Gens d’affaires en quête de sens

Sustainable Development ReportingUn intéressant reportage sur l’éthique et les gens d’affaires était présenté, hier, à l’émission Second Regard de Radio-Canada. Les valeurs changent, au sein des entreprises, et les gens d’affaires commencent à avoir autre chose à cœur que le profit de leur entreprise.

Au cours de ce reportage signé Claude Sauvé, Patrick Beauduin, vice-président de la création convergente, Cossette Communication-Marketing, et professeur d’histoire de la communication à HEC Montréal, explique fort bien la teneur de cette sensibilité éthique en affaires qu’il qualifie d’émergente. Aux États-Unis, l’actionnariat « vert » représenterait 500 milliards de dollars ! Pour les investisseurs, la valeur éthique d’une entreprise représente une plus-value et celles qui n’en ont pas peuvent voir leur leur valeur financière menacées par la montée des exigences du public en la matière.

Photo d'ErikAux États-Unis, mon vieil ami Erik Thomsen, un scientifique réputé dans le domaine de l’intelligence d’entreprise, travaille depuis plusieurs années à l’élaboration de métriques servant à mesurer l’efficacité d’une entreprise en développement durable. Plus de 2000 entreprises produisirent des informations et des rapports détaillés, à ce sujet, en 2003. Le nouveau buzzword technologique qui accompagne ce virage, c’est le « Sustainable Development Reporting » (SDR).

D’ailleurs, Erik collabore avec le Global Reporting Initiative (GRI), un consortium international de normalisation s’affairant à mettre en place des outils et des concepts de SDR communs. Au Canada, 28 grandes entreprises en font partie, dont Alcan, Bell Canada, Hydro-Québec, Petro-Canada et la Banque Royale. Aux États-Unis, le GRI compte 88 membres — et pas moins de 86 au Royaume-Uni !

Un homme et ses déchêtsAlors, certes, les choix économiques logiques, fondés sur une éthique du développement durable et de la responsabilité corporative, sont encore tributaires des penchants personnels des gens d’affaires, comme l’explique l’une des protagonistes citées dans le reportage. Il ne fait cependant aucun doute qu’il s’agit également d’une décision commerciale et financière. Parions que l’économie logique sera la source d’opportunités extraordinaires. D’où l’urgence de s’intéresser, dès aujourd’hui, à cette nouvelle réalité.


Ce billet a été publiée le 8 mai 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

D'un paradoxe à l'autre

Ne cherchez pas à comprendre. Contentez-vous de remercier le ciel qui vous permet de vivre au purgatoire. Le purgatoire, ça c’est le paradis !

Deux têtes en chien de faïence

C’est curieux. Après 17 ans de résidence ininterrompue à Montréal, je me sens toujours comme Usbek, le témoin à l’oeil persan de Montesquieu. A mari usque ad mare, Two solitudes, les vies politiques québécoises et canadiennes, la dualité (ou duellité ?) du souverainisme et du fédéralisme, les chassés croisés cybernétiques des Partis Libéraux, à mon centre-gauche, la valse hésitante des péquistes et des Conservateurs, à mon centre-droit, ne cessent de m’émerveiller.

Hier soir, encore, j’ai été troublé par le flou artistique et civilisé qui règne sur la vie politique bicéphale du Québec, Canada. Il y a deux ans, nous vivions sous la terreur du couple Parti Québécois (centre gauche) à Québec + Parti Libéral (centre gauche) à Ottawa. C’était la guerre, les longs couteaux, la chronique permanente d’une rupture annoncée. Aujourd’hui, nous vivons à l’ère du couple Parti Libéral (centre droit) à Québec + Parti Conservateur (centre droit) à Ottawa. Ce n’est pas l’amour parfait, mais le mariage de raison. On se sourit. On s’encourage. Même le Bloc Québécois (allié du Parti Québécois, maintenant devancé par les Conservateurs dans les sondages) n’a d’autre choix que de ménager le gouvernement auquel il est censé s’opposer, puisque sa base électorale est pratiquement la même.

