Le droit d’auteur à l’ère du remix et du copier/coller

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Image: CC-BY-SA Rasmus Olsen

Copier/coller, «remixer» des informations et des opinions provenant de sources diverses, citées ou anonymes, c’est le travail (complexe s’il est bien fait) auquel se livrent journalistes, professeurs, juristes et autres communicateurs depuis des siècles. La copie et la réutilisation de contenus sont inhérents au fait même de communiquer. Ce sont, à mon avis, des droits d’auteur fondamentaux. Encore faut-il les exercer adéquatement. Inspiration :

Face aux saintes-nitouches du plagiat, défendons le copier-coller – Rue89

La directrice exécutive de l’école de journalisme de Sciences-Po a été suspendue après voir été accusée de copier-coller des extraits d’articles sans citer ses sources. On peut estimer qu’il s’agit de plagiat. Pas si simple. – par Xavier de La Porte | Rue89


Le « copyright » est effectivement, à mes yeux, une déviance, un asservissement de la pensée engendré par le système capitaliste et l’industrialisation de la culture. Il existe aujourd’hui des licences de « copyleft » permettant heureusement de libérer la plupart des contenus tout en en documentant les sources — emprunts d’images, de mots et d’idées — et d’encadrer ainsi leur libre circulation de façon fluide et respectueuse. Les licences Creative Commons en font partie.

Tous les contenus que je produis depuis des lustres (textes, photos, vidéos), pour moi-même et mes clients, à de rares exceptions près (vie privée, demandes spéciales), sont placés sous ces licences. Cela ne m’empêche ni d’en être (humblement) fier, ni d’en tirer mes (modestes mais dignes) moyens de subsistance.

Est-ce que ce concept s’applique aussi aux œuvres littéraires et artistiques plus achevées? Non, dans une logique capitaliste et industrielle héritée du XXième siècle. Oui, dans une logique contemporaine renouant avec les siècles et les millénaires antérieurs. Ma conviction, c’est que le copyright est à la pensée humaine ce que le pétrole est à l’atmosphère: un puissant moteur économique et industriel, certes, mais à terme une aberration léthale et (espérons-le!) passagère.

Belgique-Québec: notre partenariat avec OpenERP honoré par une Étoile d’Or du Cercle Esteler!

Samedi dernier, le Cercle Esteler, cercle d’affaires Belgique-Québec, rendait hommage à trois sociétés, dont Savoir-faire Linux, lors de sa neuvième soirée des « Étoiles d’Or », célébrant ainsi leurs partenariats avec des entreprises belges.

Pourquoi la presse écrite doit devenir « open sources »

Après m’être ennuyé copieusement, hier après-midi, au premier bloc du Rendez-Vous des médias citoyens (Allo? Creative Commons, vous connaissez ?), puis avoir plaint dans ma tête les jeunes et gentils journalistes pigistes de l’AJIQ qui tombent encore beaucoup trop, à mon goût, dans le panneau de la propriété intellectuelle au lieu de se lancer en affaires, je me suis retrouvé confronté ce matin à un article citoyen traitent de l’avenir de la presse et publié sur Agoravox (Merci @VallierLapierre !) qui m’a fait réagir comme suit.

La mer de l'information vue par Natalie Lucier»

Je trouve que cet article prospectif manque singulièrement d’imagination. Une fois épuisé le recours à la publicité pour vivre, les « médias trad » n’auraient donc d’autre choix que de vivre au crochets de l’État. Ce qui me rassure, c’est que vous reconnaissez vous-même la fragilité et la maladresse de vos « pistes de solution » et que vous posez les prémisses du problème de la bonne façon : ce ne sont pas les coûts qu’il faut réduire; il faut au contraire augmenter les recettes.

Et comment augmenter les recettes sur Internet ? Simple : en vendant, plus chers, des produits à valeur ajoutée. Et de quels produits à valeur ajoutée les entreprise de presse disposent-elles ? Leurs archives ? Oui, certainement, mais ce n’est pas rare, pas très utile, donc pas suffisant. La réponse est, selon moi, évidente et je le répète depuis plus 10 ans : LES SOURCES, nom de Dieu !!!

Considérez l’information dans son ensemble comme un océan et chaque sujet comme un iceberg qui y fond tranquillement et, ainsi, l’alimente. Ce qui dépasse au-dessus de la surface, c’est le « papier », l’article. C’est beau et c’est impressionnant. Mais ce qui nourrit l’océan, ce n’est pas simplement la partie émergée de l’iceberg, c’est aussi et surtout sa partie immergée, beaucoup plus importante. Au niveau de l’information, cela s’appelle LES SOURCES.

