Méchant pays que l’Iran, où les coupables se désignent, se jugent et s’acquittent eux-mêmes et où les crimes se transigent au prix du sang.
Certes, l’assassinat sordide de la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi n’ajoute qu’une goutte du précieux liquide vital à la baignoire sanguinolente des ayatollas. Je parierais pourtant ma casquette de baise-bol que cette goutte-là a le potentiel de faire déborder le bain. Incident diplomatique. Prix Nobel de la Paix en renfort. Pressions politiques à l’ONU. Les ONG montent au créneau. Une petite contre-révolution laïque, avec ça?
J’aime bien les réactions iconoclastes de Stephan Hachemi, le fils de la victime. Il ne se gêne pas pour botter les fesses des responsables canadiens, maniant le meurtre de sa mère comme un témoignage accablant qu’il exige d’entendre jusqu’au bout. Avec sa gueule à la Marlon Brando, le jeune homme joue sur du velours médiatique car réclamer justice a autrement plus de poids à Ottawa qu’à Téhéran. Du coup, toutes les contradictions internationales, les compromissions d’État et les grands écarts diplomatiques apparaissent au grand jour.
En passant, je m’étonne de ne trouver presque pas de portraits de Zahra Kazemi sur Internet, hormis sa sempiternelle et peu avantageuse photo de passeport. Est-ce là le seul souvenir que le monde gardera de son visage ?