/ou francophones.

Cette expérience devrait intéresser les journalistes de la presse écrite, je crois. Car s’il leur est difficile d’envisager de « converger » efficacement avec des télévisions aux normes techniques très élevées, les technologies numériques de la vidéo légère pourraient bien leur permettre d’enrichir leurs productions textuelles et photographiques de sources vidéo réalisées « on the fly », sans équipes lourdes, et mises en ligne à peu de frais sur le Web ou par l’entremise d’ententes de distribution avec des opérateurs de téléphonie sans fil. Le cas échéant, il faudra reconnaître la clairvoyance de Nelson Dumais, qui avait flairé cette tendance il y a plus de six mois et à qui je dois d’avoir mis le pied dans l’engrenage en février 2006.

Avec l’avènement du Web 2.0, on assiste déjà à la prolifération de contenus de vidéo légère produits par M. et Mme Tout-le-Monde, ainsi que par ces personnes morales que sont les entreprises, les gouvernement et les associations. Il faudra bien entendu faire le tri dans cette masse d’images et c’est là que les experts de l’édition, du journalisme et de la communication reprendront du galon. Passant d’une société de l’information à une société du savoir, les diffuseurs auront recours à ces agents de tri, de classement, de hiérarchisation et, somme toute, de digestion afin d’être en mesure d’offrir des programmes qui se tiennent à leurs audiences. Il y a de nouveaux métiers dans l’air…

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En passant, j’applaudis la façon de faire des gens de la GSMA. Leur communiqué de presse original est agrémenté de liens menant à deux documents PDF contenant des informations complémentaires ainsi qu’à un petit album de photos (dont celle apparaissant plus haut) et à la vidéo du discours de Robert Redford. Cette complémentarité des technologies et des médias est inhérente à toute communication institutionnelle moderne et efficace. Signalons, pour terminer, la vidéothèque corporative de la GSMA, dont plusieurs éléments méritent d’être visionnés.


Ce billet a été publiée le 11 novembre 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

3 réflexions sur « Le quatrième écran de la convergence »

  1. Eh bien, avec le train d’enfer que nous annonces ta note, avec toutes ces nouveautés et les changements qu’elles vont entraîner, une seule chose à faire, comme on dit ici : « Attache ta tuque ! »

    Me reste à voir si je pourrai m’offrir le ticket du voyage… 😉

    Je blague, mais avec tes infos, ça nous permet d’être à jour sur le plan de l’évolution techno. All ze best, avec YulBuzz!

  2. Si tu veux te mettre à jour, Marie Danielle, va lire ce billet de Michel Leblanc sur le même sujet — je viens seulement de le découvrir. Ma vision est un peu idéaliste car la sienne, puisée aux sources d’une étude nettement plus exhaustive, indique qu’un certain appauvrissement culturel risque de résulter du nouveau paradigme. Des émissions « à grignoter » par petits morceaux, sans se soucier de profondeur, voilà ce qui (peut-être) nous attend. Évidemment, que toi et moi, dans nos blogues retranchés, résisterons encore et toujours à l’envahissante vacuité 😉

  3. Je dirais surtout que ta vision reflète une part de ce que tu désires insuffler à ton entreprise, ce qui vaut déjà par elle-même, et que ce que Michel Leblanc indique, ce peut être que tous n’y mettront pas autant de valeur, ou encore dessine-t-il les limites ou les effets pervers de l’entreprise, ce qu’on peut prendre en compte tout en laissant le vent gonfler la voile…

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