Confession d'un "crackberry"

Blackberry écrasé

J’ai un faible pour la plume incisive de Patrick Lagacé depuis ses premières chroniques dans Multimédium, en 1999. J’aime son style à l’emporte-pièce, la musicalité de ses phrases propulsées à la vitesse d’une balle de golf, sa liberté de penser tout bas ce qu’il peut se permettre de dire tout haut, puisqu’on a la bonté de le payer pour ça.

Son dernier billet aurait pu s’intituler « Confession d’un Crackberry », mais la rédaction de Cyberpresse a préféré un « Patrick Lagacé : pourquoi je largue mon BlackBerry », plus descriptif et plus direct. Il n’en s’agit pas moins d’un témoignage édifiant sur la dépendance à laquelle en arrivent les accrocs du Blackberry, ce petit téléphone/PDA toujours connecté.

Après deux ans de fréquentation fusionnelle, c’est fini, terminé, kaput. Je largue mon BlackBerry. Une machine qui permet à un être humain d’être joignable 24 heures sur 24, qui fait entrer des correspondants invisibles dans son quotidien, dans son salon, dans son intimité, c’est forcément une machine toxique.


Cela me fait penser à une aventure récente que j’ai vécue sur le site social Facebook. Je n’avais aucune raison impérative d’y adhérer mais j’ai fini par le faire quand même, histoire de ne pas être le dernier des derniers. Première erreur.

La seconde, je l’ai commise en ajoutant mon numéro de téléphone cellulaire à mon profil. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à recevoir des SMS à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour m’indiquer qu’untel, que je connais, ou untel, que je ne connais pas, souhaitaient devenir mes « amis ». Si je répondais, je me voyais facturer un SMS de 10 cents par mon fournisseur. Si je ne répondais pas, j’étais le dernier des caves, des réactionnaires, des mal connectés.

Heureusement, l’architecture de Facebook m’a permis de me soustraire à cette horreur rapidement. Il ne faut jamais oublier que les technologies sont supposées être au service de l’humain, et non le contraire. Merci à Patrick de nous l’avoir rappelé. Et bonne fin de semaine en famille )

PS : En parlant de machine, c’est quand même incroyable que l’ancien blogue de Patrick, sur Canoë, sorte encore en première ligne lorsqu’on tape Patrick Lagacé dans Big G, sept mois après qu’il ait déménagé sur Cyberpresse. Cette situation est évidemment due au lien rébarbatif de la page d’accueil sur Canoë et, également et surtout, à la balise <title>, qui affiche « Blogue de Patrick Lagacé » chez l’un et « Cyberpresse – Site de nouvelles – Montréal – Québec – Canada ! Patrick Lagacé » chez l’autre. Là encore, la lucidité et la simplicité paient.

Les aventuriers du mot de passe perdu

Ah, les mots de passe!… Il en faut tellement, aujourd’hui, que leur gestion n’est vraiment pas facile. Idéalement, on ne devrait jamais utiliser le même mot de passe sur deux sites (ou services) différents car, si c’est le cas, une indiscrétion chez l’un permet à un employé malveillant d’accéder à votre compte chez l’autre. En plus, on devrait toujours mélanger chiffres et lettres majuscules et minuscules, afin de déjouer les dictionnaires des « hackers », et ne pas recourir à des mots connus ou des dates trop évidentes. Alors, comment se souvenir de tout ce charabia sans le noter quelque part? Quelqu’un aurait-il un truc?


Ce billet a été rédigé pour et publié à l’origine dans le blogue de l’Institut de sécurité de l’information du Québec (ISIQ), un organisme issu du CRIM qui fut dissous en juin 2010.


