En attendant que Microsoft disparaisse

Ce soir, c’est décidé, je vais commettre le crime parfait de lèse-liberté. Je vais proclamer haut et fort, ici-même, que Windows XP est un excellent système, ou du moins le moins mauvais, en ce qui concerne mon usage personnel.

Le massacre des bébés pingouns

Ce soir, c’est décidé, je vais commettre le crime parfait de lèse-liberté. Je vais proclamer haut et fort, ici-même, que Windows XP est un excellent système, ou du moins le moins mauvais en ce qui concerne mon usage personnel. Un peu comme la démocratie, qui est loin d’être parfaite, était le système politique le plus acceptable au temps de Winston Churchill.

  1. Vous achetez l’ordi, vous poussez le bouton et, oh miracle! ça marche! Ceux qui disent que Windows XP n’est pas stable exagèrent, ne le connaissent pas ou l’utilisent en dépit du bon sens.
  2. Vous avez le choix entre des millions d’applications parfaitement fonctionnelles, gratuites ou payantes, libres ou propriétaires, en passant par l’intéressant concept du partagiciel.
  3. Vous pouvez brancher dessus des tonnes de périphériques qui fonctionnent immédiatement et sans nécessiter de triturer des fichiers de config ou de recompiler son noyau de pêche.

Mac OS… ah! Mac OS… Qu’y a-t-il de plus propriétaire et de plus fermé qu’un ordinateur Mac? Son système d’exploitation est très chic, certes, et très sophistiqué — pour ne pas dire élitiste. Jusqu’à maintenant, il ne fonctionnait que sur les machines fabriquées par La Pomme, sa généreuse (et pernicieuse) Maman. Vous allez me dire que ce n’est plus vrai, que Mac OS X est d’ailleurs basé sur Unix — une version proprio de Unix, bien sûr — mais tout ceci n’est-il pas, justement, le résultat d’une amère défaite face à la normalisation matérielle des PC ?

Linux… ah! Linux! Politiquement, philosophiquement, j’adore. En pratique, je n’ai jamais étudié l’informatique à l’école et, même après trois mois de cours du soir Linux, au Cégep Gérald-Godin, j’ai du mal à me satisfaire des fonctionnalités réduites de mon portable Toshiba sous Xandros OS (le Linux pour les nuls!), Mandriva ou Ubuntu.

  • Si je veux continuer à faire du montage vidéo numérique dans des conditions acceptables, mieux vaut que je conserve une partition Windows à côté.
  • Ni Nvu ni Quanta Plus ne m’offrent autant de satisfactions et d’efficacité pratique que Macromedia Dreamweaver.
  • Les tonnes d’outils de communication, de design ou de productivité, tranquillement maîtrisés sous Windows, n’ont souvent que de pâles équivalents sous Linux (chacun ses habitudes, après tout !).
  • Comment arriver à faire marcher ce @$/! de contrôleur Firewire livré avec mon Toshiba????
  • Où trouver le pilote de cette @$/!* de webcam Logitech?
  • Ai-je le temps, croyez-vous, de consacrer à ces broutilles des semaines entières de recherche, d’essai/erreurs et d’apprentissage par l’absurde?
  • Tabarnak! Même pas moyen d’installer ce pilote NTFS qui me donnerait accès, en lecture/écriture, à mes fichiers vidéos, acquis sous Windows, de plus de 4 Go! Faut que j’installe les sources du noyau, parait-il, mais C’EST DÉJÀ FAIT et ce maudit script d’installation ne le reconnait même pas!
  • Où est le soutien technique digne de ce nom qui me permettrait de ne pas regretter les 130 dollars investis dans ma licence commerciale de Xandros?
  • Où est cette communauté d’appropriation soi-disant « facile » de l’informatique libre qui devrait m’aider à échapper à cet infâme cercle vicieux? Ce n’est pas d’une « install fête » de quelques heures, dont j’ai besoin, mais d’une patiente formation à une informatique complexe, mal documentée et mal organisée.

Pourquoi suis-je membre de FACIL, pensez-vous?

