Tabac, pétrole et mensonge d’État

Bonne fête, Canada !Le Réseau de l’information (RDI) diffusait un excellent reportage de l’émission The Fifth Estate, hier soir : La machine à nier, version française de The Denial Machine. On y démonte la machine de propagande qui a permis aux fabricants de tabac de nier le lien entre leurs produits et le cancer pendant des dizaines d’années. Plus intéressant encore, on y démontre comment cette machine à nier l’évidence sous de faux prétextes scientifiques s’est mise au service de l’industrie pétrolière, ces dernières années, afin de réfuter le lien entre celle-ci et le réchauffement climatique… si tant est que celui-ci existe (!).

Il est étonnant de voir à quel point les humains sont idiots et combien certains d’entre eux, pourtant intelligents, envoient leurs semblables au casse-pipe sans état d’âme, avec un cynisme et une malveillance consommée. Que cela arrive aux États-Unis, c’est une chose. Que des industriels et des politiciens canadiens appliquent les mêmes recettes que leurs homologues américains, c’en est une autre dont on ne peut pas tirer grande fierté.

Ce matin, je lis dans Libération un excellent reportage qui expose en détails la catastrophe écologique entraînée par l’exploitation des sables bitumineux albertains : Au Canada, le sale coût du pétrole des sables. Mettant ces informations en perspective avec ce que j’ai entendu sur RDI hier soir, je me dis que le gouvernement conservateur du Canada est effectivement bien entraîné à travestir la réalité à l’avantage d’une économie dépassée.

Ces errances et ces mensonges protégeront l’activité industrielle à court terme, certes, mais elle sèmera la mort par millions, au Canada et à travers le monde. Par ailleurs, c’en est fait de la réputation saine et avant-gardiste du Canada. Fini le mythe des « grands espaces », des lacs immenses aux eaux pures et des forêts boréales à perte de vue. Lui succède de plus en plus la vision dévastatrice d’un des derniers territoires préservés de la planète en proie à la voracité destructrice de notre espèce.

Espérons que les Canadiens auront le courage de regarder cette réalité en face et de prendre leurs responsabilités lors des prochaines élections fédérales. Encore faudrait-il que le Parti Libéral version 2007 ne fasse pas partie du problème, mais de la solution.

La mondialisation au secours des journalistes

JournalisteQui l’eût cru ? La mondialisation aurait du bon, à en croire des syndicats de journalistes français soutenus par plusieurs personnalités socialistes. Et comme on n’en est pas à un paradoxe prêt, ces mêmes syndicats demandent à Nicolas Sarkozy, nouveau président de la République et grand ami des patrons de presse et d’industrie, de garantir leur indépendance face à leurs employeurs !

Toute l’histoire est expliquée dans cet article du Nouvel Observateur. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, semble-t-il, c’est le rachat possible du quotidien économique Les Echos par le groupe industriel de produits de luxe LVMH (Moët-Hennessy, Louis-Vuitton, Gucci, etc.), qui est déjà propriétaire de l’autre quotidien économique français, La Tribune. Une première journée de grève a eu lieu aux Échos et une longue liste de personnalités indignées (dont de nombreux socialistes) ont signé une pétition de soutien.

En entrevue avec le Nouvel Obs, un représentant des journalistes explique pourquoi ce rachat fait peur : « Le conflit d’intérêt est évident, nous avons à écrire sur [LVMH] quotidiennement ! L’année passée, nous avons consacré 93 articles à Bernard Arnault [le P.-d.g.], 215 à son groupe, 229 à Carrefour dont il est actionnaire, mais aussi 225 à PPR, son principal concurrent, 181 à François Pinault et 65 à Gucci… Aurions-nous eu la même liberté de traitement de l’information en appartenant à LVMH ? » Voilà une question des plus intéressantes…

Ce qui me laisse perplexe, c’est ceci : « Puisque nous devons être vendus, l’idéal serait de l’être à un groupe de presse étranger. Le succès des Echos, depuis un siècle, c’est son indépendance. C’est grâce à cela qu’il est le journal économique et financier de référence. Sa vente à une groupe industriel serait destructeur de valeur. »

En résumé, une rédaction de presse ne devrait pas être liée financièrement à des intérêts qu’elle risque d’avoir à bousculer dans l’exercice de ses fonctions. La solution idéale serait donc la propriété étrangère, qui n’exercerait pas de pression sur elle par définition.

