Deux jours après que Pauline Marois se soit retirée de la politique, tout a été dit sur l’exemplarité de sa carrière et les raisons lui ayant fait perdre le feu sacré. La vent de renouveau générationnel qui sévit, actuellement, au Parti Québécois, lui a fermé la porte du dernier poste d’importance pouvant encore la motiver, celui de Chef du Parti et Première Ministre. Seulement voilà. La longue succession d’atermoiements et d’échecs de ses prédécesseurs masculins a fait en sorte qu’après l’heure, ce ne soit plus son heure. À moins que…
On le sait, au cours des dernières années, le soutien populaire au Parti Québécois a subi l’usure provoquée par la longue succession des gouvernements Parizeau, Bouchard et Landry qui ne l’ont mené nulle part. Le positionnement du Parti n’est plus très clair pour personne. Est-il à gauche, au centre ou à droite? Est-il souverainiste ou simplement nationaliste? Est-il social-démocrate ou néo-libéral? Est-il bon ou mauvais? Est-il efficace ou nous fait-il perdre trop d’occasions? Bien malin qui peut répondre sans se tromper à ces questions.
Bref, « Pauline » — comme l’appelle le Québec tout entier — « Pauline » paie aujourd’hui pour l’échec des hommes de sa génération. Face à un Jean Charest éternellement coincé entre l’arbre et l’écorce, elle était sans doute la mieux placée pour mener les troupes souverainistes à leur Grand Soir, mais sa longue feuille de route de lieutenant fidèle et solidaire l’a rendue redevable d’un héritage trop lourd à porter. Encore une fois, une femme paie le prix de l’échec des hommes qu’elle a loyalement et brillamment servis.
Reste une lueur d’espoir, cependant. Lors de sa conférence de presse, Pauline Marois ne s’est pas commise à renoncer définitivement à la politique. « On ne dit jamais « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau. », a-t-elle sagement déclaré en conférence de presse. On peut en déduire qu’en cas de nouvel échec du PQ aux prochaines élections, « Pauline » sera là, souriante, conciliante, régénérée et, surtout, disponible, pour reprendre le flambeau d’un André Boisclair en difficulté.
Ce n’est pas si idiot que cela, après tout. En rempilant au gouvernement comme on pointe à l’usine, par habitude ou par ténacité, Mme Marois serait restée dans l’ombre de son parti et aurait continué à en assumer les bons et mauvais coups. En lâchant prise, elle ira puiser, dans la société civile, une nouvelle énergie, une vision élargie de la vraie vie et, surtout, une certaine virginité d’image qui ne pourra lui faire que du bien. Si les choses tournent mal pour M. Boisclair, s’il se retrouve, lui aussi, coincé entre l’arbre et l’écorce, elle sera ainsi en excellente posture pour revenir sur le devant de la scène et incarner, cette fois, le renouveau et le charisme contre l’usure et la langue de bois.
Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? C’est cette même stratégie qui a permis à André Boisclair de s’imposer contre elle, il y a quelques mois, malgré les formidables handicaps de la jeunesse, de la cocaïne et de l’homosexualité. Décidément, « Pauline » apprend vite !