Trois éléments ont récemment refroidi mon ardeur à brocarder la décision de l’ENAP d’inviter Alain Juppé en son sein :
- La réaction de l’intéressé à la pluie de tomates québecoise qu’il a reçue ;
- les précisions apportées par Jacques Plamondon, lui-même professeur associé de l’ENAP et, accessoirement, président du conseil d’administration de mon employeur, qui relativise lui aussi les délits reproché à l’ancien premier ministre et présente des signes rassurants de sa stature morale ;
- Une conversation téléphonique avec mon père, indéracinable parisien de souche, qui prétend lui aussi que Juppé n’est pas la meilleure cible puisqu’il a peu péché à une époque où tout le monde trichait allègrement avec les règles officielles du financement politique.
Soit.
Reste néanmoins le symbole de la corruption agitée sous nos yeux et une sentence judicaire déjà adoucie qui se verrait presque annihilée, du coup, par le purgatoire du Cap Diamant. Il me semble que s’il voulait réellement « servir encore quelque part », Alain Juppé ferait mieux d’occuper son année à écrire le premier tome de ses mémoires (ce serait payant!) tout en réfléchissant sereinement et humblement au grand destin qui l’attend.
En parlant d’humilité, je me demande jusqu’à quel point sa soif de « servir » se distingue du plaisir qu’il éprouve à occuper le sommet de l’estrade sour les regards ébaudissants des badauds ébahis. Notez que je suis bien placé pour poser cette question puisque je ne rate jamais moi-même une occasion de me taire 😉