La propriété étrangère garante de l’indépendance de la presse… Est-ce bien sûr ?

  1. Que se passe-t-il en cas de tension internationale avec le pays des maîtres étrangers ?
  2. La pression « froide » visant la rentabilité purement économique ne risque-t-elle pas d’édulcorer le travail des journalistes de façon tout aussi pernicieuse que la pression « chaude » de l’intérêt industriel ou politique ? Qui finance les journaux par la publicité, en effet, à part des intérêts commerciaux locaux ?
  3. Les journalistes n’ont-ils pas le devoir de résister à toute pression, anyway, comme les policiers et les magistrats ?

Bref, il faut en effet que l’éthique professionnelle et les garde-fou étatiques soient tombés bien bas, me semble-t-il, pour en arriver à cette vision mondialisante. Dans un monde idéal, pour bien servir la population, un média ne devraient dépendre que de lui-même, de ses consommateurs et, à la limite, des aides et protections assurées par l’État, lequel émane de tous les citoyens.

Malheureusement, nous ne vivons pas dans un monde idéal. L’économique ayant pris le pas sur le politique, le spectre du licenciement a remplacé celui de l’emprisonnement. Pour exercer dignement le métier de journaliste, en 2007, il n’est pas nécessaire d’appartenir à un groupe étranger; il suffit simplement d’avoir des couilles et de ne pas faire passer sa sécurité et son petit intérêt personnel avant celui de sa mission.

Comme tous les professionnels, les journalistes devraient s’entendre pour refuser toute pression injustifiée, faire corps avec les collègues des médias concurrents en cas de danger, démissionner en bloc et créer de nouveaux médias lorsque cela devient nécessaire, maintenir quoiqu’il arrive un lien d’information vivant et fiable avec la population et mobiliser celle-ci en cas d’atteinte à la liberté de presse.

Le journalisme, ce n’est pas seulement un métier, c’est une cause, un sacerdoce ! C’est pour cela que je l’ai moi-même abandonné à deux reprises : trop exigeant, trop ingrat, trop démoralisant. Chapeau bas à celles et ceux qui réussissent à l’exercer pendant des décennies sans jamais se compromettre ni craquer. Ce sont de vrais professionnels, au meilleur sens du terme, et je pense qu’ils se fichent pas mal de savoir qui signe leur chèque de paie !

Lancement de LogiqueLibre en vidéo

Lancement de LogiqueLibreCela fait environ six mois qu’une petite équipe s’affaire autour du projet LogiqueLibre. Ce portail, dédié aux logiciels libres et aux milieux d’affaires qui les déploient et qui les utilisent, est né d’une idée de Michel Dumais portée par l’Association des professionnels en développement économique de Laval qui a reçu, pour concrétiser le projet, une subvention du programme Francommunautés d’Industrie Canada.

Sous la direction de projet d’Yvon Gagnon, Économie Logique Communications a géré le déploiement de la plateforme de gestion de contenu Xoops (adaptée par Inbox International) et l’intégration des contenus initiaux. Nous continuons par ailleurs à à alimenter le site et animer sa communauté.

Bien entendu, qui dit Économie Logique dit vidéo ! Vous pouvez donc visionner les allocutions prononcées à Laval, lors du lancement officiel du 18 juin dernier, que nous avons filmées et mises en ligne ce matin.

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Ce billet a été publiée le 26 juin 2007 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

La Loi anti-tabac fait reculer le jeu

Jeu, tabac et cupidité

Une bonne nouvelle ne vient jamais seule. Mercredi dernier, Loto-Québec, la société d’État québécoise régissant les jeux et loteries, présentait son rapport annuel à la presse sous le titre « L’ère de la croissance continue est révolue à Loto-Québec ». Les esprits matérialistes comprenaient que la Société avait engrangé moins de profit et versé moins d’argent au budget consolidé de l’État québécois que lors des exercices précédents. Les esprits holistiques se consolaient en pensant que moins de gens avaient succombé au mirage du gain miraculeux, que moins de pauvres s’étaient appauvris davantage et que le ministère de la Santé et des services sociaux allait dépenser moins d’argent pour soigner les plus compulsifs d’entre eux. Mais ce n’est pas tout !

