Une bonne nouvelle ne vient jamais seule. Mercredi dernier, Loto-Québec, la société d’État québécoise régissant les jeux et loteries, présentait son rapport annuel à la presse sous le titre « L’ère de la croissance continue est révolue à Loto-Québec ». Les esprits matérialistes comprenaient que la Société avait engrangé moins de profit et versé moins d’argent au budget consolidé de l’État québécois que lors des exercices précédents. Les esprits holistiques se consolaient en pensant que moins de gens avaient succombé au mirage du gain miraculeux, que moins de pauvres s’étaient appauvris davantage et que le ministère de la Santé et des services sociaux allait dépenser moins d’argent pour soigner les plus compulsifs d’entre eux. Mais ce n’est pas tout !
L’analyse révèle en effet que 72 % de la baisse enregistrée est attribuable à la Loi sur le tabac, entrée en vigueur l’an dernier, qui aurait éloigné de nombreux joueurs des bars abritant des loteries vidéos. Quelle bonne nouvelle ! Cela indique que la Loi sur le tabac est doublement utile, réduisant à la fois le tabagisme et le jeu compulsif.
Évidemment, MonChoix.ca, un site Web soi-disant associatif mais, en réalité, habilement manipulé par l’Association des manufacturiers de tabac (j’en suis toujours « membre », semble-t-il!), n’est pas du même avis. L’état des finances publiques l’inquiète plus que celle des Canadiens dont les droits fondamentaux, comme chacun sait, sont baffoués par les impératifs de santé publique.
Comme Loto-Québec est une vache à lait du gouvernement, Québec va peut-être prendre des moyens pour que les revenus de sa richissime société d’État retrouvent le chemin de la croissance. Solution : permettre aux clients des loteries vidéo de fumer dans des salons spécialement aménagés?
C’est effectivement une bonne solution pour un retour en arrière dont, heureusement, la majorité des québécois ne veut pas. L’industrie du tabac démontre une fois de plus son cynisme, espérant ouvertement que le gouvernement démocratique du Québec agira selon les lois mécaniques du capitalisme sauvage, plaçant l’intérêt de l’actionnaire avant celui du citoyen. Fort heureusement, ce ne sera pas le cas.
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