C’est la question que j’ai posée, la semaine dernière, à quelques participants d’une célèbre réunion de blogueurs montréalais. Tout d’abord, grosse surprise: même dans ce milieu très au fait des bonnes pratiques Internet, plusieurs personnages influents (dont je tairai le nom histoire de ne pas les mettre dans l’eau chaude) utilisent le même mot de passe un peu partout, sans se soucier des conséquences que cela pourrait avoir en termes de vol d’identité. Seconde surprise: à l’instar d’Éric Baillargeon, les blogueurs les plus prudents ne font même pas confiance à leur ordinateur pour stocker leurs mots de passe. Ils préfèrent les noter sur un petit carnet qu’ils rangent en lieu sûr une fois leur session de navigation terminée. Et pourquoi pas, au fond? Mieux vaut être rétro et bien portant que moderne et ruiné. 😉

Josh Nursinghdass, un ingénieur informatique mauricien récemment arrivé à Montréal, m’a également surpris avec sa façon de faire. Bien conscient de la nécessité d’utiliser un mot de passe unique pour chaque usage, il s’en remet au logiciel libre (open source) pour mémoriser les siens. Grâce à OpenOffice, une suite logicielle équivalente à Microsoft Office, il note tous ses mots de passe dans une fichier qu’il verrouille à l’aide de l’outil de cryptage du logiciel. Il est confiant parce qu’un logiciel libre, pense-t-il, est plus sécuritaire qu’un logiciel propriétaire. Or, il m’a fallu à peine cinq minutes pour trouver, sur Internet, un logiciel capable de « craquer » la protection des fichiers OpenOffice (tout comme celle des fichiers Microsoft, d’ailleurs). J’espère que Josh nous indiquera, en commentaire, ce qu’il pense de tout ça.

Au final, je me dis que ma méthode personnelle n’est pas plus mauvaise qu’une autre. Ce sera d’ailleurs le sujet d’un prochain billet. Et vous, qu’en pensez-vous?

Immigration et Excision Canada

Un choix plutôt tranchantSavez-vous à quoi ressemble une excision dite « traditionnelle » en Afrique ? Grâce à l’oeil tranchant du photographe Robert Skinner, finaliste du Concours canadien de journalisme 2004, je peux vous le montrer : cela ressemble à ça. Imaginez-vous maintenant dans la peau d’une jeune femme guinéenne ayant vécu cette horreur et qui, 20 ans plus tard, se réfugie à Montréal pour y mettre au monde une petite fille. Celle-ci acquiert de facto la citoyenneté canadienne et vous, bien entendu, vous invoquez le droit d’asile, conformément à la Convention de l’ONU relative au statut des réfugiés. Après tout, aucune petite fille au monde (et notamment pas une canadienne) ne devrait être tenue de supporter ça.

Mise à jour le 9 juin — Ouf ! Oumou Touré ne sera pas expulsée. Merci, Canada !

Imaginez que les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada vous le refusent et, l’été dernier, décident de vous renvoyer dans votre pays en juillet 2007. Vous savez que le taux d’excision varie, chez vous, de 96 à 98 %. Bien entendu, vous remuez Ciel et Terre pour éviter ça, vous tentez de faire renverser la décision, vous obtenez le soutien de moult organisations humanitaires, mais cela ne donne rien. Pour conclure, imaginez que les seuls choix qui vous restent sont les suivants :

  1. Retourner dans votre pays où votre petite fille aura 9,7 chances sur dix de subir ce même traitement barbare;
  2. l’abandonner au Canada et avoir 9,7 chances sur dix de ne plus la revoir;

Vous choisiriez quoi, dîtes ?

Voilà le dilemne cornélien auquel est confrontée Oumou Touré, mère de la petite Fanta. Abandonner son enfant ou l’emmener avec elle pour qu’elle se fasse cisailler le clitoris à la lame de rasoir.

Mardi soir, heureusement, Radio Canada et la Presse Canadienne se sont enfin emparés de l’affaire. Souhaitons que la pression médiatique, une fois de plus, réussira là où la raison d’État a failli et que les autorités canadiennes renverseront, d’une manière ou d’un autre, cette cruelle décision. n’empêche que c’est quand même incroyable qu’il faille ameuter la presse pour en arriver là !

À vos blogues, citoyen ! Montrer donc à ces petits fonctionnaires bien nantis, dans leurs petits bureaux, calés sur leur fond de pension, comme le fil du Cinquième Pouvoir est tranchant !