L’analyse révèle en effet que 72 % de la baisse enregistrée est attribuable à la Loi sur le tabac, entrée en vigueur l’an dernier, qui aurait éloigné de nombreux joueurs des bars abritant des loteries vidéos. Quelle bonne nouvelle ! Cela indique que la Loi sur le tabac est doublement utile, réduisant à la fois le tabagisme et le jeu compulsif.

Évidemment, MonChoix.ca, un site Web soi-disant associatif mais, en réalité, habilement manipulé par l’Association des manufacturiers de tabac (j’en suis toujours « membre », semble-t-il!), n’est pas du même avis. L’état des finances publiques l’inquiète plus que celle des Canadiens dont les droits fondamentaux, comme chacun sait, sont baffoués par les impératifs de santé publique.

Comme Loto-Québec est une vache à lait du gouvernement, Québec va peut-être prendre des moyens pour que les revenus de sa richissime société d’État retrouvent le chemin de la croissance. Solution : permettre aux clients des loteries vidéo de fumer dans des salons spécialement aménagés?

C’est effectivement une bonne solution pour un retour en arrière dont, heureusement, la majorité des québécois ne veut pas. L’industrie du tabac démontre une fois de plus son cynisme, espérant ouvertement que le gouvernement démocratique du Québec agira selon les lois mécaniques du capitalisme sauvage, plaçant l’intérêt de l’actionnaire avant celui du citoyen. Fort heureusement, ce ne sera pas le cas.

À lire aussi :

Nomadisme identitaire

L'homme nomade

Je viens de me lancer dans la lecture de L’homme nomade, un essai de Jacques Attali datant de 2003. J’ai lu une bonne demi-douzaine d’essais de cet intellectuel français et je sens que celui-ci va nourrir ma vision du monde au moins autant que les précédents.

Je me retrouve en effet dans sa vision du nomadisme comme propre de l’homme, depuis la nuit des temps et jusqu’aux espaces virtuels que nous parcourons aujourd’hui, d’un blogue à l’autre, d’un projet au suivant. Ayant plusieurs fois changé de métier, pas mal voyagé et émigré d’Europe en Amérique, je me perçois moi-même comme un nomade, ne m’installant en un lieu, une mission professionnelle, un état social (un couple, même!) que le temps de m’en nourrir, de livrer la marchandise, de laisser derrière moi quelque réalisation dont je sois fier (non, pas une flopée d’enfants, quand même!) et de me préparer à un nouveau départ.

Dans le chapitre 3.1 (Vivre ensemble), Attali aborde la question de l’identité au sein des groupes humains. Au cours de notre évolution, note-t-il, « Le nom des peuples compte moins que ceux des individus. Quand ils commencent à se donner des noms (…), nombre de peuples se désignent simplement par le mot qui signifie « les hommes », « nous-mêmes », « ceux qui parlent la même langue », « le peuple », « la famille » ou encore « le patrimoine ». Et comme ce nom est en général pour eux dénué d’importance, ils en changent souvent pour prendre ceux des peuples auxquels ils se mêlent, conquérants ou vaincus. Les sentiments d’appartenance et d’identité ne viennent que beaucoup plus tard. »

Ainsi, je ne sais plus trop moi-même si je suis « français » (car je ne vote plus en France), « canadien » (n’ayant toujours pas demandé cette citoyenneté) ou « québécois » (étant ambivalent face à la question nationale). Les qualificatifs dans lesquels je me retrouve le mieux, depuis une décennie, sont « montréalais » (proximité) et « citoyen du monde » (globalité). Au fond, la question de mon appartenance identitaire m’importe peu.

