Savez-vous à quoi ressemble une excision dite « traditionnelle » en Afrique ? Grâce à l’oeil tranchant du photographe Robert Skinner, finaliste du Concours canadien de journalisme 2004, je peux vous le montrer : cela ressemble à ça. Imaginez-vous maintenant dans la peau d’une jeune femme guinéenne ayant vécu cette horreur et qui, 20 ans plus tard, se réfugie à Montréal pour y mettre au monde une petite fille. Celle-ci acquiert de facto la citoyenneté canadienne et vous, bien entendu, vous invoquez le droit d’asile, conformément à la Convention de l’ONU relative au statut des réfugiés. Après tout, aucune petite fille au monde (et notamment pas une canadienne) ne devrait être tenue de supporter ça.
Mise à jour le 9 juin — Ouf ! Oumou Touré ne sera pas expulsée. Merci, Canada !
Imaginez que les fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada vous le refusent et, l’été dernier, décident de vous renvoyer dans votre pays en juillet 2007. Vous savez que le taux d’excision varie, chez vous, de 96 à 98 %. Bien entendu, vous remuez Ciel et Terre pour éviter ça, vous tentez de faire renverser la décision, vous obtenez le soutien de moult organisations humanitaires, mais cela ne donne rien. Pour conclure, imaginez que les seuls choix qui vous restent sont les suivants :
- Retourner dans votre pays où votre petite fille aura 9,7 chances sur dix de subir ce même traitement barbare;
- l’abandonner au Canada et avoir 9,7 chances sur dix de ne plus la revoir;
Vous choisiriez quoi, dîtes ?
Voilà le dilemne cornélien auquel est confrontée Oumou Touré, mère de la petite Fanta. Abandonner son enfant ou l’emmener avec elle pour qu’elle se fasse cisailler le clitoris à la lame de rasoir.
Mardi soir, heureusement, Radio Canada et la Presse Canadienne se sont enfin emparés de l’affaire. Souhaitons que la pression médiatique, une fois de plus, réussira là où la raison d’État a failli et que les autorités canadiennes renverseront, d’une manière ou d’un autre, cette cruelle décision. n’empêche que c’est quand même incroyable qu’il faille ameuter la presse pour en arriver là !
À vos blogues, citoyen ! Montrer donc à ces petits fonctionnaires bien nantis, dans leurs petits bureaux, calés sur leur fond de pension, comme le fil du Cinquième Pouvoir est tranchant !
PS : ce soir, c’est soirée Yulblog. J’ose espérer qu’on y discutera un peu plus de l’affaire Oumou Touré que de l’affaire Zeke qui, elle aussi, soit dit en passant, n’aurait jamais dû exister.
Une réflexion sur « Immigration et Excision Canada »