*

PS : ce soir, c’est soirée Yulblog. J’ose espérer qu’on y discutera un peu plus de l’affaire Oumou Touré que de l’affaire Zeke qui, elle aussi, soit dit en passant, n’aurait jamais dû exister.

Ali Baba sans les 40 voleurs

Photo de mon trousseau de clés dans ma serrure de porte donnant sur la rue

Dans quelle métropole pourrais-je bêtement oublier mes clés dans la serrure de ma porte et les retrouver une heure plus tard à la même place, sans que quoi que ce soit n’ait été volé — surtout pas mes ordinateurs et mon précieux équipement vidéo ? En ce qui me concerne, je n’ai vécu cela qu’à Montréal, et à deux reprises (!), la dernière datant de la semaine dernière. Le trousseau de clés comprenait également ma clé d’auto, celle-ci étant stationnée juste en face. Pour me la faire voler, il aurait peut-être fallu que je joigne aussi les papiers et une déclaration de legs en bonne et due forme 🙂

Notez que ce billet n’est pas une invitation à tenter la même expérience pour le fun. Montréal est une ville géniale aux passants [pour la plupart] honnêtes, mais admettons quand même que je suis un gars chanceux 🙂

Une 3ème raison de ne pas avoir voté Sarkozy

Récemment, j’ai indiqué les deux raisons majeures pour lesquelles je n’ai pas voté Sarkozy à la dernière élection présidentielle française. Il faudrait y ajouter sa tangente élitiste : une doctrine économique favorisant l’enrichissement individuel plutôt que collectif, ses nuits post-électorales au Fouquet’s, ses jogging à Malte, ses escapades de milliardaire, ses amitiés mondaines affichées comme autant de symboles de distinction sociale.

En ce qui concerne son projet de réforme de l’impôt, en revanche, je suis plus mitigé.

  • Bouclier fiscal : aucun contribuable ne pourra donner plus de la moitié de ses revenus tirés du travail à l’Etat par l’impôt. Cette mesure ne favorise que les plus riches. Il faut voir si elle aidera à contrer l’évasion fiscale ou pas, car a priori, elle est socialement rétrograde et politiquement risquée.
  • Réforme de l’impôt sur la fortune, avec la mise en place d’une déduction pour investissement dans les PME. Mmmh, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée, au fond. Cela peut potentiellement favoriser la croissance et obliger l’argent qui dort à se réveiller et à circuler. Qu’on l’aime ou non, l’argent reste le sang de l’économie. Son existence n’est pas un problème pour autant qu’il circule.
  • Sarkozy souhaite que 95 % des successions soient exonérées d’impôts. Dans le cas des classes moyennes, je suis assez d’accord. On devrait imposer le travail et le capital à la source, mais ne pas le taxer encore à l’occasion d’une succession. En clair, le « multi-taxage » devrait être banni de la fiscalité de tous les Etats au profit d’une première imposition plus juste au plan social.

Bref, la politique est une chose compliquée. Dès qu’on laisse de côté doctrines et idéologies, il devient plus difficile de faire la part des choses et, donc, de voter. Quand, en plus, on vit, on s’informe, on consomme et on paie ses impôts à 5 000 kilomètres, cela devient carrément de l’irresponsabilité.

Nabila et le Web 2.0

Nabila Ben Youssef L’humoriste québécoise d’origine tunisienne Nabila Ben Youssef a reçu un traitement de faveur, cette semaine, sur Yulbuzz. Dans la foulée de l’entrevue en profondeur qu’elle a accordée à mon collègue et ami Philippe Martin, j’ai cherché des pistes intéressantes à son sujet sur Internet, en restant sur ma faim. J’ai donc décidé de remédier à la situation en utilisant les médias sociaux et le matériel à notre disposition.