Jacques Attali poursuit : « À la différence du nom du groupe, celui de chaque individu importe beaucoup; c’est celui d’un être vivant et il ne faut jamais le proférer sous peine de le voir partir, lui-même nomade, et, avec lui, voir disparaître l’identité de qui le porte. Encore aujourd’hui, certains Inuit changent de nom à intervalles réguliers pour renaître avec chaque nouveau patronyme et vivre ainsi des sortes de réincarnations symboliques. »

En méditant ce passage comme on mâche une feuille de coca, je pense à l’importance que les gens du milieu que je fréquente attachent à leur « identité numérique », la déclinant à l’infini dans toutes sortes de communautés nomades en ligne : Linkedin, Viadeo, Facebook, Flickr, etc., sans parler de leur propre blogue, bien sûr. Certains, comme moi, cèdent parallèlement à une pulsion sédentaire contradictoire qui leur fait redouter la profanation (soit le vol) de leur identité, protégeant le mieux possible, malgré ce déballage flagrant, leurs précieux renseignements personnels.

Chris O'Bry à la basse (1978)

Je me rappelle aussi les différentes identités fictives qui furent les miennes à travers les décennies. Lorsque j’avais 20 ans et que je jouais de la guitare basse au sein d’un groupe nommé Ejakulakoss Pression (sic), le nom Christian Aubry m’apparaissait banal et trop français pour sonner jazz. Sur scène, je préférais donc me faire appeler « Chris O’Bry ». Aujourd’hui, cela me fait sourire car, heureusement, le ridicule ne tue pas. 🙂

Cinq ans plus tard, lorsque je jouais à un grand jeu social et artistique nommé Hexameron (une référence théologique dont il faudra que je raconte un jour la résurgence parisienne de 1983-84), je me suis d’abord appelé « Palsembleu », Prince du Pays où la mer s’enfonçe (re-sic), puis « Rootshield », allusion à la pseudo-lignée ludo-aristocratique de Palsembleu et à son alliance avec le clan des Marchands. Étonnamment, 23 ans plus tard, ces identités fantasques hantent toujours mon imaginaire puisque je les utilise encore pour nommer mes ordinateurs personnels, prothèses numériques indispensables à ma survie.

Enfin, bien entendu, il y a « Ami Calmant ». Ce surnom remonte à 1995, l’année du second référendum sur la Souveraineté du Québec. Emporté par la marche de l’histoire, je participais à d’intenses joutes oratoires sur les forums en ligne entre partisans passionnés et farouches opposants du projet. Essayant de tempérer les dérapages haineux des uns et des autres, je concluais mes messages par cette formule de politesse revisitée, suivie de mes initiales, « C.A. ». C’est ainsi qu’« amicalmant » devint mon pseudonyme sur de nombreux forums et que, tout naturellement, j’ai hébergé mon blogue personnel, de 2003 à 2007, sur le domaine amicalmant.ca. 😉

Et vous, chers nomades qui explorez ma caverne pendant quelques minutes avant de repartir vers d’autres villages, quelles sont les identités individuelles et/ou sociales qui marquent votre vie ?

PS : je dédie ce billet à ma fille, Juliette, qui fête aujourd’hui ses 14 ans. Puisse les enfants de ses petits-enfants le relire avec tendresse et amusement dans 120 ans. 🙂

Confession d'un "crackberry"

Blackberry écrasé

J’ai un faible pour la plume incisive de Patrick Lagacé depuis ses premières chroniques dans Multimédium, en 1999. J’aime son style à l’emporte-pièce, la musicalité de ses phrases propulsées à la vitesse d’une balle de golf, sa liberté de penser tout bas ce qu’il peut se permettre de dire tout haut, puisqu’on a la bonté de le payer pour ça.

Son dernier billet aurait pu s’intituler « Confession d’un Crackberry », mais la rédaction de Cyberpresse a préféré un « Patrick Lagacé : pourquoi je largue mon BlackBerry », plus descriptif et plus direct. Il n’en s’agit pas moins d’un témoignage édifiant sur la dépendance à laquelle en arrivent les accrocs du Blackberry, ce petit téléphone/PDA toujours connecté.

Après deux ans de fréquentation fusionnelle, c’est fini, terminé, kaput. Je largue mon BlackBerry. Une machine qui permet à un être humain d’être joignable 24 heures sur 24, qui fait entrer des correspondants invisibles dans son quotidien, dans son salon, dans son intimité, c’est forcément une machine toxique.