  • Je l’ai écrit plus haut : politiquement, philosophiquement, j’adore. De façon cyclique, je suis prêt à souffrir pour la cause — jusqu’à ce que j’en aie assez et que je me rabatte à nouveau sur Windows.
  • Heureusement, aussi, je suis webmestre à mes heures et je n’ai aucun (hum… soyons honnête, peu de) problème à faire fonctionner mes serveurs Linux ou Unix. Mes besoins, à ce niveau, sont moins complexes et les résultats me satisfont pleinement.
  • Des tonnes de logiciels libres fonctionnent aussi sur Windows, fort heureusement, et ils me rendent d’excellents services, sans me rendre à moitié fou.
  • J’aime les gens qui ne jurent que par les logiciels libres. Ils me fascinent par leur capacité technique à maîtriser cet environnement dont la logique m’échappe. Ils stimulent mon esprit par leurs prises de position rebelles, en marge de l’establishment commercial et en phase avec une philosophie plus exigeante, plus juste et plus humaine que je pense partager avec eux.
  • Je suis convaincu que les institutions d’enseignement, de santé et toutes les administrations publiques auraient un intérêt majeur à investir dans les logiciels et plateformes libres plutôt que dans leurs concurrents propriétaires. À terme, la manne de talents et de moyens prodigués par l’État devrait d’ailleurs faire disparaître les freins affectant ma capacité à adopter ces plateformes dans ma vie informatique quotidienne.

Quand j’entends parler, pour la 357ème fois, d’une action contre Microsoft visant à obtenir le remboursement de Windows, cependant, je décroche. Certains affirment que Linux n’est pas une religion, mais je ne vois pas d’autre explication à une telle démarche d’arrière-garde.

  1. Tout le monde sait, maintenant, que Microsoft a souvent abusé de ses positions commerciales dominantes. Il n’y a plus rien à prouver et les limites du droit, à cet égard, ont déjà été atteintes. Il y a mieux à faire.
  2. Mettre sur pied des entreprises à action positive qui renforcent l’efficacité du Libre, pour le commun des humains formatables, par exemple.
  3. Créer une permanence FACIL d’entraide, le samedi après-midi — un autre exemple — afin de dépanner les congénères aux prises avec un problème insoluble.
  4. Renforcer les équipes de développement des produits libres multiplateformes, comme Mozilla, OpenOffice ou GAIM, pour en citer trois.
  5. Documenter des solutions viables pour les besoins spécifiques (édition Web, multimédia, périphériques mal supportés, Wifi 54G, etc.).
  6. Aider Xandros (une compagnie canadienne!) à franciser et à documenter rapidement sa Debian, peu importe qu’elle soit « community », « hallal » ou « casher », peu importe qu’elle soit payante ou gratuite. C’est une distro Linux pour les nuls et c’est exactement de cela dont « la cause » a besoin.

Fin du sacrilège. Et maintenant, à quoi dois-je m’attendre ? Des bâtons ou débattons ?

Soyons pragmatiques et efficaces. Si les humains composant la vaste communauté du Libre y arrivent, leurs bases philosophiques, économiques et technologiques sont si solides que Microsoft n’existe plus.

4 réflexions sur « En attendant que Microsoft disparaisse »

  1. Heyslu sti té con tu pu tézidéée valpadla marde pis toulmonde riz de toé.

    Ahhh … fait du bien. Sur ces phrases empreintes de sagesse, maintenant que le commentaire minable est fait, allons-y sur les commentaires.

    Windows est effectivement un bon système. J’aime bien la description de ce qu’il fait correctement. J’avoue que sa position est très embêtante dans le monde de l’informatique parce qu’ils doivent supporter tout sans jamais d’erreur… D’ailleurs, je peux dire que le noyau de Windows XP est effectivement très stable et fonctionnel. Tout ce qui grouille autour, par contre, c’est une autre histoire.

    Si je dois donner un seul blâme à Microsoft, c’est de ne pas jouer avec ses propres règles et de ne pas manger de son propre pain, à moins qu’ils ne s’y sentent obligés. Par exemple, je ne connais aucune application aussi peu standard qu’une application Microsoft. Autre exemple, ils donnent beaucoup de leçons aux autre sur comment faire un bon logiciel mais ne le suivent pas eux-mêmes. Ils ne suivent pas non-plus les règles pour effectuer des logiciels réellement sans faille. Finalement, en tant que monopole avoué du monde de la micro-informatique, ils ont une responsabilité envers les usagers, et la taille de leur empire monolithique hélas ne leur permet plus de se « r’virer de bord » assez rapidement.

    Une anecdote pour moi en dit long sur la philosophie Microsoft et pourquoi ça ne change pas. Il y a des concours de meilleur programmeur (style TopCoder). Le but est de faire le plus rapidement un ensemble de tâches qui fonctionnent. Bien performer là-dedans veut dire assurément un travail chez Microsoft, plusieurs de ces concours sont d’ailleurs commandités par eux. Je connais bien des programmeurs de ce style, c’est ceux que j’appelle les béliers: tu les pointes dans la bonne direction, tu lâches la laisse et ils fonçent tout droit, tête baissée, à toute allure. Le hic est: ne te trompe pas, c’est pas eux qui vont rectifier le tir, et si tir à rectifier il y a, c’est beaucoup de réécriture. Je laisse sur cette petite pensée le monde de Windows.

