Contrairement à ce que certains peuvent penser, la « Baie James du XXIème siècle » ne consiste pas à développer de nouveaux mégaprojets hydroélectriques mais plutôt à ce qu’Hydro-Québec s’engage totalement dans la transition énergétique. Celle-ci passe pas un important changement de culture qui a peut-être déjà commencé. Son PDG prônait en effet récemment une communication plus responsable.
Hydro-Québec… et plus encore!
La transition énergétique implique de délaisser les hydrocarbures et de développer les énergies renouvelables. L’hydroélectricité en est une, mais c’est loin d’être la seule. Des alternatives comme que le solaire, l’éolien, la biomasse ou la géothermie doivent également entrer dans l’assiette énergétique des Québécois et y prendre une place de plus en plus grande.
Augmenter la résilience
À l’horizon 2030, en effet, la transition ne devra pas seulement avoir pour effet de réduire les coûts, augmenter les exportations et rendre notre économie moins polluante. Le réseau devra également gagner en robustesse afin d’augmenter l’autonomie et la résilience des Québécois face aux aléas climatiques, toujours plus extrêmes et imprévisibles. Aujourd’hui, l’approvisionnement énergétique des foyers et des entreprises est encore trop à la merci des « pannes d’Hydro ».
L’un des choix majeurs identifiés avant même la naissance du réseau Internet, outre son intéropérabilité, est celui du protocole IP dont la résilience lui permet de continuer à fonctionner en cas de panne d’une partie de ses composants. Un autre choix important datant de 1974 fut celui le « dumb network« , parfois traduit pas « réseau passif », ce qui signifie que l’intelligence du réseau se trouve non pas en son centre mais dans ses millions de terminaux. C’est ce qui a favorisé la prolifération exponentielle des contenus, applications et innovations de toutes sortes — et, en passant, c’est ce que les défenseurs de la neutralité du Net tiennent à préserver.
Une révolution économique et sociale
Une projection d’Hydro-Québec dans l’économie numérique du XXIème siècle ne peut pas ignorer ces principes fondamentaux. C’est pourquoi elle s’intéresse désormais à l’autoproduction d’électricité par des maisons intelligentes. Au cours d’une entrevue accordée au Journal de Québec, son PDG, Éric Martel, évoque ce que les Américains qualifient de « spirale de la mort« :
Si les gens commencent à autoproduire avec du solaire, ils consommeront moins. Mais on a autant de transformateurs, de fils électriques à acheter. Donc, les tarifs vont monter. Ce qui va rendre l’autoproduction encore plus rentable. C’est ça, la spirale meurtrière.
Une révolution culturelle
Pour arriver à développer un « smart grid » (réseau électrique intelligent) adaptés aux défis de notre époque, il va falloir changer la culture des décideurs politiques autant que celle de la société d’état. Vu la taille de celle-ci, ce ne sera pas chose facile. Cependant, si cette seconde citation d’Éric Martel est exacte et corroborée par les faits — gardons-nous quand même une p’tite gêne, — on est sur la bonne voie:
Il y avait une méfiance qui s’était installée envers Hydro-Québec, comme quoi on ne disait pas toujours tout, qu’on ne disait rien en fait. Maintenant, je leur dis : “Allez-y, on n’a rien à cacher et si on s’est trompé, on s’est trompé.”
Cette orientation s’inspire des principes de la communication responsable qui vise à informer plus qu’à contrôler, privilégiant le réel, la cohérence et la fiabilité. Elle intègre les valeurs du développement durable que sont la sincérité, la transparence et la collaboration et pose ainsi les bases d’une relation profondément renouvelée avec les citoyens. À suivre…
Pistes complémentaires
- Production décentralisée (énergie), Wikipedia (la version anglaise est plus complète)
- À la découverte de la Production Décentralisée, blogue de Wavestream (France), 2014
- La communication responsable: définition, Yonnel Poivre Le-Lohé (France), 2009
- Tableau de bord de la communication responsable, OCR, 2012 (PDF, 6,8 Mo)