Quand les péquistes sont au pouvoir à Québec, on dirait que les Canadiens (y compris les 50 et quelques pour cent de fédéralistes québécois) s’empressent de jeter de l’huile sur le feu en élisant les Libéraux. Depuis la grande bataille de l’Amiral Trudeau contre le Général Lévesque, au seuil des années 80, ces deux partis de centre gauche mettent l’âme du pays à feu et à sang. Survient ensuite une ère canado-conservatrice et libéralo-québécoise (Bourassa vs. Mulroney, de 1985 à 1993, par exemple), de centre doit, et les choses se tassent un peu, tant bien que mal, jusqu’à la prochaine double alternance.

Quant les Québécois sont gouvernés par des gens sans états d’âmes patriotiques ne pensant qu’à leur prospérité économique, version mondialisante, ils semblent presque apaisés. Lorsqu’ils portent au pouvoir des gens qui, au contraire, leur veulent soi-disant le plus grand bien, et qui enchassent leurs libertés individuelles dans de grandes chartes concurrentes, c’est le bordel communautaire. Allez comprendre…

Ou plutôt, non. Ne cherchez pas à comprendre. Contentez-vous de remercier le ciel qui vous permet de vivre au purgatoire. Tous les grands voyageurs à l’oeil persan vous le diront : les paradis tropicaux ne sont, le plus souvent, que des enfers. Le purgatoire, c’est le vrai paradis! ;->

D’une conférence à l’autre

Je n’ai guère le temps de développer mon site web — problème classique chez les travailleurs autonomes en phase de démarrage. Les minutes de mes journées sont partagées entre mes activités de soutien pour le RISQ, de développement de contenus presse pour Porter Novelli et l’organisation de deux conférences et un séminaire. Ouf!

RISQ 2005Depuis janvier, je collabore notamment de près à l’organisation de la Conférence sur les logiciels libres dans les administrations publiques (CLLAP 2006) qui aura lieu les 23 et 24 mai, à Québec. Mon rôle consiste, entre autres, à superviser le comité d’organisation logistique, à réserver les billets d’avion et l’hébergement des conférenciers et à maintenir à jour le site Web de la conférence. Parallèlement, je donne un coup de main à Richard Labrie, membre du Comité de pilotage technologique de l’Université du Québec, afin d’organiser, début juin, un séminaire privé d’une journée sur le même sujet.

Ces jours-ci, je vais également lancer le plan de commandite et l’appel à communication de RISQ 2006, le colloque annuel du RISQ, tout en développant le site Web de cet événement dont j’assume l’organisation logistique depuis trois ans. Bref, les minutes resteront vraisemblablement comptées jusqu’à début juin. Stay tuned!


Ce billet a été publiée le 19 mars 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Petit à petit, Cisco fait son nid

Oiseau faisant son nid

Comme de nombreux résidents du Québec, je suis récemment passé à la téléphonie IP et j’ai pris un numéro chez Babytel. J’ai voulu acheter un routeur «voix-sur-IP» (VoIP) sans fil à ce fournisseur, mais l’interface de configuration téléphonique du boîtier Linksys qu’il revend est verrouillée. Lui seul peut procéder à cette configuration. Ce n’est pas sa décision, parait-il, mais celle de Linksys, qui impose un reseller agreement explicite à cet égard : interdiction de laisser au client le contrôle de son service de voix. Vérification faite, au Québec, sur le marché grand public, on ne peut acheter de routeur WAN/VoIP Linksys que dans le cadre d’une offre incluant le service et sans pouvoir en changer par la suite — à moins de jouer les Robin-des-voix.

Conséquence première: si, demain, je voulais profiter d’une offre concurrente, je ne pourrais le faire sans acheter un autre routeur (comme au bon vieux temps des technologies propriétaires du modem 1X de Bell), perdant ainsi mon premier investissement. Il est évidemment stupide de payer un équipement qui vous rend dépendant d’un seul fournisseur.

Deuxième conséquence : j’achète une pièce d’équipement qui comporte d’emblée une porte dérobée à l’usage de mon fournisseur de service et dont je suis en droit de me demander jusqu’à quel point elle ne constitue pas une brèche de sécurité majeure dans mon réseau local. Voilà qui est très inquiétant, comme nous allons le voir plus loin.

