À l'école «Buissonnière»

Vous vous demandez pourquoi les Américains dominent le monde? Ne cherchez plus : c’est parce qu’ils sont supérieurement intelligents.

George Buisson

Vous vous demandez pourquoi les Américains dominent le monde? Ne cherchez plus : c’est parce qu’ils sont supérieurement intelligents. Leurs services de traduction en ligne sont imbattables et les talents d’orateur du président Buisson forcent le respect, l’admiration — que dis-je, la soumission !

» Allocution buissonnière (Washington Post)
» Translation française (via Google Traduire)
» Exégèse médiatique ad nauseam (ibid)

La démocratie d'opinion

Denise Bombardier avait raison de rappeler, samedi dernier, aux lecteurs du Devoir, que la majorité des politiciennes et des politiciens sont des gens de conviction n’ayant rien à voir avec les bandits voleurs et corrompus qui se glissent parfois parmi eux.

Sondage ou élection?

Denise Bombardier avait raison de rappeler, samedi dernier, aux lecteurs du Devoir, que la majorité des politiciens sont des gens de conviction n’ayant rien à voir avec les bandits voleurs et corrompus qui se glissent parfois parmi eux. Reste qu’en « haut lieu », le pouvoir est affaire d’oligarchie et que l’on s’y méfie comme de la peste de ce peuple dont l’on prétend tirer sa légitimité. La vérité, c’est que le système électoral canadien tient systématiquement à l’écart du pouvoir des pans entiers de l’opinion. Il se résume à cette expression populaire : « Au plus fort la poche ! »

Curieusement, pourtant, les campagnes électorales canadiennes sont marquées par un autre type de scrutin — le sondage d’opinion — dont le résultat brut représente une sorte d’idéal n’ayant qu’un rapport très indirect avec l’issue formelle de l’élection. Cela tient, bien entendu, à la non-universalité des sondages, qui sont comme des cuillères plongées dans la soupe pour en tester le goût. Cela tient aussi, comme expliqué plus haut, aux distorsions du mode de scrutin lui-même, qui accorde le pouvoir à la minorité ayant conquis le plus de sièges de députés, la plupart du temps sans égard pour les autres. Il en ressort un large mécontement des électeurs, confrontés à de savants sondages calqués sur l’économie de marché n’ayant rien à voir avec le résultat empirique de la bataille électorale. Dans ce contexte, on peut dire que le gouvernement minoritaire est le seul garant d’un semblant de véritable démocratie.

En réfléchissant à tout ceci, il vient un autre mode de scrutin à l’esprit, que j’appellerai « scrutin proportionnel relatif à un tour ». Il s’agirait, tout simplement, d’appliquer la méthodologie des sondages à l’ensemble de la population, en tenant compte du positionnement relatif de chaque parti dans l’esprit de chaque électeur. Voici le type d’instruction qui serait donné à l’électeur :

Vous disposez de 10 points de vote. Répartissez-les dans les cases de la colonne de droite, en fonction de vos préférences relatives pour chacun des candidats :

Candidat Parti Points
Jean Chose Conservateur
Pierre Machin Bloc Québécois
Marie Truc Libéral
Lyse-Anne Bidule Verts
Bob Stuff NPD

Ainsi, l’électeur voterait pour plusieurs candidats et partis politiques, en dosant le poids de chaque vote selon ses préférences relatives. On répartirait ensuite les sièges disponibles selon une arithmétique restant à définir, mais qui s’inspirerait probablement du système allemand. Par exemple, on pourrait mesurer l’intérêt des électeurs pour le programme du parti national, d’une part, et pour leur candidat local, d’autre part. Il suffirait alors d’attribuer le nombre de sièges remporté par chaque parti aux candidats ayant obtenu, dans ces partis, la plus grande proportion d’adhésion personnelle.

Ainsi, le résultat serait donc doublement proportionnel et absolument conforme aux inclinaisons profondes des électeurs — pas seulement au moindre mal qu’ils choisissent actuellement. Les dérives partisanes, les « parachutages » et autres stratégies machiavéliques deviendraient moins gratifiantes. Le plus dur serait de bâtir une loi électorale acceptée par tous, parmi toutes celles que la subjectivité scientifique rend possible. Passé ce écueil, cependant, on se retrouverait avec un éventail de députés beaucoup plus ouvert qu’actuellement. Les caucus de parti en sortiraient presque toujours minoritaires et, donc, tenus de composer avec d’autres courants de pensée pour gouverner.

Une telle situation rendrait l’art du gouvernement plus difficile, certes, mais également plus subtil. Il s’agirait d’une véritable démocratie fondée sur le respect des opinions, le dialogue et la recherche de consensus acceptables, comme devrait l’être la vraie vie. En cas d’échec, les citoyens ne pourraient s’en prendre qu’à eux-mêmes et tenter de trouver des solutions par la persuasion et la négociation.