Pour des raisons de contraintes spatiales et temporelles, puis par habitude ou par nécessité de conserver jalousement le feu qui alimente leur pouvoir magique, les journalistes des siècles passés ne publiaient pas leurs sources, même lorsqu’aucun enjeu de sécurité ou de confidentialité n’était en cause. Or, au XXIe siècle, ce comportement propriétaire n’a plus lieu d’être. Les sources viennent du peuple, qu’elles y retournent puisque ni l’espace disque ni le « temps d’antenne », désormais, ne sont limités.

  • Enregistrez donc en audio, vidéo, pdf ou HTML autant de sources INTÉGRALES que possible.
  • Puis validez-les, décrivez-les, « taxonomisez-les » et classifiez-moi tout ça.
  • Enfin, entrez-les dans un système informatique qui me permette à moi — utilisateur final, journaliste, chercheur, étudiant, cadre d’entreprise, fonctionnaire, peu importe — de la retrouver quand j’en aurai besoin.
  • En complément de votre article, disponible gratuitement en ligne et maigrement financé par la publicité, vendez-moi UN ABONNEMENT DE LUXE, au moins aussi cher qu’un abonnement papier, qui me permette, SI ET QUAND CELA M’INTÉRESSE, de visiter la partie immergée de l’iceberg — toutes ces sources que vous avez trouvées pour construire votre article et traiter le sujet.
  • Si je ne veux pas m’abonner, offrez-moi la possibilité de consulter vos sources EN FORMULE DE MICRO-PAIEMENT.
  • Si je veux RÉUTILISER VOS SOURCES, ou une partie de vos sources (audio, vidéo, PDF), VENDEZ-MOI LE DROIT DE LE FAIRE et livrez les moi en haute définition afin que je puisse en inclure un extrait dans mon propre topo audio ou vidéo.
  • Devenez ni plus ni moins qu’une AGENCE DE PRESSE LOCALE (ou nationale, ou internationale, si vous en avez les moyens) et comprenez que les citoyens et les entreprises de demain deviennent peu à peu des producteurs de contenus d’information, mais que s’ils sont capables de faire flotter de beaux icebergs à la surface de l’eau, ILS ONT BESOIN DE SOURCES VALIDES POUR LES NOURRIR SOUS LA SURFACE lorsqu’ils ne constituent pas la source eux-mêmes.

Ce faisant, vous ferez œuvre sociale, vous augmenterez la valeur de l’information commerciale et citoyenne et vous engrangerez des recettes suffisantes pour payer correctement (1) vos journalistes d’enquête et de terrain (2) vos secrétaires de rédaction traitant non seulement l’info interne, mais également celle provenant des citoyens et des entreprises et (3) vos programmeurs-intégrateurs qui feront fonctionner et amélioreront sans cesse les systèmes d’information complexes nécessaires à l’exploitation de vos sources.

Libérez le cœur même de l’information. Ouvrez vos sources. Ne les gardez plus jalousement sous clé. Permettez que l’essence-même de l’information circule librement à la manière du code, essence des logiciels libres et ouverts. Entrez dans l’ère de l’information « open sources » et n’hésitez pas à les tarifer, si nécessaire, afin de survivre et prospérer. La démocratie a un prix que les citoyens seront prêts à payer pour peu que vous sachiez la leur vendre intelligemment.

Matt Mullenweg @ Wordcamp Montreal: la force de l’ouverture

Les 11 et 12 juillet, la Société des arts technologiques de Montréal (SAT) vivait à l’heure de WordPress, le logiciel propulsant mon site Web ainsi que des millions d’autres à travers la planète, et au rythme de sa communauté locale, réunie à la première conférence Wordcamp Montréal.

Matt Mullenweg est le fondateur de ce projet open source et son développeur principal. À 25 ans, il fait figure de visionnaire et de meneur d’équipes de la trempe d’un Steve Jobs ou d’un Bill Gates. À ceci prêt que l’approche qu’il préconise n’est pas fondée sur le capitalisme classique, mais sur la philosophie « communautariste » et libertaire associée aux logiciels libres, laquelle rejette la tyrannie des brevets logiciels. Ce qui n’empêche pas notre homme de profiter de la vie comme on le constatera dans la quatrième capsule. ;~}

Capsule 1 – The Wordcamp phenomenon

À l’invitation de Sylvain Carle, grand architecte de cette conférence, Matt a gentiment accepté de discuter avec moi de « techno-philosophie » à l’issue de la première journée. J’ai ensuite découpée l’entrevue en quatre capsules que vous pouvez visionner dans leur continuité ou bien une par une, grâce au lecteur ci-dessus. Pour plus de détails, voici les adresses de chacun des chapitres sur Youtube:

Bien entendu, ces entrevues sont des sources d’information ouvertes que je publie, comme à mon habitude, sous licence Creative Commons By-SA. Je vous invite donc chaleureusement à vous les approprier afin de leur donner une visibilité maximale et d’enrichir l’humanité de vos réflexions.

