Une 3ème raison de ne pas avoir voté Sarkozy

Récemment, j’ai indiqué les deux raisons majeures pour lesquelles je n’ai pas voté Sarkozy à la dernière élection présidentielle française. Il faudrait y ajouter sa tangente élitiste : une doctrine économique favorisant l’enrichissement individuel plutôt que collectif, ses nuits post-électorales au Fouquet’s, ses jogging à Malte, ses escapades de milliardaire, ses amitiés mondaines affichées comme autant de symboles de distinction sociale.

En ce qui concerne son projet de réforme de l’impôt, en revanche, je suis plus mitigé.

  • Bouclier fiscal : aucun contribuable ne pourra donner plus de la moitié de ses revenus tirés du travail à l’Etat par l’impôt. Cette mesure ne favorise que les plus riches. Il faut voir si elle aidera à contrer l’évasion fiscale ou pas, car a priori, elle est socialement rétrograde et politiquement risquée.
  • Réforme de l’impôt sur la fortune, avec la mise en place d’une déduction pour investissement dans les PME. Mmmh, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée, au fond. Cela peut potentiellement favoriser la croissance et obliger l’argent qui dort à se réveiller et à circuler. Qu’on l’aime ou non, l’argent reste le sang de l’économie. Son existence n’est pas un problème pour autant qu’il circule.
  • Sarkozy souhaite que 95 % des successions soient exonérées d’impôts. Dans le cas des classes moyennes, je suis assez d’accord. On devrait imposer le travail et le capital à la source, mais ne pas le taxer encore à l’occasion d’une succession. En clair, le « multi-taxage » devrait être banni de la fiscalité de tous les Etats au profit d’une première imposition plus juste au plan social.

Bref, la politique est une chose compliquée. Dès qu’on laisse de côté doctrines et idéologies, il devient plus difficile de faire la part des choses et, donc, de voter. Quand, en plus, on vit, on s’informe, on consomme et on paie ses impôts à 5 000 kilomètres, cela devient carrément de l’irresponsabilité.

Nabila et le Web 2.0

Nabila Ben Youssef L’humoriste québécoise d’origine tunisienne Nabila Ben Youssef a reçu un traitement de faveur, cette semaine, sur Yulbuzz. Dans la foulée de l’entrevue en profondeur qu’elle a accordée à mon collègue et ami Philippe Martin, j’ai cherché des pistes intéressantes à son sujet sur Internet, en restant sur ma faim. J’ai donc décidé de remédier à la situation en utilisant les médias sociaux et le matériel à notre disposition.

Nabila nous avait communiqué sa biographie ainsi qu’un DVD comprenant plusieurs extraits de son dernier spectacle. À ma demande, elle nous avait aussi donné l’autorisation d’en utiliser des extraits. J’ai donc adapté la biographie au style factuel de Wikipedia afin de lui créer sa propre page d’encyclopédie. Quant à la vidéo, j’en ai tiré cinq clips que j’ai rassemblés dans une liste d’écoute de Youtube. La vignette photo de notre entrevue s’est retrouvée sur Flickr et dans l’article de Wikipedia. Deux jours plus tard, la vidéo s’est retrouvée à la Une du média citoyen centpapiers.

Toutes ces publications étant reliées par des liens tricotés serrés, force est de constater que toute peine mérite salaire. Nabila, qui n’existait qu’indirectement sur la Toile il y a deux jours, s’y trouve maintenant dotée d’une forte identité. Une recherche simple de son nom dans Google affiche l’article de Wikipedia en premier, puis l’entrevue de Yulbuzz en second. Radio-Canada, les théâtres, festivals, blogues et autres sites d’information n’arrivent qu’ensuite. Notre playlist d’extrait sur Youtube se classe en neuvième position.

Voilà qui illustre bien la force conjuguée du texte et du multimédia. L’information élaborée, présentée et partagée intelligemment est la seule chose qui soit nécessaire pour asseoir sa marque ou son identité sur Internet. Puisse cet exemple vous inspirer dans vos efforts de communication en ligne. Si vous avez besoin d’aide, d’expertise et de créativité pour y arriver, vous savez à quelle porte frapper ! 🙂

nabila


Ce billet a été publiée le 24 mai 2007 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Le monde du corps et de l’esprit

cadavre de femme dépecé en position de danseuse

Sans le désir de stimuler la curiosité scientifique de ma fille, Juliette, je n’aurais peut-être jamais eu celle — quasi morbide, à en croire les reportages — d’aller visiter l’exposition Le monde du corps 2, hier matin, au Centre des sciences de Montréal. C’eût été bien dommage, car il s’agit réellement d’un travail scientifique et didactique de premier ordre.

Le parcours du visiteur commence par plusieurs vitrines anatomiques dénuées de tout sensationnalisme et ce n’est qu’ensuite, une fois qu’on est dans le vif du sujet, si je puis dire, que l’on découvre les corps « plastinés » par le fameux Dr . Gunter von Hagens et présentés de façon suggestive afin de mieux illustrer le propos anatomique propre à chacun. Encore là, ces figures sont assorties de vitrines « classiques » dans lesquelles des organes sains et malades sont présentés. Au fil du propos, on se détache de la mise en scène pour mieux capter l’information anatomique et la leçon d’hygiène de vie qui nous est transmise.