Parions qu’avec un bon système éducatif à la clé, la population s’accomoderait de la situation avec beaucoup moins de cynisme qu’aujourd’hui. Comme dit Alan Kay, la meilleure façon de prédire l’avenir est de l’inventer 🙂

La femme est l'avenir du démocrate

Pédiatre, agnostique, chilienne et, depuis dimanche, dixième femme actuellement à la tête d’un gouvernement, Michelle Bachelet nous permet de croire que l’exercice du pouvoir est bien une mission de service public et non une ambition finissant, au bout de la ligne (de parti), par vous faire perdre la raison.

Michelle Bachelet

Elle s’appelle Michelle Bachelet. Calme, souriante, dans la force de l’âge, elle incarne un style de leadership politique bien différent de ceux qui sont offerts aux Canadiens, ces temps-ci. Pédiatre, agnostique, chilienne et, depuis dimanche, dixième femme actuellement à la tête d’un gouvernement, elle nous permet de croire que l’exercice du pouvoir est bien une mission de service public et non une ambition finissant, au bout de la ligne (de parti), par vous faire perdre la raison.

Michelle Bachelet a remporté la victoire à la veille de l’assermentation de sa collègue libérienne, Ellen Johnson Sirleaf, première femme à occuper la présidence d’un pays africain. Cette femme d’État élégante, dont la mission ne s’annonce pas des plus simples, est issue de l’élite américano-libérienne. Économiste diplomée de Harvard, elle a obtenu ses galons au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et aux Nations-Unies, avant de servir plus directement son pays. Ce parcours d’apparatchik néo-libéral lui valut la présence, lors de son assermentation, de rien moins que la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, et l’épouse de l’oncle George, Laura Bush.

Madame Sirleaf n’a donc rien d’une révolutionnaire. Pourtant, sa présence à la tête de la plus ancienne république africaine, encore hantée par une guerre civile ayant fait 150 000 morts, est également le signe que tout redevient possible. On imagine mal, en effet, cette gentille mamie de 67 ans se transformer en seigneur de la guerre sous la pression tribale ou les tenailles de l’ambition. Ce qu’elle incarne, c’est le calme, la raison, la compassion et, à toutes fins utiles, l’espoir de la stabilité. Croisons les doigts.

En Europe, l’accession d’Angela Merkel à la Chancellerie allemande, en novembre dernier, revêt un caractère assez peu différent. Même si elle représente une formation conservatrice, Mme Merkel est issue de l’Allemagne de l’Est, grande laissée pour compte de la Réunification, et donc, dans une certaine mesure, un symbole de la rédemption des opprimés. Dernièrement, elle n’a pas hésité à marquer sa différence tant à Washington, où elle a officiellement désapprouvé les geoles américaines de Guantanamo, qu’à Moscou, où elle a réclamé plus de respect de la démocratie et des droits humains de la part du président Vladimir Poutine.

Mais le grand phénomène, ces jours-ci, reste sans conteste Michelle Bachelet. Son humanisme simple de médecin au service des plus faibles et sa volonté de servir pragmatiquement le peuple, jusqu’à se faire ministre de la Défense, malgré les souffrances d’un père torturé à mort dans les geôles de Pinochet, ne font strictement aucun doute. Elle a d’ailleurs promis de nommer autant de femmes que d’hommes à son cabinet. Si cette promesse se concrétise, cela suffira à faire inscrire son nom au Livre d’Or du genre humain. N’en déplaise à ce vieux thon de Maurice Druon, la docteure Bachelet y côtoiera le poète Aragon, auteur des premiers mots de cette épopée restant à inventer : « La femme est l’avenir de l’homme »…

Lutte à finir entre la matière et l'esprit

Autrefois, le clergé disciplinait les âmes, tandis que les industriels et les marchands régnaient sur la matière. Aujourd’hui, on vend des « produits culturels » qu’on distribue à moindre frais par Internet, sous forme immatérielle.

La main de Dieu sur un écran tactileL’Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres se bat contre le projet de loi Droits d’auteurs, droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) qui vise à concilier, en France, « le respect de deux valeurs d’importance égale : la légitimité de la rémunération des créateurs et l’accès du plus grand nombre à la culture et à la connaissance ». Une fois de plus, ce débat met en lumière l’impossible confusion entre le matériel et l’immatériel à laquelle nos sociétés sont confrontées.

Selon le gouvernement français, en effet, « la gratuité est un mythe, destructeur de la création la plus audacieuse et la plus innovante », ce qui légitime le recours, au profit des ayants droits, à des Mesures Techniques de Protection (MTP, ou DMR, pour Digital Rights Management, en anglais).

Selon l’AFUL, « L’affirmation selon laquelle ce projet de loi défendrait les artistes contre les tenants de la gratuité que nous serions censés être, procède de la désinformation. (…) L’objectif de ce projet de loi n’est pas simplement d’assurer que les oeuvres seront légalement acquises, mais bien plus qu’elles le seront à nouveau à chaque changement technique, décidé justement par ceux qui les vendent. » Et de citer l’exemple de Sony, qui introduisait récemment un logiciel espion dans ses CD musicaux afin d’empêcher ses clients de copier ceux-ci sur leurs ordinateurs.

