Cher aux barons de l’industrie et de la finance, le concept des brevets logiciels vient encore une fois de démontrer sa nuisance et son incongruïté. Pour une fois, c’est Microsoft qui en fait les frais. L’empire de Seattle se retrouve en mauvaise posture judiciaire face à la firme Eolas et à l’Université de Californie, qui prétendent détenir un brevet sur le Web interactif et les plugiciels Web. Microsoft Internet Explorer violerait donc ce brevet. À ce compte-là, Firefox aussi, tout comme un grand nombre d’applications Web.
On ne peut nier qu’un inventeur détient une certaine légitimité sur son invention. Ceci dit, quand cette légitimité en arrive à générer des compensations judiciaires de 512 millions de dollars US (excusez du peu!) sur la foi d’une preuve contenue dans une application gratuite, il y a une marge pathologique. Le système des brevets a été mis sur pied, parait-il, afin de protéger l’innovation. À y regarder de plus près, j’ai plutôt l’impression qu’il est là pour favoriser l’enrichissement extrême d’un cercle restreint d’êtres humains, quitte à freiner la diffusion de l’innovation dans les couches moins favorisées de la population mondiale.
L’autre jour, un chauffeur de taxi démoralisé par la crise pétrolière m’a sorti ceci : « Tout a un prix en ce bas monde, mon cher Monsieur — absolument tout, sauf la vie humaine. » Une phrase comme celle-là, il faudrait la breveter !