Au final, je n’ai ressenti ni dégoût ni curiosité morbide au cours de ce parcours didactique. J’ai eu plutôt la sensation d’apprendre plein de choses passionnantes sur mon propre corps et ceux de mes semblables. Comme dit la sagesse populaire, j’avais « mis le doigt dessus », même s’il est interdit de prendre en photo (honte aux marchands !) et de toucher les éclatés.

Évidemment, la banalisation de la mort, ou plus exactement son esthétisation, peut inquiéter a priori et elle n’a pas manqué de faire sourciller les censeurs religieux. Présentée au public il y a un ou deux siècles, cette exposition aurait terminé au bûcher. En ce début de XXIe siècle, cependant, nos cerveaux sont prêts à regarder la réalité en face et le spectacle de la vie par-delà la mort n’est plus ce qu’il était.

Je ne peux m’empêcher de penser que la grande déferlante d’images et d’abstractions de la seconde moitié du XXe siècle sont à l’origine de ce détachement. Nous avons vu tellement d’images de guerre, de sang, de mort, de famine, de profanation et d’horreurs de toutes sortes que notre cerveau a appris à ne plus s’en effrayer. Qu’on le veuille ou non, il fait maintenant la différence entre le spectacle froid et « extérieur » de la mort et l’irruption émotionnelle de celle-ci dans notre propre vie. La contraception, l’avortement et les biotechnologies de pointe nous ont aussi amenés à repousser le seuil de ce qui peut être considéré come contraire à la morale et à l’éthique. Cet aspect philosophique et social de la visite est loin d’être inintéressant.

Science et mercantilisme

Côté organisation, cependant, le Centre des sciences de Montréal fait pitié. J’avais soigneusement réservé mes billets en ligne ― 56 $ pour un adulte et une ado, ce n’est vraiment pas donné ! ― assortis d’un rendez-vous à heure fixe, dimanche à 17h. Il était conseillé de se présenter à la porte 30 minutes à l’avance, mais sur place, on nous apprenait qu’il y aurait 75 minutes de retard sur l’horaire ! Cela nous obligeait à poireauter 1h45 avant d’être enfin admis dans le saint des saints. Inadmissible !

J’ai dû faire intervenir un superviseur pour déplacer ma réservation « non échangeable-non remboursable » à 11h, le lendemain matin. Eh bien croyez-le ou non, une heure à peine après l’ouverture des portes, le planning des entrées avait déjà pris 30 minutes de retard ! Il faut croire que l’on vend trop de billets sur place à la dernière minute ou bien que l’on met un point d’honneur à imposer une file d’attente au visiteur, histoire de le mettre en condition.

Ajoutant à cet irritant le prix très élevé des billets et l’interdiction de photographier, je me demande si le propos du Dr. von Hagens est réellement didactique ou bien bassement mercantile. Ce serait une question à explorer très sérieusement avant que je ne lui fasse don de mon corps. D’ailleurs, sa volonté affichée de protéger ses « droits d’auteur » rend sa démarche scientifique quelque peu suspecte.

Pauline Marois : la troisième fois sera la bonne

Pauline Marois sortant d'une boîte surpriseQue serait le Québec, au plan politique, sans le Parti Québécois ? Une terre d’ennui coincée entre des syndicalistes de droite et des capitalistes de gauche. Heureusement, il y a le « PQ » et ses débats hygiéniques sur le sexe du référendum et le momentum de la souveraineté.

Pour sa troisième course à la chefferie, Pauline Marois ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre les militants qu’elle est la « femme providentielle » à même de remettre le parti sur les rails du pouvoir. Comme on le pressentait il y a un mois et demi à peine, André Boisclair a trébuché et, cette fois-ci, Pauline est en meilleure posture que jamais pour reprendre le flambeau de René Lévesque.

L’arrivée probable de cette grande pragmatique à la tête du PQ ne devrait pas ravir ses adversaires de l’ADQ et du PLQ. Malgré son charisme froid, Mme Marois est très respectée (et ce à juste titre) au Québec. Et malgré la récente défaite de Ségolène Royal en France, il me semble que les peuples occidentaux sont de plus en plus enclins à confier les rênes du pouvoir à des femmes, confusément considérées comme plus sensibles, plus réalistes et moins dogmatiques — bref, moins dangereuses — que leurs collègues masculins.

Pourquoi je n'ai pas voté Sarkozy

Caricature de Sarkozy en Napoléon

Maintenant que les élections sont terminées, je peux répondre à cette troublante question sans que l’on m’accuse d’user de mon immense pouvoir d’influence pour renverser le cours de l’histoire (300 visites par jour, non mais vous imaginez ! ;). Voici donc pourquoi je n’ai pas voté Sarkozy.

