Photo: National Lawyers Guild
Le journaliste indépendant et « vidéoblogueur » californien Josh Wolf, qui a filmé une manifestation ayant mal tourné, a passé un mois en prison car il refusait de céder ses bandes à la police. Celle-ci souhaiterait les utiliser comme preuve contre les casseurs. Heureusement pour lui, un juge vient de le remettre en liberté jusqu’à ce qu’un autre jury statue sur sa demande d’appel, selon ce billet de boingboing. La Society of Professional Journalists a contribué à hauteur de 30 000 US$ à ses frais d’avocats dont elle a négocié le plafonnement au double de cette somme, selon ce communiqué. Le 2 août dernier, la National Lawyers Guild prenait fait et cause pour lui et la résistance médiatique s’organisait sur Internet, à grand renfort de blogues et de wikis.
Question moralisante : les journalistes indépendants n’ont-il pas intérêt à utiliser les ressources d’Internet et des technologies numériques, qui peuvent les libérer en partie de l’emprise économique des groupes de presse ? À mon avis, oui, car ils y trouveront un public, des alliés et la possibilité de mieux atteindre les objectifs fondamentaux qui (on l’espère) les a amenés à choisir ce métier. Cela ne les empêchera pas de respecter leur code déontologique à la lettre, rehaussant d’autant la qualité de l’information disponible en ligne.
Ce serait intéressant de savoir ce qu’auraient à en dire les journalistes de l’AJIQ (Asso. des journalistes indépendants du Québec). Se libérer de l’emprise économique n’exigerait-il pas de pouvoir être assuré d’un revenu ? Quel serait-il, sur le Net ? Ne faudrait-il pas bénéficier déjà d’une notoriété ? Je ne suis pas convaincue que ce soit aisé pour quelqu’un de peu connu de se faire un nom, et je pense que déjà un bon nombre d’entre eux tirent le diable par la queue, pas trop sûrs de l’entrée régulière des « commandes » d’articles ou de la « vente » d’un papier dont ils auraient eu l’initiative.
En tout cas, les journalistes connus qui se sont mis au blog sont tous employés déjà par un média important…
Tu as raison, Marie. La question du modèle économique viable est la tarte à la crème d’Internet. Mes amis pigistes (du moins ceux qui, pleins de talent, ne se résignent pas à faire du volume à l’emporte-pièces leur seul objectif) en ont déjà assez marre de se faire exploiter à l’os par les marchands de papier. Alors, publier gratos sur Internet…
Reste que c’est leur seul espoir. La chute de popularité de l’imprimé et la montée en puissance, sur leur gauche, de blogueurs de plus en plus courtisés par des médias aux abois rend leur avenir des plus sombres… à moins qu’ils n’arrivent à se glisser entre les mailles du système et à jouer sur les deux tableaux, comme ce Josh Wolf en référence. Il a bien su développer sa marque, celui-là, et qu’on le veuille ou non, c’est de cela qu’il s’agit.