    Mon bémol sur le côté Mac de l’article. Je vais dire beaucoup plus que le « oui mais la base est Unix » et spécifier que la majeure partie des innovations de Apple et ce qu’ils ont emmenés en pionniers se retrouve aujourd’hui sur tous les ordinateurs et sont des technologies éprouvées.

    Le mythe de l’ordinateur fermé est une vraie blague qui mérite un bon « débunking ». Au début, lorsque Mac OS s’appellait Système et que la version était 1, on avait des livres appelés « Inside Macintosh ». À l’aide de ces dits livres, on pouvait trouver non seulement les appels pour changer la moindre parcelle de l’interface ou du behavior de l’ordinateur, en cas de fonctionnalité plus complète, on pouvait se servir de hooks qui se branchaient directement sur la base de l’ordinateur. Encore mieux, si on voulait faire encore pire, on pouvait carrément changer le Trap (équivalent de Interrupt sous DOS) pour quelque chose d’autre.

    Un nouveau file system? Pourquoi pas. Une nouvelle langue? Pourquoi pas. Même, d’après un de mes amis, ils ont « trop tout prévu », faire une application parfaitement standard relevant de l’exploit, les fonctions étant toutes disponibles à qui sait chercher. Les livres s’empilant à mesure que les systèmes montant et que les technologies émergeant. De 350 quelques pages pour IM-1, à 500 quelques pages pour IM-V (qui a ajouté la couleur ! ouuuh!) jusqu’au mille quelques pages du dernier avec le système 7, qui était un rewrite complet.

    Même aujourd’hui, tous les manuels de programmations sont gratuits sur Internet et le langage aussi est gratuitement accessible sur le site d’Apple. Les outils de l’infrastructure de base sont gratuits (Unix comme si bien expliqué), on peut créer des applications via Objective-C ou C++ ou Java ou Python, on peut contrôler tout ce qui bouge avec les Apple Events, etc. Les cartes et appareils doivent supporter une initialisation particulière effectivement, mais elle est toujours standard et décrite dans des livres ou même sur Internet gratuitement.

    Je rappelle aussi qu’ils ont poussé des standards tel que USB, Firewire, Bonjour (Zeroconf), les clés standard pour barrer les ordinateurs (depuis le Mac II, même sur les écrans et imprimantes), etc. Pendant ce temps, on se bat encore pour avoir les standards de réseau de Microsoft (Samba) et NTFS. Il faut payer des fortunes pour avoir accès à chaque chouia d’information sur PC, ou faire du reverse engineering.

    Le seul élément closed-source d’Apple est de garder matériel et logiciels ensemble sous leur contrôle, donc pas de « grey box » pour eux qui marche à moitié … Mais pour le système, on peut se servir sans problème de Yellow Dog pour PPC, et même quelques moutures PC-seul de Linux ont étés converties.

    Linux, j’ai appris à détester pour son manque flagrant de standard. J’ai déjà fait beaucoup de montées à ce sujet sur mon site (aller dessus et faire une recherche Linux). Sous des airs de donneurs de standards se cache une joyeuse anarchie qui empêche de faire bien fonctionner le système. Même le vénérable « tar » est différent entre différents systèmes, bordel. Zip n’a pas les mêmes paramètres que BZip2, que Tar, que … etc. Enfin, c’est ça le topo.

    Finalement, l’attitude très arrogante des gens fonctionnant en Open Source m’a fait décrocher de bien des projets que j’aime. Ce n’est pas tout le monde bien sur, mais hélas le « geek nerd dork typique » qui s’enferme dans son sous-sol et qui ne fait que son projet a des répercussions et il ne sait habituellement pas parler aux autres, même en e-mail. Et bien entendu, Il A Raison(tm).

    Un autre point qui est décrié par beaucoup est le manque de logiciels payants sur Linux … et pour bonne cause. Le manque de standard et franchement, le manque de gens qui sont prêts à payer même un 50 sous pour un bon logiciel est criant. À la place de payer 500$ pour un Photoshop Linux, les gens vont 200 fois préférer vanter les mérites du super génial débile écoeurant Gimp dont, étrangement, bien peu de gens se servent… Et ceux qui vont être intéressés par Photoshop vont gueuler que ça ne marche pas sur leur Gentoo buildé à la main avec un kernel tweaké pour avoir le dernier Ext fichier et supporter leur gestion de mémoire améliorée custom qui roule GTK telle version Dev Snapshot du dernier mois, avec tous les modules activés et les 3 patchs pour le ACPI (sic sur toute la phrase 😉 )

    C’est mon débattons sur l’article.

