Lorsque j’ai visité le Canada pour la première fois, en 1986, ce vaste et beau pays était célébré, partout dans le monde, pour ses grands espaces, son air pur, ses eaux limpides et abondantes, sa faune et sa flore généreuses. Vingt ans et trois gouvernement libéraux plus tard, il est montré du doigt comme l’exemple environnemental à *ne pas* suivre en Occident. Bienvenue au « plusse pollueur » pays au monde !
Bien sûr, en terme de pollution globale comme dans bien d’autres domaines, les États-Sunnites nous dament le pion — sans parler de la Roussie et du Ben-d’la-dèche. Par tête de pipe, cependant, le Peuple du castor est impressionnant d’incurie environnementale institutionnalisée.
Johanne Gelinas, la Commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada, en a déversé épais, la semaine dernière, dans son dernier rapport. Au lieu de réduire, d’ici à 2012, nos émissions de GES de 6 % par rapport à 1990, comme l’exige le protocole de Kyoto, nous les avons augmenté de 24 %, rappelle-t-elle. La salubrité des eaux potables n’est même plus garantie partout, surtout pas dans les réserves amères indiennes, ni dans les avions, ni même dans les édifices fédéraux! Nos magnifiques parcs à touristes nationaux accusent le coup d’une inflation de bipèdes ventripotents qui les arpentent. Quant au gouvernement fédéral, malgré de ronflantes promesses, il n’arrive pas à mettre en place les mesures de contrôle environnemental qui lui permettraient d’appliquer ses propres lois. Du coup, la machine à laver est en panne et nous sommes dans de sales draps.
Pensez-vous qu’une élection résoudra le problème ? Moi non plus. L’honorable ministre de la Clarté environnementale approuve le rapport pour mieux l’enfouir dans le sable de sa pensée magique. À l’entendre, tout va pour le mieux dans le « plusse meilleur » pays au monde puisqu’il a (encore) un plan. Quant à l’opposition « zooficielle », sa vision critique est pertinente, mais rien ne garantit que son propre bilan serait meilleur.
Conclusion : si l’on se fie à la Commissaire (et au gros bon sens), les gestes qui sauveront réellement la planète ne viendront ni de nos ministres, ni de nos millionnaires. Ils viendront de vous et moi, des profs d’université, des ingénieurs amérindiens et des chanteurs abitibiens. À cet égard, il faut savoir que chaque citoyen canadien dispose d’un aiguillon politique intéressant puisqu’il a le droit d’interpeller le gouvernement sur les questions environnementales par simple pétition et que celui-ci a l’obligation de lui répondre. Malheureusement, la qualité des réponses est souvent inversement proportionnelle à la masse des fonds publics engloutis dans le scandale des commandites, c’est à dire à peu près nulle.
Cet article en provenance d’Australie témoigne assez bien de l’étendue des dégâts médiatiques que ce crime contre l’avenir de l’humanité commence à causer. Ceci n’est cependant rien comparé aux vrais dégâts qui surviendront sur le terrain si nous ne prenons pas rapidement l’orignal par les cornes. Pour être bien franc, il est probablement déjà trop tard, la forêt est coupée et notre seul espoir est d’arriver à sauver les meubles.