*

Autrefois, les choses étaient plus claires. Le clergé disciplinait les âmes, tandis que les industriels et les marchands régnaient sur la matière. On vendait donc des partitions et des disques en vinyl, sans se soucier des copies de médiocre qualité qui circulaient un peu partout. Le curé n’y trouvait rien à redire.

Aujourd’hui, on vend des « produits culturels », pompeusement baptisés « oeuvres », qu’on distribue à moindre frais par Internet, sous forme immatérielle. La nature même des technologies numériques fait en sorte que ces produits peuvent être reproduits à l’infini, sans perte de qualité. Du coup, le marchand cherche à étendre son contrôle à l’immatériel, violant, au passage, la conscience et la vie privée de ses clients.

Psychologique, sa première arme fut la morale. Cela se traduisit par des campagnes de sensibilisation martelant en substance : « Ce n’est pas bien de copier ! ». La seconde fut le droit, donnant lieu à des poursuites judiciaires visant des mineurs de douze ans accusés de piratage. La troisième fut la technologie, qui rend effectivement un peu plus difficile les copies illégales et qui lui valut le renfort des grandes entreprises du secteur informatique, attirées par l’odeur du magot. Voici maintenant la menace politique, dernier verrou d’une stratégie visant à neutraliser coûte que coûte les vilains « corsaires » aux-couteaux-entre-les-dents que nous sommes.

Le problème, c’est que (1) l’exécution analogique d’une oeuvre culturelle numérisée et sa renumérisation seront toujours possible; (2) la dérive sécuritaire ne peut que se faire au détriment des libertés, notamment celle d’utiliser les technologies et les plateformes de son choix. Or, la nature des logiciels libres exige la transparence du code source tandis que l’interopérabilité nécessite des formats de fichiers normalisés. Ces exigences s’accordent assez mal avec les technologies hautement propriétaires des maîtres du secret industriel.

L’esprit n’est pas la matière et la culture n’est pas un commerce trivial. Le droit légitime de vendre des disques, des livres, des films ou des logiciels n’entraîne pas celui d’imposer à la société des choix technologiques rigides. L’interdiction de la rediffusion marginale d’oeuvres culturelles dans la sphère éducative ou privée équivaut, toutes proportions gardées, à la commercialisation de semences alimentaires stériles, l’un des plus grands scandales de notre temps.

En ce qui me concerne, j’achète légalement des chansons sur Internet et je m’empresse toujours de les renumériser en MP3 pour les mettre à l’abri sur un disque dur de réserve. Cela me permet de les lire indifféremment sous Windows, Linux, mes lecteurs audios et mon Palm. Quoi qu’ils fassent au plan technique, les industriels de la culture ne peuvent m’empêcher de commettre un acte aussi légitime et ce n’est certainement pas en le rendant artificiellement illégal qu’ils y arriveront.

Jouer au golf ou prendre son bain?

Qui l’eût cru ? La France, paradis de la polyculture au climat tempéré idéal, mosaïque de terroirs soigneusement drainés par la Seine, la Loire, le Rhône, la Garonne et le Rhin, la France, donc, risque bientôt de ne plus pouvoir mettre d’eau dans son vin.

Grenouille sous la doucheQui l’eût cru ? La France, paradis de la polyculture au climat tempéré idéal, mosaïque de terroirs soigneusement drainés par la Seine, la Loire, le Rhône, la Garonne et le Rhin, la France, donc, risque bientôt de ne plus pouvoir mettre d’eau dans son vin.

Après l’hiver aride de l’an dernier, « 2006 pourrait être aussi une année très difficile voire historique en matière de sécheresse. », a déclaré, la semaine dernière, la Ministre de l’Ecologie et du Développement durable, Nelly Olin. Elle exhorte les agriculteurs à choisir soigneusement, dès maintenant, leurs semences en fonction de la pénurie annoncée. Quant aux terrains de golf de la région — particulièrement touchée, l’an dernier — du Poitou-Charentes, ils devront réduire leur consommation d’eau de 30 % d’ici trois ans.

Vu qu’il n’est pas encore question d’interdire la toilette des citoyens, une recrudescence des odeurs corporelles dans le métro n’est pas à craindre — du moins, pas pour l’instant ;-}

Vive la Résolution !

Résolution pour l’année 2006 : tenter autre chose de plus utile, de plus logique, de plus osé — bref, de plus fort. Stay tuned, comme ils disent, mais ne soyez pas pressés.

?!
J’en ai un peu marre de tourner ma plume en rond sur cette page. Que dis-je? Qui suis-je pour le dire? Qui êtes-vous pour le lire? À quoi sers-je? Sommes-nous en-dehors du système médiatique, ce Dieu impitoyable et sans visage qui n’entretient nos espoirs que pour mieux les exploiter ou, au contraire, en sommes-nous, ici-même, l’instrument ? C’est le genre de questions dérangeantes que je me pose depuis quelques semaines. Résolution pour l’année 2006 : équilibrer de ma plume la flèche du monde au lieu de l’émousser au fond d’une mare d’encre noire. Reste à découvrir le sens profond de cette énigme 😕