Une colonnade de Baalbeck
Depuis le « portrait de blogueuse » réalisé avec Philippe et Pamela Chrabieh, j’ai pris l’habitude d’aller visiter régulièrement l’excellent blogue de cette jeune intellectuelle canado-libanaise. Il est des blogues divertissants et d’autres intéressants, mais celui-ci, me semble-t-il, est essentiel.
La plupart des citoyens du monde un tant soit peu « conscientisés » ont éprouvé un profond malaise, la semaine dernière, en apprenant l’assassinat du jeune ministre Pierre Amine Gemayel à Beyrouth, au Liban. Jusqu’à quand le pays du Cèdre, avec lequel la francophonie a tissé tant de liens au fils des siècles, souffrira-t-il l’horreur d’un état de guerre permanent qui n’en finit pas de pulvériser le destin de ses enfants ?
Pamela était justement à Beyrouth, ce jour-là, et c’est grâce à sa voie de perdition que j’ai pris connaissance des « embouteillages monstres » qui avaient paralysé la ville à l’annonce de l’attentat, avant même que l’AFP n’en fasse état dans ses dépêches en utilisant les mêmes mots. Mardi, mercredi, jeudi, Pamela résuma avec retenue et concision les évènements de la journée. Vendredi, sa plume semblait reprendre vie, exprimant les émotions et les craintes des jeunes Libanais.
Aujourd’hui, dimanche, Pamela publiait ce long billet consacré au souvenir. Le Liban se souviendra toujours, dit-elle, de ses leaders assassinés dans ce qu’elle perçoit comme une entreprise méthodique de destruction des élites. Il se souvient des beautés disparues du pays d’avant la guerre, un souvenir précieux pour ceux qui se refusent à abandonner la partie. Passé les faits bruts, les émotions et l’indignation, la jeune femme rallume donc la flamme de l’analyse, prélude de l’action. Ce faisant, elle nous entraine jusqu’aux confins de nous-mêmes, évoquant l’ombre du totalitarisme non violent qui plane sur un Occident dont l’état de paix et de liberté n’est peut-être qu’une illusion.
Jeudi prochain, le 30 novembre, une soirée de projections multimédias sur les 34 jours de la guerre du Sud-Liban de l’été dernier a lieu à la Bibliothèque Atwater, à Montréal. Cela aussi, je l’ai appris dans le blogue de Pamela, une jeune femme qui, décidément, ne renie absolument aucune partie d’elle-même.
Monsieur Aubry.
Je n’ai vraiment rien à rajouter, sauf si ce n’est que je trouve votre article excellent!
Bonne semaine,
André Tremblay, Québec, Québec.
Cher M. Tremblay, mais vous me flattez! Pourtant, ce billet n’est qu’un pâle reflet du travail de Pamela. Il m’a semblé que son appel au souvenir devait avoir une résonance, au Québec, coin de pays (pays en coin?) dont la devise est, justement, « Je me souviens ».
Peut-être faut-il être plongé dans les affres d’une dépossession identitaire pour bien comprendre à quel point le souvenir est important. C’est l’une des rares choses qui ne puisse vous être arrachée de force. C’est aussi le terreau de toutes les renaissances, car sans lui, il n’y aurait que des naissances.
L’histoire passée et présente du Liban est riche de leçons pour les gens d’ici (voir mon billet précédent). Au plaisir!
Monsieur Aubry,
Il m’a semblé aussi que l’appel qu’elle a lancé, dès le début de la guerre, l’été dernier, vallait que je laisse là les activités que j’avais prévues pendant mes vacances pour revenir sur la blogosphère, afin de montrer le plus possible au monde entier les horreurs que les Libanais vivaient quotidiennement. J’avais alors 5 blogues et je les ai tous consacrés à cette cause. Malheureusement, j’ai perdu 4 de ces blogues, dont mon blogue principal, à la suite d’une ou deux maladresses techniques de ma part.
Je pense toutefois que, à l’intérieur de leurs limites, ces efforts pour dénoncer ces massacres n’auront pas été vains…
André Tremblay.
Non, en effet, et vous pouvez probablement en retrouver les traces dans la Wayback Machine. J’y ai moi-même de beaux restes 😉