Cela me fait penser à une aventure récente que j’ai vécue sur le site social Facebook. Je n’avais aucune raison impérative d’y adhérer mais j’ai fini par le faire quand même, histoire de ne pas être le dernier des derniers. Première erreur.

La seconde, je l’ai commise en ajoutant mon numéro de téléphone cellulaire à mon profil. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à recevoir des SMS à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour m’indiquer qu’untel, que je connais, ou untel, que je ne connais pas, souhaitaient devenir mes « amis ». Si je répondais, je me voyais facturer un SMS de 10 cents par mon fournisseur. Si je ne répondais pas, j’étais le dernier des caves, des réactionnaires, des mal connectés.

Heureusement, l’architecture de Facebook m’a permis de me soustraire à cette horreur rapidement. Il ne faut jamais oublier que les technologies sont supposées être au service de l’humain, et non le contraire. Merci à Patrick de nous l’avoir rappelé. Et bonne fin de semaine en famille )

PS : En parlant de machine, c’est quand même incroyable que l’ancien blogue de Patrick, sur Canoë, sorte encore en première ligne lorsqu’on tape Patrick Lagacé dans Big G, sept mois après qu’il ait déménagé sur Cyberpresse. Cette situation est évidemment due au lien rébarbatif de la page d’accueil sur Canoë et, également et surtout, à la balise <title>, qui affiche « Blogue de Patrick Lagacé » chez l’un et « Cyberpresse – Site de nouvelles – Montréal – Québec – Canada ! Patrick Lagacé » chez l’autre. Là encore, la lucidité et la simplicité paient.

Les aventuriers du mot de passe perdu

Ah, les mots de passe!… Il en faut tellement, aujourd’hui, que leur gestion n’est vraiment pas facile. Idéalement, on ne devrait jamais utiliser le même mot de passe sur deux sites (ou services) différents car, si c’est le cas, une indiscrétion chez l’un permet à un employé malveillant d’accéder à votre compte chez l’autre. En plus, on devrait toujours mélanger chiffres et lettres majuscules et minuscules, afin de déjouer les dictionnaires des « hackers », et ne pas recourir à des mots connus ou des dates trop évidentes. Alors, comment se souvenir de tout ce charabia sans le noter quelque part? Quelqu’un aurait-il un truc?


Ce billet a été rédigé pour et publié à l’origine dans le blogue de l’Institut de sécurité de l’information du Québec (ISIQ), un organisme issu du CRIM qui fut dissous en juin 2010.


C’est la question que j’ai posée, la semaine dernière, à quelques participants d’une célèbre réunion de blogueurs montréalais. Tout d’abord, grosse surprise: même dans ce milieu très au fait des bonnes pratiques Internet, plusieurs personnages influents (dont je tairai le nom histoire de ne pas les mettre dans l’eau chaude) utilisent le même mot de passe un peu partout, sans se soucier des conséquences que cela pourrait avoir en termes de vol d’identité. Seconde surprise: à l’instar d’Éric Baillargeon, les blogueurs les plus prudents ne font même pas confiance à leur ordinateur pour stocker leurs mots de passe. Ils préfèrent les noter sur un petit carnet qu’ils rangent en lieu sûr une fois leur session de navigation terminée. Et pourquoi pas, au fond? Mieux vaut être rétro et bien portant que moderne et ruiné. 😉

Josh Nursinghdass, un ingénieur informatique mauricien récemment arrivé à Montréal, m’a également surpris avec sa façon de faire. Bien conscient de la nécessité d’utiliser un mot de passe unique pour chaque usage, il s’en remet au logiciel libre (open source) pour mémoriser les siens. Grâce à OpenOffice, une suite logicielle équivalente à Microsoft Office, il note tous ses mots de passe dans une fichier qu’il verrouille à l’aide de l’outil de cryptage du logiciel. Il est confiant parce qu’un logiciel libre, pense-t-il, est plus sécuritaire qu’un logiciel propriétaire. Or, il m’a fallu à peine cinq minutes pour trouver, sur Internet, un logiciel capable de « craquer » la protection des fichiers OpenOffice (tout comme celle des fichiers Microsoft, d’ailleurs). J’espère que Josh nous indiquera, en commentaire, ce qu’il pense de tout ça.