Car ce qui est plus inquiétant encore, c’est que, depuis 2003, Linksys appartient à Cisco Systems. Or, Cisco équipe les centres réseaux d’un grand nombre de compagnies de télécommunication de ses équipements. Avec Linksys, elle contrôle maintenant le point d’entrée des clients en bout de ligne et jusqu’à leur réseau local privé. En imposant des politiques restrictives à ses revendeurs indépendants, elle les éduque à ce que sera demain l’ordre établi de l’Internet commercial : tout le contrôle au centre, un simple droit d’usage à péage en périphérie (1). C’est toute l’architecture philosophique d’Internet, fondée sur un réseau stupide et des clients intelligents, qui s’en trouve renversée.

Lorsque j’ai écrit au service à la clientèle de Cisco pour qu’on me dise de quelle façon je pourrais me procurer un routeur WRT54GP2-NA (NA signifiant « débarré ») pour mon usage personnel, quel que soit le fournisseur de téléphonie IP que je choisisse, j’ai reçu cette réponse:

The NA products requires special authorization to resell. That’s why you will not see it in a retail store. Here’s a link to a reseller where you can find an open source Linksys wireless voice router: http://www.voipsupply.com/product_info.php?&products_id=1628

C’est drôle, ce n’est pas moi qui ai mentionné le terme d’open source. Comme si les seules personnes réclamant un routeur indépendant de toute offre de service étaient celles qui veulent exploiter leurs propres services SIP. Il faudrait donc trouver une façon bien camouflée de les amadouer en laissant un seul modèle « neutre » accessible dans une obscure boutique spécialisée.

Pour conclure, je me suis trouvé bien smart de commander une boîte non verrouillée du fabricant Sipura, modèle que distribue notamment le fournisseur canadien Acanac. Manque de pot, j’ai appris depuis que Sipura a été rachetée l’an dernier par Linksys, elle-même propriété de Cisco . Je peux encore utiliser ma boîte comme je l’entends, mais pour combien de temps?

Plus Cisco fait son nid, plus le mien bat de l’aile.

—–
(1) Voir, à ce sujet, Hijacking the Internet, par Jeff Chester via Center for Digital Democracy [retour au texte]

RFID : Read the F*ing Identity Disaster

Photo: code-barre imprimé dans la nuque

Très inquiétant, cet article, paru dans le dernier numéro d’ITWorldCanada, sur la technologie RFID (Radio Frequency IDentification). S’il ne fait pas attention, le genre humain va, encore une fois, enfanter un monstre qui le mettra salement en danger.

Imaginez que votre employeur pourrait vous injecter, dans le bras, une puce électronique de la taille d’un grain de riz contenant la clé qui vous permet d’entrer dans votre bureau le matin. Non, ce n’est pas de la science-fiction. C’est VeriGUARD, un produit bien réel mais dont, j’espère, vous n’entendrez plus jamais parler! Son fabricant offre également, dans sa boîte de Pandore, VeriMED, la puce à injecter dans le bras des patients d’hôpital, et Hugs, la laisse électronique des nouveau-nés.

Si le sujet vous intéresse :

  • Article de l’ami Nelson sur RFID et vidéopodcast sur les solutions de Cactus Commerce, une entreprise proche de Microsoft basée à Ottawa.
  • On the identity trail, groupe de recherche interdisciplinaire sur les technologies et les politiques reliées à la gestion de l’identité.
  • The identity corner, carnet du Dr. Stefan Brand (prof adjoint à McGill University et président de Credentica) sur tout ce qui se rapporte à la gestion numérique de l’identité et, notamment, au RFID.

Pauline Marois : repli réel ou stratégique ?

