Entrevue-éclair avec l'humoriste Bruno Coppens

Muriel Ide m’a invité à découvrir l’humour verbo-moteur de Bruno Coppens à la Maison de la Culture Maisonneuve, ce mardi 20 octobre. En écoutant quelques extraits de ses sketches, j’ai immédiatement pensé à Sol, le personnage clownesque incarné par Marc Favreau qui, comme lui télescopait les images et les mots dans un délire verbal saturé de « jouit-sens » poétique. Une affinité que l’humoriste belge ne conteste pas, bien au contraire.

Car le hasard voulait qu’il déjeunât tout près de chez moi, au Laïka, en ce dimanche midi. J’en profitais pour réaliser cette entrevue-éclair, l’interrogeant notamment sur sa relation avec notre clown national…

PKP et la synergie convergente totale de toute !

Hier soir, caméra en main, j’ai eu le plaisir d’assister au premier gala des Grands Prix du journalisme indépendant organisé par l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ). Le programme de la soirée alternait périodes de cocktail/réseautage et remises de prix. L’AJIQ avait confiée l’animation de la soirée à Christian Vanasse, humoriste et membre du fameux groupe des Zapartistes.

Les médias imprimés de masse étant actuellement en pleine crise existentielle, il n’est pas abusif de dire que ce sont les journalistes pigistes qui sont les premiers à (ne pas) en faire le(ur)s frais. Flairant la déprime, le comédien s’est donc livré à une savoureuse imitation de Citizen Karl, alias Pierre-Karl Péladeau, grand patron du Groupe Québécor et adepte de la convergence des médias (à ne pas confondre avec l’autre Citizen Karl, alias Lagerfeld celui-là).

Mon voisin joue de la batterie. Je reste zen.

Il vient de s’installer dans sa nouvelle chambre juste au-dessus de ma tête. Il joue de la batterie. Grâce à Man Ray et à ses femmes noire et blanche, je reste parfaitement zen.

C’est décidé, je vais monter lui dire bonjour, lui faire un beau sourire et lui parler gentiment.
Calmement.
Zen.

Sexe, mensonge, fausse pub et Web vidéo

Hier matin, sur le blogue de Yannick Manuri, j’ai découvert une fausse publicité virale pour la bière Guiness diffusée sur YouTube. La célèbre boisson y est associée à l’habile suggestion d’une relation sexuelle entre une femme et quelques hommes. La compagnie exploitant la marque a évidemment réagi en désapprouvant formellement cette parodie. Youtube n’a pas encore retiré le clip et cela ne m’étonne pas, puisque je le trouve moi-même intéressant à plus d’un titre.

Hier matin, sur le blogue de Yannick Manuri, j’ai découvert une fausse publicité virale pour la bière Guiness diffusée sur YouTube. La célèbre boisson y est associée à l’habile suggestion d’une relation sexuelle entre une femme et quelques hommes. La compagnie exploitant la marque a évidemment réagi en désapprouvant formellement cette parodie. Youtube n’a pas encore retiré le clip et cela ne m’étonne pas, puisque je le trouve moi-même intéressant à plus d’un titre.

L’aspect didactique

Cette fausse pub pousse un cran plus loin l’attitude d’exploitation psychosociale de la sensualité, de la jeunesse et du corps féminin auquel les publicitaires s’adonnent déjà depuis des lustres au profit de commerces de tout acabit — boissons, voitures, vêtements, meubles et j’en passe. Le terrain étant bien préparé, il n’est pas étonnant que plusieurs commentateurs — et commentatrices! — de Yannick avouent l’avoir appréciée. Il n’y a d’ailleurs rien d’explicitement obscène à l’écran. La connexion cognitive avec l’image d’une relation sexuelle orgiaque créée dans l’esprit du webspectateur lui appartient totalement (enfin, presque, comme le précise Martin en commentaire). D’où cette impression de plaisir polisson, mais non coupable.