  2. MacOS plus propriétaire que XP? La je suis mort de rire. Ou plutot vraiment de quoi me fâcher de lire des inepties pareille. MacOS X est largement plus ouvert que Windows toute version confondu.

    Tout d’abord il est concu pour inter-opérer au maximum avec les autres plateforme, que ce soit UNIX, Windows. Essaye de te connecter a AppleShare avec Windows XP…
    Il vient par défaut avec un browser web qui respecte les standards. Je parle pas de standard Microsoft mais de standard W3C, les vrais. On peut pas en dire autant de Windows XP.

    En plus les fondation du système sont Open Source. Et oui Darwin est open source, basé sur BSD et sur un essemble de programmes libre. Apple n’était obligé de rendre Darwin open source. Mais il l’ont fait. Le WebKit, base de Safari, basé sur KHTML est open source. Plus que ce qu’il devait.

    Tu parles de NTFS et de l’impossibilité de le lire sous Linux, il faudrait peut-être se retourner sur le vrai coupable: Microsoft. Et oui c’est Microsoft qui le documente pas, donc c’est dur de le faire marcher. Par contre, HFS+, le système de fichier d’Apple est parfaitement documenté, avec une implémentation open source.

    Donc voila. Après les cliché de geek qui tu décris de manière insultante, moi je demontre la mauvaise fois de tes propos.

  3. Merci, Michel, pour ton enrichissant commentaire. Hub :

    > Après les cliché de geek qui tu décris de manière insultante,
    > moi je demontre la mauvaise fois de tes propos.

    Sauf le respect que je te dois, tu démontres que tu comprends ce que tu veux bien comprendre, pas ce qui est écrit. Et je n’insulte personne, je prétends simplement que seuls les geeks sont capables de se dépatouiller sérieusement avec Linux — nuance ! (PS: si ton propos s’adressait en partie à Michel, Hubert, poursuis ta lecture plus bas).

    > MacOS X est largement plus ouvert que Windows toute version confondu.

    Son code, oui. Vu qu’Apple a perdu la partie contre les PC, elle s’est résolue, il y a quelques années, à se rabattre sur UNIX pour panser son talon d’Achille, qui était le manque d’applications. Reste qu’Apple a toujours été une plateforme très fermée et que Mac OS n’a jamais fonctionné sur un PC « standard » jusqu’à très récemment. Par comparaison, IBM a largement permis à d’autres fabricants de fabriquer des PC et Windows fonctionne sur des centaines de marques de matériel !

    > NTFS : Et oui c’est Microsoft qui le documente pas,
    > donc c’est dur de le faire marcher.

    Là n’est pas le problème. J’ai pris la peine de mettre un lien qui t’apprendra qu’un tel programme existe. Il vient avec un script qu’aucune des deux compagnies (Xandros et Paragon) n’a su faire marcher pour moi. Arrêtons de surdiaboliser le diable, SVP !

    Ce n’est pas le « geek » que je décris de façon insultante, c’est le citoyen ordinaire que tu insultes du haut de ton dogmatisme. Linux ne devrait pas être une tour d’ivoire réservée aux prêtres formés au Grand Séminaire de la Ligne de Commande, mais une solution pour les gens. C’est là tout ce que j’avais à dire, et c’est dommage que cela ne soit pas compris.

    Pour conclure, je me réjouis que des gens intelligents, comme les développeurs de ClarkConnect ou d’Axentra, aient le goût de créer des produits libres bien foutus et de les doter d’un service de soutien professionnel et efficace. J’attends qu’une telle offre soit disponible sur mon laptop et je suis prêt à payer pour ça. En attendant ce jour, je remercie tous les développeurs qui créent ou portent des logiciels libres sous Windows.

    Vive les standards ouverts et les logiciels libres ! À bas l’informatique inaccessible et compliquée !

  4. Amen!

    J’ai hâte d’être capable d’installer un logiciel sans avoir à entrer une clé de 3959 caractères. J’ai hâte d’avoir l’opportunité d’installer un logiciel Open Source sans avoir à connaître toutes les subtilités du système d’exploitation. J’ai hâte d’être capable de comprendre Sendmail. Et surtout, j’ai hâte que le monde informatique atteigne une balance adéquate sur l’utilisation de technologies de protection de droits d’auteur (lire plutôt: protection des droits des multinationales).

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