Nabila nous avait communiqué sa biographie ainsi qu’un DVD comprenant plusieurs extraits de son dernier spectacle. À ma demande, elle nous avait aussi donné l’autorisation d’en utiliser des extraits. J’ai donc adapté la biographie au style factuel de Wikipedia afin de lui créer sa propre page d’encyclopédie. Quant à la vidéo, j’en ai tiré cinq clips que j’ai rassemblés dans une liste d’écoute de Youtube. La vignette photo de notre entrevue s’est retrouvée sur Flickr et dans l’article de Wikipedia. Deux jours plus tard, la vidéo s’est retrouvée à la Une du média citoyen centpapiers.

Toutes ces publications étant reliées par des liens tricotés serrés, force est de constater que toute peine mérite salaire. Nabila, qui n’existait qu’indirectement sur la Toile il y a deux jours, s’y trouve maintenant dotée d’une forte identité. Une recherche simple de son nom dans Google affiche l’article de Wikipedia en premier, puis l’entrevue de Yulbuzz en second. Radio-Canada, les théâtres, festivals, blogues et autres sites d’information n’arrivent qu’ensuite. Notre playlist d’extrait sur Youtube se classe en neuvième position.

Voilà qui illustre bien la force conjuguée du texte et du multimédia. L’information élaborée, présentée et partagée intelligemment est la seule chose qui soit nécessaire pour asseoir sa marque ou son identité sur Internet. Puisse cet exemple vous inspirer dans vos efforts de communication en ligne. Si vous avez besoin d’aide, d’expertise et de créativité pour y arriver, vous savez à quelle porte frapper ! 🙂

nabila


Ce billet a été publiée le 24 mai 2007 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Le monde du corps et de l’esprit

cadavre de femme dépecé en position de danseuse

Sans le désir de stimuler la curiosité scientifique de ma fille, Juliette, je n’aurais peut-être jamais eu celle — quasi morbide, à en croire les reportages — d’aller visiter l’exposition Le monde du corps 2, hier matin, au Centre des sciences de Montréal. C’eût été bien dommage, car il s’agit réellement d’un travail scientifique et didactique de premier ordre.

Le parcours du visiteur commence par plusieurs vitrines anatomiques dénuées de tout sensationnalisme et ce n’est qu’ensuite, une fois qu’on est dans le vif du sujet, si je puis dire, que l’on découvre les corps « plastinés » par le fameux Dr . Gunter von Hagens et présentés de façon suggestive afin de mieux illustrer le propos anatomique propre à chacun. Encore là, ces figures sont assorties de vitrines « classiques » dans lesquelles des organes sains et malades sont présentés. Au fil du propos, on se détache de la mise en scène pour mieux capter l’information anatomique et la leçon d’hygiène de vie qui nous est transmise.

Au final, je n’ai ressenti ni dégoût ni curiosité morbide au cours de ce parcours didactique. J’ai eu plutôt la sensation d’apprendre plein de choses passionnantes sur mon propre corps et ceux de mes semblables. Comme dit la sagesse populaire, j’avais « mis le doigt dessus », même s’il est interdit de prendre en photo (honte aux marchands !) et de toucher les éclatés.

Évidemment, la banalisation de la mort, ou plus exactement son esthétisation, peut inquiéter a priori et elle n’a pas manqué de faire sourciller les censeurs religieux. Présentée au public il y a un ou deux siècles, cette exposition aurait terminé au bûcher. En ce début de XXIe siècle, cependant, nos cerveaux sont prêts à regarder la réalité en face et le spectacle de la vie par-delà la mort n’est plus ce qu’il était.

Je ne peux m’empêcher de penser que la grande déferlante d’images et d’abstractions de la seconde moitié du XXe siècle sont à l’origine de ce détachement. Nous avons vu tellement d’images de guerre, de sang, de mort, de famine, de profanation et d’horreurs de toutes sortes que notre cerveau a appris à ne plus s’en effrayer. Qu’on le veuille ou non, il fait maintenant la différence entre le spectacle froid et « extérieur » de la mort et l’irruption émotionnelle de celle-ci dans notre propre vie. La contraception, l’avortement et les biotechnologies de pointe nous ont aussi amenés à repousser le seuil de ce qui peut être considéré come contraire à la morale et à l’éthique. Cet aspect philosophique et social de la visite est loin d’être inintéressant.