C’est le même phénomène qui est à l’œuvre lorsqu’on présente une boisson houblonnée dans un contexte qui ne lui est absolument pas associé dans la réalité, mais que nos perceptions et mémoires cognitives associent à une émotion positive. La bière et le party, par exemple. La bière et le flirt lascif avec cette belle fille assise, là, au bar. La bière et le rock & roll à fond la caisse, baby. La bière et le pouvoir régénérant de la nature et de l’océan — ah ben tiens, ça c’est nouveau et cela en dit long sur l’évolution actuelle de notre société, j’y reviendrai dans un instant…

The last campaign for Guinness, created by Abbott Mead Vickers. BBDO, was a press campaign earlier this year to push the drink ahead of the start of the sporting summer. The strapline, “You can almost taste it”, drew connections between a pint of Guinness and natural scen­ery, including the ocean.

Bref, en passant de la sensualité lascive à l’allusion sexuelle explicite, ce pastiche fort bien réalisé donne à voir les ressorts subliminaux profonds du discours publicitaire traditionnel. De ce fait, il m’apparaît plus didactique que scandaleux. D’une certaine manière, on peut le regarder comme on regarde une œuvre d’art.

L’aspect politique

Par exemple, J’ai l’impression que ce genre de détournement rééquilibre quelque peu la relation de pouvoir qui existe, à travers la publicité, entre les sociétés commerciales et les simples citoyens que l’on a pris soin de déshumaniser en les baptisant « consommateurs ». Après des décennies au cours desquelles la pub a manipulé, sans se poser trop de questions éthiques, la psyché collective, voici que la manipulation n’est plus à sens unique et que les images de marque sont elles-mêmes détournées sans vergogne.

Dans le premier cas, la manipulation mentale est désignée par le noble terme de « création publicitaire ». Dans le second, on parlera plus simplement de piratage et d’atteinte à l’image de marque, celle-ci étant protégée par le système juridique des marques de commerce. Pourtant, au fond, il s’agit essentiellement du même phénomène : un mensonge ou, si vous préférez, une fausse promesse destinée à créer une émotion positive à travers une association cognitive artificielle. Pensez à toutes ces pubs automobiles qui, au premier degré, nous vendent une belle fille sexy ou un excès de vitesse criminel.

Reste à évaluer le mobile de ces deux types de manipulations. Dans le cas de la publicité commerciale, il s’agit de provoquer un acte d’achat aux finalités strictement économiques et financières. Dans le second, comme par exemple ce pastiche Guiness, il s’agit de provoquer une distanciation cognitive et, au final, une prise de conscience sociale. C’est, en tout cas, ce que je me plais à croire jusqu’à de plus amples informations sur les motivations réelles des auteurs de ce clip.

L’aspect techno-sociologique

Après avoir malmené le système institutionnalisé de protection des droits d’auteur appliqué aux industries médiatiques, musicales et cinématographiques, il est clair que les technologies numériques associées au réseau Internet commencent à malmener également le système de protection des images de marque. Les œuvres artistiques numérisées et les images de marque ont en effet ceci en commun, qu’elles sont immatérielles et peuvent donc être produites, copiées, modifiées et rediffusées à l’infini.

Par ailleurs, l’amélioration permanente des outils numériques et leur production de masse en font sans cesse baisser la courbe d’apprentissage et les coûts. La réalisation d’un tel pastiche ou la diffusion massive d’une information sont maintenant à la portée de n’importe qui d’assez intelligent et déterminé pour s’en donner la peine. Il est donc à prévoir que les détournements d’images de ce genre vont, à l’avenir, se multiplier.

Et la « comm », dans tout ça ?

Je trouve assez intéressant que Guiness ait récemment choisi d’associer sa marque avec la nature, comme on l’a vu plus haut, plutôt qu’avec l’énergie festive de la jeunesse et la sexualité. Même s’il s’agit toujours d’une exagération publicitaire aux finalités mercantiles, cela dénote un glissement de la psyché collective vers des valeurs plus naturelles, permanentes, essentielles, liées à l’être plutôt qu’à l’avoir et au paraître.