Au final, je me dis que ma méthode personnelle n’est pas plus mauvaise qu’une autre. Ce sera d’ailleurs le sujet d’un prochain billet. Et vous, qu’en pensez-vous?

Immigration et Excision Canada

Un choix plutôt tranchantSavez-vous à quoi ressemble une excision dite « traditionnelle » en Afrique ? Grâce à l’oeil tranchant du photographe Robert Skinner, finaliste du Concours canadien de journalisme 2004, je peux vous le montrer : cela ressemble à ça. Imaginez-vous maintenant dans la peau d’une jeune femme guinéenne ayant vécu cette horreur et qui, 20 ans plus tard, se réfugie à Montréal pour y mettre au monde une petite fille. Celle-ci acquiert de facto la citoyenneté canadienne et vous, bien entendu, vous invoquez le droit d’asile, conformément à la Convention de l’ONU relative au statut des réfugiés. Après tout, aucune petite fille au monde (et notamment pas une canadienne) ne devrait être tenue de supporter ça.

Mise à jour le 9 juin — Ouf ! Oumou Touré ne sera pas expulsée. Merci, Canada !

Imaginez que les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada vous le refusent et, l’été dernier, décident de vous renvoyer dans votre pays en juillet 2007. Vous savez que le taux d’excision varie, chez vous, de 96 à 98 %. Bien entendu, vous remuez Ciel et Terre pour éviter ça, vous tentez de faire renverser la décision, vous obtenez le soutien de moult organisations humanitaires, mais cela ne donne rien. Pour conclure, imaginez que les seuls choix qui vous restent sont les suivants :

  1. Retourner dans votre pays où votre petite fille aura 9,7 chances sur dix de subir ce même traitement barbare;
  2. l’abandonner au Canada et avoir 9,7 chances sur dix de ne plus la revoir;

Vous choisiriez quoi, dîtes ?

Voilà le dilemne cornélien auquel est confrontée Oumou Touré, mère de la petite Fanta. Abandonner son enfant ou l’emmener avec elle pour qu’elle se fasse cisailler le clitoris à la lame de rasoir.

Mardi soir, heureusement, Radio Canada et la Presse Canadienne se sont enfin emparés de l’affaire. Souhaitons que la pression médiatique, une fois de plus, réussira là où la raison d’État a failli et que les autorités canadiennes renverseront, d’une manière ou d’un autre, cette cruelle décision. n’empêche que c’est quand même incroyable qu’il faille ameuter la presse pour en arriver là !

À vos blogues, citoyen ! Montrer donc à ces petits fonctionnaires bien nantis, dans leurs petits bureaux, calés sur leur fond de pension, comme le fil du Cinquième Pouvoir est tranchant !

*

PS : ce soir, c’est soirée Yulblog. J’ose espérer qu’on y discutera un peu plus de l’affaire Oumou Touré que de l’affaire Zeke qui, elle aussi, soit dit en passant, n’aurait jamais dû exister.

Ali Baba sans les 40 voleurs

Photo de mon trousseau de clés dans ma serrure de porte donnant sur la rue

Dans quelle métropole pourrais-je bêtement oublier mes clés dans la serrure de ma porte et les retrouver une heure plus tard à la même place, sans que quoi que ce soit n’ait été volé — surtout pas mes ordinateurs et mon précieux équipement vidéo ? En ce qui me concerne, je n’ai vécu cela qu’à Montréal, et à deux reprises (!), la dernière datant de la semaine dernière. Le trousseau de clés comprenait également ma clé d’auto, celle-ci étant stationnée juste en face. Pour me la faire voler, il aurait peut-être fallu que je joigne aussi les papiers et une déclaration de legs en bonne et due forme 🙂

Notez que ce billet n’est pas une invitation à tenter la même expérience pour le fun. Montréal est une ville géniale aux passants [pour la plupart] honnêtes, mais admettons quand même que je suis un gars chanceux 🙂