Science et mercantilisme

Côté organisation, cependant, le Centre des sciences de Montréal fait pitié. J’avais soigneusement réservé mes billets en ligne ― 56 $ pour un adulte et une ado, ce n’est vraiment pas donné ! ― assortis d’un rendez-vous à heure fixe, dimanche à 17h. Il était conseillé de se présenter à la porte 30 minutes à l’avance, mais sur place, on nous apprenait qu’il y aurait 75 minutes de retard sur l’horaire ! Cela nous obligeait à poireauter 1h45 avant d’être enfin admis dans le saint des saints. Inadmissible !

J’ai dû faire intervenir un superviseur pour déplacer ma réservation « non échangeable-non remboursable » à 11h, le lendemain matin. Eh bien croyez-le ou non, une heure à peine après l’ouverture des portes, le planning des entrées avait déjà pris 30 minutes de retard ! Il faut croire que l’on vend trop de billets sur place à la dernière minute ou bien que l’on met un point d’honneur à imposer une file d’attente au visiteur, histoire de le mettre en condition.

Ajoutant à cet irritant le prix très élevé des billets et l’interdiction de photographier, je me demande si le propos du Dr. von Hagens est réellement didactique ou bien bassement mercantile. Ce serait une question à explorer très sérieusement avant que je ne lui fasse don de mon corps. D’ailleurs, sa volonté affichée de protéger ses « droits d’auteur » rend sa démarche scientifique quelque peu suspecte.

Pauline Marois : la troisième fois sera la bonne

Pauline Marois sortant d'une boîte surpriseQue serait le Québec, au plan politique, sans le Parti Québécois ? Une terre d’ennui coincée entre des syndicalistes de droite et des capitalistes de gauche. Heureusement, il y a le « PQ » et ses débats hygiéniques sur le sexe du référendum et le momentum de la souveraineté.

Pour sa troisième course à la chefferie, Pauline Marois ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre les militants qu’elle est la « femme providentielle » à même de remettre le parti sur les rails du pouvoir. Comme on le pressentait il y a un mois et demi à peine, André Boisclair a trébuché et, cette fois-ci, Pauline est en meilleure posture que jamais pour reprendre le flambeau de René Lévesque.

L’arrivée probable de cette grande pragmatique à la tête du PQ ne devrait pas ravir ses adversaires de l’ADQ et du PLQ. Malgré son charisme froid, Mme Marois est très respectée (et ce à juste titre) au Québec. Et malgré la récente défaite de Ségolène Royal en France, il me semble que les peuples occidentaux sont de plus en plus enclins à confier les rênes du pouvoir à des femmes, confusément considérées comme plus sensibles, plus réalistes et moins dogmatiques — bref, moins dangereuses — que leurs collègues masculins.

Pourquoi je n'ai pas voté Sarkozy

Caricature de Sarkozy en Napoléon

Maintenant que les élections sont terminées, je peux répondre à cette troublante question sans que l’on m’accuse d’user de mon immense pouvoir d’influence pour renverser le cours de l’histoire (300 visites par jour, non mais vous imaginez ! ;). Voici donc pourquoi je n’ai pas voté Sarkozy.

1) À bien regarder aller le monde, d’abord, je ne pense pas que la France réussira à conserver longtemps intactes ses « valeurs » ancestrales. Le climat change, l’Afrique change, l’Europe change et la France change aussi. Je n’achète donc pas les discours conservateurs sur la nécessité de réprimer l’immigration, mais plutôt ceux qui prônent l’intégration. Si les banlieues françaises flambent régulièrement, c’est justement parce que, depuis des décennies, les décideurs Français n’ont n’a pas su relever ce défi-là (entre autres). Notons cependant que Sarkozi a largement adouci son discours, hier soir, et c’est tant mieux.