Tout comme le monde de la pub, celui de la communication a cruellement besoin de faire son examen de conscience afin de mieux répondre aux exigences de notre époque. Je crois profondément qu’il est fini, ce temps où des spins doctors en relations publiques manipulaient sans état d’âme les journalistes — souvent consentants, il faut bien le dire — et rédigeaient des communiqués de presse ronflants et triomphants afin de faire mousser une information objectivement intéressante, mais sans plus.

Dans ce contexte, je crois que nous devons revenir à l’essentiel : des communications factuelles propres et bien faites, visant à servir l’intérêt public à long terme plutôt qu’à obtenir un gain corporatif artificiel à court terme. Bien sûr, c’est loin d’être aujourd’hui ce que tous nos clients nous demandent. Mais certains d’entre le font déjà, ayant compris qu’il est dans leur intérêt de positionner leur entreprise à long terme pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle prétend être. Il est également dans notre intérêt de faire comprendre cela aux autres.

Un aspirateur innovant et bien conçu n’a pas besoin de se cacher derrière une paire de seins pour être bien communiqué. Il en va de même pour une entreprise saine qui a tout à gagner à communiquer en profondeur, avec sincérité, en privilégiant les valeurs humanistes qui devraient idéalement sous-tendre chacune de ses actions économiques.

La communication Web vidéo est un outil particulièrement adapté à ce type de communication. Il n’est pas le seul, certes, mais il permet de mettre l’image, le verbe et l’humain au service des organisations mieux que n’importe quel autre. Nous en reparlerons…

Nabila et le Web 2.0

Nabila Ben Youssef L’humoriste québécoise d’origine tunisienne Nabila Ben Youssef a reçu un traitement de faveur, cette semaine, sur Yulbuzz. Dans la foulée de l’entrevue en profondeur qu’elle a accordée à mon collègue et ami Philippe Martin, j’ai cherché des pistes intéressantes à son sujet sur Internet, en restant sur ma faim. J’ai donc décidé de remédier à la situation en utilisant les médias sociaux et le matériel à notre disposition.

Nabila nous avait communiqué sa biographie ainsi qu’un DVD comprenant plusieurs extraits de son dernier spectacle. À ma demande, elle nous avait aussi donné l’autorisation d’en utiliser des extraits. J’ai donc adapté la biographie au style factuel de Wikipedia afin de lui créer sa propre page d’encyclopédie. Quant à la vidéo, j’en ai tiré cinq clips que j’ai rassemblés dans une liste d’écoute de Youtube. La vignette photo de notre entrevue s’est retrouvée sur Flickr et dans l’article de Wikipedia. Deux jours plus tard, la vidéo s’est retrouvée à la Une du média citoyen centpapiers.

Toutes ces publications étant reliées par des liens tricotés serrés, force est de constater que toute peine mérite salaire. Nabila, qui n’existait qu’indirectement sur la Toile il y a deux jours, s’y trouve maintenant dotée d’une forte identité. Une recherche simple de son nom dans Google affiche l’article de Wikipedia en premier, puis l’entrevue de Yulbuzz en second. Radio-Canada, les théâtres, festivals, blogues et autres sites d’information n’arrivent qu’ensuite. Notre playlist d’extrait sur Youtube se classe en neuvième position.

Voilà qui illustre bien la force conjuguée du texte et du multimédia. L’information élaborée, présentée et partagée intelligemment est la seule chose qui soit nécessaire pour asseoir sa marque ou son identité sur Internet. Puisse cet exemple vous inspirer dans vos efforts de communication en ligne. Si vous avez besoin d’aide, d’expertise et de créativité pour y arriver, vous savez à quelle porte frapper ! 🙂

nabila


Ce billet a été publiée le 24 mai 2007 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.