La mondialisation des émotions

The Take, le film d’Avi Lewis et de Naomi Klein, aurait facilement pu tomber dans la partisanerie radicale. Partisan, il l’est, bien sûr; mais radical, non.

The Take J’ai vu la semaine dernière un émouvant documentaire au cinéma Ex-Centris. Il s’agit de The Take, le film du réalisateur Avi Lewis et de l’écrivaine-activiste Naomi Klein sur les expériences d’autogestion ayant suivi la débâcle économique des années 2000 en Argentine.

Ce film dresse un réquisitoire en règle contre les politiques désincarnées et suicidaires de la Banque mondiale et du FMI. À la logique du capital et de la corruption politique, il oppose celle, implacable, de la gestion responsable et la justesse des émotions vécues par les travailleurs, leurs familles et la population en général.

Ce film réaliste et militant aurait facilement pu tomber dans la partisanerie radicale. Partisan, il l’est, bien sûr; mais radical, non. Contrairement aux discours des « mondialistes », il ne repose pas sur une idéologie abstraite mais sur les histoires vécues par des familles bien réelles. Il montre comment les requins de la politique et de la finance présidèrent au naufrage de l’économie argentine sans état d’âme, mais au lieu de les vilipender, il s’intéresse à cette partie de la population qui, abandonnée à elle même, sut mettre en oeuvre une logique économique à la fois créative et désespérée lui permettant de remettre en marche les usines laissées pour mortes par leurs patrons et à moitié dépecées.

Sans mémoire et toujours sans état d’âme, les requins refont ensuite surface afin de réclamer ces usines que leur propre incurie avait condamnées mais que la nécessité, la dignité et le courage des humbles a fini par ressuciter. Dans bien des cas, le hold-up inversé réussit grâce à la complaisance d’un système politico-judiciaire inique et corrompu. Parfois, ce sont les travailleurs qui ont gain de cause et qui obtiennent un vague sursis. Reste l’espoir fuyant d’un monde meilleur et une foule de déchirements au coeur.

Un film magistral à tout points de vue à boire et à revoir, tant qu’il est encore temps, au cinéma Ex-Centris ou dans un ailleurs près de chez vous.

3 réflexions sur « La mondialisation des émotions »

  1. Ça donne vraiment envie de voir le film! Sais-tu, par hasard, où est-il présenté à Québec? J’ai vérifié au Cinéma Cartier et au Clap et je n’ai pas trouvé. En tous cas, je vais surveiller…

    En passant, j’aime bien ta nouvelle interface. 🙂

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