2) De toute façon, je ne vote plus, depuis longtemps, aux élections françaises. Oui, je suis fier de mon pays, cette « douce France » disparue en même temps que mon enfance, mais le fait est que je vis depuis 18 ans à l’étranger. À l’exception des immigrants temporaires, je trouve incongru de voter sans participer à la vie nationale, à l’économie, ni faire face aux conséquences de ses choix. La France aux français de toutes origines, races et religions; à moi et à mes descendants le Canada — qui change, lui aussi.

Ceci étant dit, cette élection m’a passionné, comme la plupart des Français. Son taux de participation très élevé en fait foi. J’aime le bouillonnement politique entretenu par les citoyens de ce pays. Bien plus qu’aux États-Unis, empire de l’individualisme par excellence, c’est la France, me semble-t-il, qui a ouvert la voie de la démocratie moderne. Espérons qu’elle continuera de se réinventer.

Ce bouillonnement se traduit aussi par une vitalité culturelle, technique et scientifique qui font de ce relativement petit pays l’un des plus créatifs au monde. Qu’il soit gouverné à gauche ou à droite n’y changera rien, si ce n’est qu’il y aurait moins de tension avec un gouvernement sensible et rassembleur.

Hier, sur le boulevard Saint-Laurent, j’ai rencontré plusieurs jeunes Français démontrant très peu d’intérêt pour cette élection. C’est normal. Ils sont loin de chez eux et tentent de se faire une place ici. Cela traduit peut-être aussi le fait que la politisation franco-française est largement tributaire du terreau socio-culturel dans lequel elle fleurit.

  • J’ai bien tripé, cette nuit, en montant ce podcast transatlantique collectif.
  • Apprécié aussi ma recherche iconographique sur Napoléon Sarkozy
  • Souri de cette petite blague « sarkaustique » : avec Bush à Washington, Sarkozy à Paris et Poutine à Moscou, l’Axe du Mal (Irak, Iran, Corée) fait maintenant face à l’Axe des mâles 🙂

Désolé, Ségolène. Comme disait René Lévesque : à la prochaine fois !

Linux fait une nouvelle percée chez Dell

Petit pingouin habillé chic

Offerte depuis quelques années sur le marché des stations d’entreprise, la préinstallation de Linux est encore rare sur le marché de l’informatique grand public. Mais voilà que (…Tadam !) le fabricant américain d’ordinateur Dell annonce que certains de ses modèles seront commercialisés avec le choix entre deux configurations : Microsoft Windows ou Ubuntu Linux, et ce dès la fin du mois.

Conséquence immédiate : les modèles Linux devraient coûter moins cher que leurs cousins Windows. À plus long terme, l’adoption de Linux par un fabricants de cette envergure incitera les producteurs de matériel (adapteurs réseau, modems, cartes graphiques, appareils photo, PDA, etc.) à développer des pilotes compatibles avec Linux. Du coup, le petit pingouin, qui devient, au fil des ans, de plus en plus facile à utiliser, va devenir super sexy !

Autre aspect intéressant de cette nouvelle : Dell la relie directement au feedback recueilli sur Ideastorm, un site lancé en février dernier, où l’entreprise demandait aux internautes leurs suggestions, dans la plus pure tradition « Web 2.0 ». Les idées les plus populaires tournent presque toutes autour de Linux, du choix de système d’exploitation, de la préinstallation de Firefox et d’OpenOffice et du support matériel à code source libre.

Voyant cela, la compagnie a mené un sondage en ligne détaillé à propos de Linux. Le 28 mars dernier, elle lançait, sur son blogue, un message sans équivoque quant au support matériel. Le 18 avril, un billet apparemment anodin signalait que Michael Dell, le grand patron, venait de se doter d’un nouveau portable équipé d’Ubuntu. Et finalement, le 1er mai, le choix d’Ubuntu, comme distribution officielle de Dell, se confirmait.

