Après quelques discussions téléphoniques sans concession, j’accepte le scepticisme (pour ne pas dire l’apathie) du milieu face à cette affaire. Alain Richard est en effet détesté par bien du monde qui juge son comportement atypique plus que douteux, et ce depuis des lustres. Il n’y a qu’à chercher son nom — maintes fois cité — dans cette page de feu-pssst pour saisir l’ampleur du phénomène. Si le personnage est à la hauteur (bassesse?) de sa réputation, son témoignage devant la Commission parlementaire se dégonflera de lui-même. D’accord.
Si c’est le cas, cependant, la portée vitriolique des propos qu’il a livré au Devoir signe son arrêt de mort économique et politique total. Certains prétendent que c’est déjà fait, mais je ne crois pas que ce soit vrai. Même si le petit milieu québécois de la communication numérique condamne Alain Richard d’avance, ce n’est pas le cas d’autres milieuxéconomiques où il peut encore gagner des clients. Après un flop retentissant devant la Commission, il perdrait fatalement toute crédibilité pour ces « non initiés ».
Compte tenu de cela, c’est à mon tour d’être sceptique. Je ne vois pas comment Richard pourrait se mettre ainsi la tête sur le billot — et en première page en plus! — s’il n’a pas de preuves solides à mettre sur la table. Qu’il en profite pour se faire de la pub, pour tenter de redorer son blason, j’en conviens et j’ai moi-même signalé le communiqué de presse qui annonçait, la semaine dernière, son départ imminent du pays. Cela ne signifie pourtant pas qu’il n’ait rien à dire de pertinent sur le scandale des commandites. Tout individu aspirant à un certain assainissement des moeurs politiques devrait donc vouloir l’entendre à tout prix et faire tout ce qui lui est possible pour le protéger de ces présumés menaces de mort jusqu’à ce qu’il présente son témoignage devant les députés.
Il ne s’agit pas ici de plébisciter Alain Richard ni d’en faire un héros. Il s’agit de faire toute la lumière possible sur une histoire très louche témoignant de détournements inacceptables de l’argent de nos impôts par une classe politico-administrative s’estimant de toute évidence au-dessus des lois.
Peu importe par qui le scandale arrive, du moment qu’il advienne. D’après ce que je comprend, Alain Richard n’a plus grand-chose à perdre à dire tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas. C’est peut-être bien quelqu’un comme cela que ça prend pour abattre le mur du silence. Et si toute cette histoire n’était qu’un vulgaire coup de bluff, réjouissez-vous : Alain Richard se serait alors mis lui-même totalement hors d’état de nuire et vous en seriez enfin débarrassés.
Bon ben… un mois et demi plus tard, je dois bien admettre que l’affaire Richard a fait long feu. Du moins en apparence. Qu’a-t-il dit devant la commission? Mystère et boule de gomme…