À condition de citer la source, vous pouvez même télécharger les montages HD originaux dans mon compte blip.tv et en réutiliser les passages qui vous intéressent dans vos propres vidéos. Un p’tit « plugin » avec ça ? 😉


Photo mise en avant: Interview with Matt Mullenweg 4 par Hicham Souilmi.

Ma webdiffusion de Michelle Blanc sur l’avenir des médias au Third Tuesday Montréal

J’ai eu beaucoup de plaisir, mardi soir, à capter la conférence de Michelle Blanc sur l’avenir des médias (qui débute vers 6′ 30″) organisée par Michelle Sullivan et sa dizaine de complices du 3e Mardi | Third Tuesday Montréal ! D’abord, les choses se sont assez bien passées au plan technique et nous avons ainsi permis à une cinquantaine d’internautes québécois, canadiens, européens (et même brésilienne!) d’assister à l’événement en direct. Ensuite, l’intégralité de ces deux heures d’échanges retentissants est maintenant disponible pour tout le monde ― internautes, blogueurs, chercheurs et journalistes confondus ― et librement diffusable sous licence Creative Commons BY-SA.


<!– Téléchargez le podcast audio (MP3, 22 Mo).–>

J’ai eu beaucoup de plaisir, mardi soir, à capter la conférence de Michelle Blanc sur l’avenir des médias (qui débute vers 6′ 30″) organisée par Michelle Sullivan et sa dizaine de complices du 3e Mardi | Third Tuesday Montréal ! D’abord, les choses se sont assez bien passées au plan technique et nous avons ainsi permis à une cinquantaine d’internautes québécois, canadiens, européens (et même brésilienne!) d’assister à l’événement en direct. Ensuite, l’intégralité de ces deux heures d’échanges retentissants est maintenant disponible pour tout le monde ― internautes, blogueurs, chercheurs et journalistes confondus ― et librement diffusable sous licence Creative Commons BY-SA.

Mise à jour : vous pouvez également voir la période de questions au bas du billet récapitulatif de Michelle.

3e Mardi | Third TuesdayMais le meilleur, de mon point de vue, c’est le fond du discours et la vision de Michelle que je partage EN-TIÈ-REMENT depuis plus de dix ans. Nous sommes maintenant au cœur d’une révolution médiatique dont on perçoit de plus en plus les effets et je m’étonne que si peu de chemin ait été parcouru, pendant cette décennie, par les patrons et artisans de la presse.

Songeons que la pertinence d’ajouter des hyperliens dans les articles, menant à des sources externes plus riches, plus précises ou plus spécialisées, commence à peine à s’imposer dans les médias en ligne… alors qu’elle est à l’origine même du succès et de la fabuleuse richesse du World Wide Web ! Songeons que, l’an dernier encore, le groupe de presse Gesca, pressurant de plus en plus ses journalistes, n’a pas été capable de les associer intelligemment à son nécessaire virage multimédia (1). Et que dire de l’empire Québécor !

Cette grande crise de la presse à laquelle nous allons assister au cours des mois et des années à venir était déjà inscrite, il y a dix ans, dans trois réalités incontournables :

  1. L’émergence de technologies de l’information (informatique) et des communications (réseautique) extrêmement disruptives, ouvrant de vastes horizons et bouleversant à terme les processus et les modèles d’affaires.
  2. Les qualités fondamentales d’Internet: capacités de stockage et de traitement infinies, asynchronisme et ubiquité.
  3. La nature intrinsèque de notre soif d’information, qui est elle-même immatérielle et cognitive. Comme l’illustre si bien Michelle, ce besoin n’a rien à voir avec tel ou tel médium, qu’il s’agisse du papier, des ondes de radiotélévision ou des circuits de données des réseaux Internet.

La nécessité d’entretenir des équipes de journalistes compétents ayant pour mission de fouiller, vérifier, ordonner et présenter au public une vision cohérente et fiable des activités du monde a été, est et sera toujours d’actualité. Il importe cependant que ceux-ci accélèrent le pas avant que leur économie s’effondre; qu’ils s’ouvrent à une utilisation plus hardie des nouvelles technologies et des nouvelles plateformes numériques; qu’ils apprennent à utiliser les flux d’information en ligne provenant des citoyens et des entreprises comme leurs équivalents analogiques, sans se départir de leur rigueur déontologique, mais sans non plus les disqualifier sous des prétextes fallacieux.

J’espère que la personnalité extraordinaire de Michelle Blanc, la charge iconoclaste de son discours et l’acuité de sa vision contribueront à réveiller nos dinosaures médiatiques en voie de disparition.

Très honnêtement, j’espère bien participer d’une façon ou d’une autre à l’avènement de ce nouvel écosystème de l’information pour lequel je me prépare et que je défriche, médium après multimédium :} depuis plus de 12 ans.

Autres informations en open source sur le sujet :

  1. En anglais :
  2. En français :
  3. En vidéo :
  4. Et enfin, la citrouille sur le sundae :-}