Toute cette progression a été soigneusement orchestrée à partir du blogue du fabricant, Direct2Dell. Dans le dernier billet, on peut visionner une entrevue avec Mark Shuttleworth, le milliardaire sud-africain qui dirige le projet Ubuntu. La vidéo est présentée en Flash et disponible en téléchargement sous trois formats : Windows Media, MP4 et OGG, ce dernier étant un format 100% libre. Tiens, tiens… cela ne vous rappelle pas quelque chose ? 🙂


Ce billet a été publiée le 1er mai 2007 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Revanche électorale virtuelle

En cette époque où la politique, les médias et le divertissement se confondent, chapeau bas aux gens de Yahoo France, Passage Piéton, Présidentelles.net et 2P2L pour cet ingénieux coup de buzz qui fait s’écrouler de rire, cette semaine, des montagnes de Gaulois. Il faut vous dire que Bruno Masure est un peu l’équivalent de notre Stéphane Bureau national.

J’en ai profité pour imaginer ce plébiscite gagnant, sur fond de lustre élyséen. Enjoy !


On n’arrête pas l’eau qui monte

Pink Floyd : The Wall

Il n’y a que les peuples soigneux et pacifiques, comme les Néerlandais ou les Acadiens, pour réussir à endiguer la mer. Il s’agit d’ailleurs de victoire fragiles, d’équilibres précaires sans cesse à reconstruire et toujours susceptibles de céder à la colère des eaux.

Il en va de même des équilibres ethniques et des fractures politiques. La Grande muraille de Chine est debout depuis 23 siècles, certes, mais elle avait pour vocation première d’arrêter les troupeaux, pas les humains. En 1939, la Ligne Maginot française se révéla aussi solide que contournable, c’est à dire inefficace face à l’invasion allemande. En Afrique du Sud, où le cauchemar de l’Apartheid dura pourtant 43 ans, les murs n’ont protégé que des familles, pas des quartiers ou des villes entières. Le Mur de Berlin, appelé aussi « Mur de la honte » n’aura résisté que 28 ans aux grandes marées de la liberté.

Ces dernières années, pourtant, l’idée du Mur comme arme défensive a repris du poil de la bête. Il y a bien sûr le « mur de sécurité » bâti par les Israéliens, qui espèrent ainsi se protéger des bombes humaines palestiniennes. L’Europe essaie de son côté d’arrêter les migrations africaines avec des clôtures barbelées à Ceuta et Melilla. Enfin, c’est le long de la frontière mexicaine que les Américains érigent leur propre mur de la honte. L’idée semble leur plaire puisqu’ils veulent l’appliquer également en Arabie Saoudite et jusque dans la ville de Bagdad !

Si les digues de la Nouvelle-Orléans n’ont pas résisté à l’ouragan Katrina, il en ira de même avec tous ces murs de la honte qui n’arrêteront que partiellement et très provisoirement la colère et la détresse des hommes. Ces murs sont comme de nouvelles technologies censées résoudre des problèmes mais qui, insidieusement, en créent de nouveaux encore plus complexes que les précédents.

Ainsi, ce n’est pas avec des murs de mots ou de béton que Nicolas, Paul, Stéphane Sárközy de Nagy-Bócsa empêchera la France de changer de visage. Ce changement annoncé est inscrit dans le passé du pays, dans la misère de l’Afrique post-coloniale et dans les changements climatiques qui, au cours des prochaines décennies, devraient chasser ses habitants vers le nord par dizaines de milliers. Idem pour les États-Unis et le Canada qui devront également, de gré ou de force, faire face à l’exode des peuples tropicaux. Ne pas les accueillir serait tout simplement de la non-assistance à personne en danger.

Dans cette perspective, autant se préparer, dans le calme et de façon pro-active, à ce métissage annoncé. En favorisant aujourd’hui l’intégration d’une immigration massive mais digne et contrôlée, les occidentaux adouciraient l’absoption des vagues suivantes, qui seront probablement impossible à endiguer.

On n’arrête pas l’eau qui monte; au mieux, on négocie avec elle en essayant de gagner du temps. À l’inverse, le retour de la haine et de la déraison ne produirait que ce qu’elles ont toujours produit : des larmes et du sang.