1) À bien regarder aller le monde, d’abord, je ne pense pas que la France réussira à conserver longtemps intactes ses « valeurs » ancestrales. Le climat change, l’Afrique change, l’Europe change et la France change aussi. Je n’achète donc pas les discours conservateurs sur la nécessité de réprimer l’immigration, mais plutôt ceux qui prônent l’intégration. Si les banlieues françaises flambent régulièrement, c’est justement parce que, depuis des décennies, les décideurs Français n’ont n’a pas su relever ce défi-là (entre autres). Notons cependant que Sarkozi a largement adouci son discours, hier soir, et c’est tant mieux.

2) De toute façon, je ne vote plus, depuis longtemps, aux élections françaises. Oui, je suis fier de mon pays, cette « douce France » disparue en même temps que mon enfance, mais le fait est que je vis depuis 18 ans à l’étranger. À l’exception des immigrants temporaires, je trouve incongru de voter sans participer à la vie nationale, à l’économie, ni faire face aux conséquences de ses choix. La France aux français de toutes origines, races et religions; à moi et à mes descendants le Canada — qui change, lui aussi.

Ceci étant dit, cette élection m’a passionné, comme la plupart des Français. Son taux de participation très élevé en fait foi. J’aime le bouillonnement politique entretenu par les citoyens de ce pays. Bien plus qu’aux États-Unis, empire de l’individualisme par excellence, c’est la France, me semble-t-il, qui a ouvert la voie de la démocratie moderne. Espérons qu’elle continuera de se réinventer.

Ce bouillonnement se traduit aussi par une vitalité culturelle, technique et scientifique qui font de ce relativement petit pays l’un des plus créatifs au monde. Qu’il soit gouverné à gauche ou à droite n’y changera rien, si ce n’est qu’il y aurait moins de tension avec un gouvernement sensible et rassembleur.

Hier, sur le boulevard Saint-Laurent, j’ai rencontré plusieurs jeunes Français démontrant très peu d’intérêt pour cette élection. C’est normal. Ils sont loin de chez eux et tentent de se faire une place ici. Cela traduit peut-être aussi le fait que la politisation franco-française est largement tributaire du terreau socio-culturel dans lequel elle fleurit.

  • J’ai bien tripé, cette nuit, en montant ce podcast transatlantique collectif.
  • Apprécié aussi ma recherche iconographique sur Napoléon Sarkozy
  • Souri de cette petite blague « sarkaustique » : avec Bush à Washington, Sarkozy à Paris et Poutine à Moscou, l’Axe du Mal (Irak, Iran, Corée) fait maintenant face à l’Axe des mâles 🙂

Désolé, Ségolène. Comme disait René Lévesque : à la prochaine fois !

Linux fait une nouvelle percée chez Dell

Petit pingouin habillé chic

Offerte depuis quelques années sur le marché des stations d’entreprise, la préinstallation de Linux est encore rare sur le marché de l’informatique grand public. Mais voilà que (…Tadam !) le fabricant américain d’ordinateur Dell annonce que certains de ses modèles seront commercialisés avec le choix entre deux configurations : Microsoft Windows ou Ubuntu Linux, et ce dès la fin du mois.

Conséquence immédiate : les modèles Linux devraient coûter moins cher que leurs cousins Windows. À plus long terme, l’adoption de Linux par un fabricants de cette envergure incitera les producteurs de matériel (adapteurs réseau, modems, cartes graphiques, appareils photo, PDA, etc.) à développer des pilotes compatibles avec Linux. Du coup, le petit pingouin, qui devient, au fil des ans, de plus en plus facile à utiliser, va devenir super sexy !

Autre aspect intéressant de cette nouvelle : Dell la relie directement au feedback recueilli sur Ideastorm, un site lancé en février dernier, où l’entreprise demandait aux internautes leurs suggestions, dans la plus pure tradition « Web 2.0 ». Les idées les plus populaires tournent presque toutes autour de Linux, du choix de système d’exploitation, de la préinstallation de Firefox et d’OpenOffice et du support matériel à code source libre.

Voyant cela, la compagnie a mené un sondage en ligne détaillé à propos de Linux. Le 28 mars dernier, elle lançait, sur son blogue, un message sans équivoque quant au support matériel. Le 18 avril, un billet apparemment anodin signalait que Michael Dell, le grand patron, venait de se doter d’un nouveau portable équipé d’Ubuntu. Et finalement, le 1er mai, le choix d’Ubuntu, comme distribution officielle de Dell, se confirmait.

Toute cette progression a été soigneusement orchestrée à partir du blogue du fabricant, Direct2Dell. Dans le dernier billet, on peut visionner une entrevue avec Mark Shuttleworth, le milliardaire sud-africain qui dirige le projet Ubuntu. La vidéo est présentée en Flash et disponible en téléchargement sous trois formats : Windows Media, MP4 et OGG, ce dernier étant un format 100% libre. Tiens, tiens… cela ne vous rappelle pas quelque chose ? 🙂


Ce billet a été publiée le 1er mai 2007 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.