Un séisme politique s’est produit, ce soir, au Québec. Le Parti libéral (PLQ) du Premier ministre Jean Charest dégringole de 14 points et se retrouve à la tête d’un gouvernement minoritaire, quasiment nez à nez avec l’Action démocratique du Québec (ADQ) qui devient l’opposition officielle à l’Assemblée nationale. Au-delà de la gifle énorme encaissée par les Libéraux, les grands perdants de l’affaire sont évidemment les souverainistes du Parti Québécois (PQ). Même si on ajoute à leurs voix celles de Québec Solidaire, parti de gauche également souverainiste, on arrive à peine à 32 %. Or, Mario Dumont, le chef de l’ADQ, n’a pas cessé de marteler son credo autonomiste pendant toute la campagne.
« Autonomiste »… Cela rappelle la Bretagne ou le Jura, mais pas la Slovaquie. Il s’agit sans doute d’un mot magique, à mi-chemin entre « fédéraliste » et « souverainiste », un mot qui n’est pas sans rappeler le « Québec fort dans un Canada uni » de Pierre-Eliott Trudeau.
Dans un environnement bipolaire partagé entre fédéralisme et souverainisme purs et durs, le choix était déchirant pour de nombreux électeurs et il était toujours possible que la sécession l’emporte un jour. Avec un parti « autonomiste » au milieu, les Québécois indécis auront trouvé une troisième voie leur assurant ce qu’au fond tout le monde souhaite : le beurre et l’argent du beurre.
Avec la mondialisation qui avance, l’Europe des 27 et l’interdépendance énergétique, démographique et climatique du XXIe siècle, je crois bien (mais je sais que je peux terriblement me tromper) que la souveraineté du Québec a vécu. Ce qui importe, au fond, c’est que la démocratie et l’intérêt du peuple québécois l’emporte. Et, pour cela, il m’apparait plus urgent de réformer le mode de scrutin terriblement injuste du Québec que de briser le Canada.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
PS : Les Lettres persanes de l’ambassade du Trepanistan à Istambul, vous connaissez ? On y trouve d’intéressants commentaires sur les programmes du PLQ, DU PQ, de l’ADQ et de QS…
Je ne crois pas à cette troisième voie : Bourassa l’a déjà empruntée, sans succès. Alors on verra, à plus ou moins court terme, que le terme d’autonomiste n’est qu’une coquille vide. « On » étant ces indécis que tu évoques, Christian, et ceux qui ont oublié l’échec du gouvernement Bourassa.
Quant à la réforme du mode de scrutin, je ne suis pas convaincue que cette élection prêche beaucoup pour qu’elle soit opérée. SI tu regardes le tableau des résultats que j’ai affiché chez moi, on observe que le nombre d’élus équivaut à peu près de façon équivalente au pourcentage de votes.
À suivre…
Merci de ce commentaire, Marie-Danielle. Je suis assez d’accord en ce qui concerne la coquille vide, mais il faut bien admettre qu’elle correspond à l’attitude d’un grand nombre de Québécois à la fois frustrés par le fédéralisme et peu enclins à se lancer dans l’aventure incertaine de la souveraineté. Dumont a habilement saisi la perche et réellement ouvert une troisième voie … même si, personnellement, j’aurais préféré que celle-ci soit plus Verte, si tu voies ce que je veux dire.
En ce qui concerne ta seconde remarque, je continue la conversation chez toi.
Mon opinion toute personnelle est que la souveraineté n’a aucun rapport avec le résultat des votes.
– Il y a les vieux de la vieille qui ont toujours voté Libéral qui vont encore et toujours voter Libéral.
– Il y a les vieux de la vieille qui ont toujours voté Péquiste qui vont encore et toujours voter Péquiste.
– Il y a les votes de contestation qui sont en accord avec tout ce que le PQ fait, qui veulent pas que les Libéraux entrent, mais qui vont voter Libéral juste pour ne pas avoir un autre référendum.
Tous les autres ont voté avec leur coeur, certains par contestation des Libéraux, certains par désir de changmenent, certains par intérêt politique (Gauche, Droite, etc.) Mais je crois que pour une fois, nous ne nous somme pas laissés influencer outre-mesure par le souci du « on veut un pays » (ou son inverse.)
C’est excellent, ça veut dire que la grosse ritournelle de voter pour un parti juste pour cette stupide question (ref. mon carnet) s’envole, et je souhaite qu’elle reste envolée.
L’autonomisme !? ça a le goût de la séparation, ça à l’odeur de la séparation, ça à la couleur de la séparation… mais ça reste du fédéralisme. Mario Dumont vend le meilleur des deux mondes, une sorte de souveraineté allégée pour séduire un maximum de monde.
Cette élection ressemble à un vote de contestation, à l’image de ce qui a secoué la France en 2002. Mais, j’ai hélas l’impression que c’est plus profond. L’avenir nous le dira…
Imaginant la diva troublée sur le toit de la tour Montparnasse parlant de ses problèmes de toit je me dis je ne connais rien des désastres de toi et ma vie est seulement limitée pour vivre des petits bouts de choses tranquilles et réservées? disons, au cinquième de la tour Montparnasse? Oh? Désolé, je ne peux faire ça? Je suis dans un état mental impossiblement impossible? Elle? Elle ne peut être là? Positivement sûr? Ou c’est moi ?
@Michel D. – C’est vrai que le débat pré-référendaire est resté pas mal en veilleuse. Pourtant, Boisclair en a abondamment parlé et Charest ne s’est pas gêné pour l’agiter. Mais (1) personne ne prenait le PQ au sérieux, cette fois (problème de fond ou de chef?); (2) Mario Dumont accaparait toute l’attention. Bref, exit la souveraineté, du moins pour l’instant.
@Zelaurent – L’autonomisme ne ressemble pas à la séparation, mais plutôt au nationalisme pacifique et patient dont le Québec a le secret. On verra si l’ADQ arrive à l’incarner sur le long terme. N’oublions pas que le Québec profond a voté longtemps et massivement Conservateur au fédéral et PQ (donc, nationaliste) à Québec. Les élections fédérales qui s’en viennent vont être agitées, je crois.