Pourquoi je n'ai pas voté Sarkozy

Caricature de Sarkozy en Napoléon

Maintenant que les élections sont terminées, je peux répondre à cette troublante question sans que l’on m’accuse d’user de mon immense pouvoir d’influence pour renverser le cours de l’histoire (300 visites par jour, non mais vous imaginez ! ;). Voici donc pourquoi je n’ai pas voté Sarkozy.

1) À bien regarder aller le monde, d’abord, je ne pense pas que la France réussira à conserver longtemps intactes ses « valeurs » ancestrales. Le climat change, l’Afrique change, l’Europe change et la France change aussi. Je n’achète donc pas les discours conservateurs sur la nécessité de réprimer l’immigration, mais plutôt ceux qui prônent l’intégration. Si les banlieues françaises flambent régulièrement, c’est justement parce que, depuis des décennies, les décideurs Français n’ont n’a pas su relever ce défi-là (entre autres). Notons cependant que Sarkozi a largement adouci son discours, hier soir, et c’est tant mieux.

2) De toute façon, je ne vote plus, depuis longtemps, aux élections françaises. Oui, je suis fier de mon pays, cette « douce France » disparue en même temps que mon enfance, mais le fait est que je vis depuis 18 ans à l’étranger. À l’exception des immigrants temporaires, je trouve incongru de voter sans participer à la vie nationale, à l’économie, ni faire face aux conséquences de ses choix. La France aux français de toutes origines, races et religions; à moi et à mes descendants le Canada — qui change, lui aussi.

Ceci étant dit, cette élection m’a passionné, comme la plupart des Français. Son taux de participation très élevé en fait foi. J’aime le bouillonnement politique entretenu par les citoyens de ce pays. Bien plus qu’aux États-Unis, empire de l’individualisme par excellence, c’est la France, me semble-t-il, qui a ouvert la voie de la démocratie moderne. Espérons qu’elle continuera de se réinventer.

Ce bouillonnement se traduit aussi par une vitalité culturelle, technique et scientifique qui font de ce relativement petit pays l’un des plus créatifs au monde. Qu’il soit gouverné à gauche ou à droite n’y changera rien, si ce n’est qu’il y aurait moins de tension avec un gouvernement sensible et rassembleur.

Hier, sur le boulevard Saint-Laurent, j’ai rencontré plusieurs jeunes Français démontrant très peu d’intérêt pour cette élection. C’est normal. Ils sont loin de chez eux et tentent de se faire une place ici. Cela traduit peut-être aussi le fait que la politisation franco-française est largement tributaire du terreau socio-culturel dans lequel elle fleurit.

  • J’ai bien tripé, cette nuit, en montant ce podcast transatlantique collectif.
  • Apprécié aussi ma recherche iconographique sur Napoléon Sarkozy
  • Souri de cette petite blague « sarkaustique » : avec Bush à Washington, Sarkozy à Paris et Poutine à Moscou, l’Axe du Mal (Irak, Iran, Corée) fait maintenant face à l’Axe des mâles 🙂

Désolé, Ségolène. Comme disait René Lévesque : à la prochaine fois !

9 réflexions sur « Pourquoi je n'ai pas voté Sarkozy »

  1. C’est un jour très sombre pour la France. L’élection de Sarkozy signifie le rejet des valeurs progressistes françaises et l’adoption du néolibéralisme à l’américaine, avec toutes les conséquences négatives à anticiper.

    J’ai écrit un texte à ce sujet sur mon blogue, avec une perspective québécoise, si cela vous intéresse.

  2. Bravo pour les podcasts. Ça donnait l’ambiance.

    La France doit faire face à un changement — oui tout change en ce moment… on l’a vu au Québec récemment. Et les deux candidats le promettaient — chacun à leur façon. Avec Sarkozy, ce sera peut-être à la hussarde.

    Un peu comme pour Mario Dumont, ici, je laisse maintenant la chance au coureur. D’ailleurs, même si on le veut pas, il y a dejà quelque chose de changé.

    Sous l’angle de son programme Internet, en tout cas, cela me semble prometteur. Aux citoyens de le suivre et d’exercer le contre-pouvoir.

  3. Depuis l’étranger, on voit bien que les français perdent leur sang froid et leur bon sens. Nicolas Sarkozy, c’est l’hypocrisie qui caractérise la plupart de ses électeurs : se laver les mains des problèmes d’intégration sociale et du manque de dialogue avec les jeunes. Crier aux voitures qui brûlent, c’est peut-être aussi, après tout, le programme de la droite.

    Le bilan de la droite est un coktail aux lourdes conséquences. Nous sommes entrés dans l’ère du grotesque et de la corruption (voir Berlusconi).

  4. @Louis – Sûr que cela nous intéresse! Je viens de l’ajouter aux pistes de Yulbuzz. Ceci dit, il ne faut pas désespérer. Sarko n’est quand même pas Hitler et, maintenant qu’il a ce qu’il cherchait, il semble vouloir ramener la barre au centre, où il ne risque plus de se faire mordre par Bayrou. Je ne pense pas non plus que les Français soient prêts à accepter le néolibéralisme à l’américaine. Si Sarko essayait de le leur imposer, ils mettraient certainement le feu à L’Élysée 🙂

    Autre lecture intéressante, ceci dit, chez Fulcanelli (relayée par Philippe)

    @Martin – Je reconnais bien là ta profondeur et ta sagesse. Même si je ne l’aime pas trop, je suis d’accord pour laisser la chance au coureur, surtout maintenant que les Français ont voté. N’allons surtout pas dire que c’est à cause de l’argent et du vote gaulois 🙂

    Merci pour le résumé du programme Internet. J’y ajoute ce long texte de l’intéressé, publié sur Le Journal du Net. Pas mal intéressant, en effet.

    @Danny – Je comprends et j’accueille ta tristesse avec bienveillance, mais il ne faudrait pas tomber dans l’excès que l’on reproche, à juste titre, à certains propos de Sarkozy : négatifs et violents car taillés à l’emporte-pièce. Il faudrait plutôt faire valoir ta sensibilité inclusive et tes solutions. Je crois aussi préférable de critiquer des faits précis plutôt que de caricaturer et généraliser. De toute manière, cela ne donnerait rien avant cinq ans.

    Sarko a tendu la main, hier soir, au centre, à la gauche, à l’Afrique, à la Méditerrannée et aux Américains. Prenons-le au mot et jugeons-le maintenant moins par ses paroles que par ses actes.

    Je m’étonne par ailleurs de ta dernière phrase, car je n’ai pas été informé que l’on soit sortis de l’ère du grotesque et de la corruption qui remonte au moins à Néron 😉

  5. salut, sympa ton blog ! Vraiment agréable de lire tes billets. Pour en revenir à ce billet, parfois certaines parenthèses en disent bien + que le reste de la phrase : l’Europe change et la France change aussi 🙂

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