C’est exact, mais comparons des pommes avec des pommes. Le 15 mars 2003, on en était à la troisième manif d’une série de quatre et les médias avaient un petit peu mieux rempli leur rôle. Par exemple, Le Devoir annonçait la manifestation record du 15 mars 2003 trois jours avant qu’elle n’ait lieu. Cette année, il n’en a parlé à ses lecteurs que le matin même. C’est un peu court, jeune homme, comme disait Cyrano.
Comment peut-on participer à une manifestation dont on ne soupçonne même pas l’existence? Le rôle des médias n’est certes pas de promouvoir toutes les causes ni de médiatiser tous les mouvements de contestation. Ceux-ci devraient par ailleurs s’assurer de mieux communiquer avec la population. Mais en ont-ils les moyens?
La journée de manifestations de samedi dernier a été décrétée au Forum social mondial de Bombay, le 19 janvier dernier. Ce matin-là, Le Devoir publiait une dépêche d’agence intitulée Les altermondialistes dénoncent les méfaits de la guerre et du militarisme américain. Trois mois plus tard, pas un mot sur la journée mondiale d’action pour la paix programmée en mars, qui constituait pourtant l’une des annonces factuelles les plus « sexy » — journalistiquement parlant — faites ce jour-là. Elle avait en plus des retombées locales directes pour les lecteurs. N’est-ce pas là une très regrettable omission?
Selon mon estimation personnelle, il y a eu au moins 5000 manifestants sortis de nulle part, à Montréal, samedi. Comparée à celle de la première manif anti-guerre de décembre 2002, c’est vraiment bien.
Ceci dit, la participation populaire ayant été très limitée, les slogans et le ton général faisaient un peu gau-gauche. Mon amie Ariane me faisait d’ailleurs remarquer qu’il est stupide de demander aux Américains de quitter l’Irak maintenant, étant donné l’état dans lequel ils l’ont mis. C’est vrai, mais si l’intelligentsia et les médias québécois avaient mis la population au parfum un peu plus tôt quant à cette manif, il y aurait eu plus de monde et les slogans auraient fatalement reflété cette diversité.