Tout a été dit sur l’exemplarité de la carrière de Pauline Marois. La longue succession d’atermoiements et d’échecs de ses prédécesseurs masculins a fait en sorte qu’après l’heure, ce ne soit plus son heure. À moins que…

Exit Pauline Marois

Deux jours après que Pauline Marois se soit retirée de la politique, tout a été dit sur l’exemplarité de sa carrière et les raisons lui ayant fait perdre le feu sacré. La vent de renouveau générationnel qui sévit, actuellement, au Parti Québécois, lui a fermé la porte du dernier poste d’importance pouvant encore la motiver, celui de Chef du Parti et Première Ministre. Seulement voilà. La longue succession d’atermoiements et d’échecs de ses prédécesseurs masculins a fait en sorte qu’après l’heure, ce ne soit plus son heure. À moins que…

On le sait, au cours des dernières années, le soutien populaire au Parti Québécois a subi l’usure provoquée par la longue succession des gouvernements Parizeau, Bouchard et Landry qui ne l’ont mené nulle part. Le positionnement du Parti n’est plus très clair pour personne. Est-il à gauche, au centre ou à droite? Est-il souverainiste ou simplement nationaliste? Est-il social-démocrate ou néo-libéral? Est-il bon ou mauvais? Est-il efficace ou nous fait-il perdre trop d’occasions? Bien malin qui peut répondre sans se tromper à ces questions.

Bref, « Pauline » — comme l’appelle le Québec tout entier — « Pauline » paie aujourd’hui pour l’échec des hommes de sa génération. Face à un Jean Charest éternellement coincé entre l’arbre et l’écorce, elle était sans doute la mieux placée pour mener les troupes souverainistes à leur Grand Soir, mais sa longue feuille de route de lieutenant fidèle et solidaire l’a rendue redevable d’un héritage trop lourd à porter. Encore une fois, une femme paie le prix de l’échec des hommes qu’elle a loyalement et brillamment servis.

Reste une lueur d’espoir, cependant. Lors de sa conférence de presse, Pauline Marois ne s’est pas commise à renoncer définitivement à la politique. « On ne dit jamais « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau. », a-t-elle sagement déclaré en conférence de presse. On peut en déduire qu’en cas de nouvel échec du PQ aux prochaines élections, « Pauline » sera là, souriante, conciliante, régénérée et, surtout, disponible, pour reprendre le flambeau d’un André Boisclair en difficulté.

Ce n’est pas si idiot que cela, après tout. En rempilant au gouvernement comme on pointe à l’usine, par habitude ou par ténacité, Mme Marois serait restée dans l’ombre de son parti et aurait continué à en assumer les bons et mauvais coups. En lâchant prise, elle ira puiser, dans la société civile, une nouvelle énergie, une vision élargie de la vraie vie et, surtout, une certaine virginité d’image qui ne pourra lui faire que du bien. Si les choses tournent mal pour M. Boisclair, s’il se retrouve, lui aussi, coincé entre l’arbre et l’écorce, elle sera ainsi en excellente posture pour revenir sur le devant de la scène et incarner, cette fois, le renouveau et le charisme contre l’usure et la langue de bois.

Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? C’est cette même stratégie qui a permis à André Boisclair de s’imposer contre elle, il y a quelques mois, malgré les formidables handicaps de la jeunesse, de la cocaïne et de l’homosexualité. Décidément, « Pauline » apprend vite !

Partage de musique et information responsable

Il y a un parallèle intéressant � noter entre la volonté du show business de garder les citoyens captifs en luttant la libre copie des oeuvres musicales et celle de certains médias d’information de ne jamais citer leurs sources.

Le danger, sur la Toile, ce sont les chaînons manquants.

Le webzine d’affaires technologiques bénéfice.net rendait compte, ce matin, d’une intéressante étude commanditée par la Canadian Recording Industry Association (CRIA). Selon cette recherche, il semble que le P2P ait une incidence beaucoup moins néfaste au commerce de cette industrie qu’elle ne l’affirme habituellement. Petit problème : l’article ne donne aucun lien d’information complémentaire, ni vers les sites Web de la CRIA et de Pollara, le cabinet de recherche, et encore moins vers le rapport d’étude.

Résultat : comme j’étais désireux d’en savoir plus sur la méthodologie employée, les commentaires des auteurs, les autres informations révélées par cette étude, j’ai dû consacrer 20 minutes à :

J’admet que ce long et fastidieux parcours n’a pas été inutile, puisque j’y ai appris plusieurs choses intéressantes, comme l’adresse du carnet de Michael Gest et les derniers chiffres, plutôt rassurants, des ventes de disques de l’industrie musicale canadienne. Ces ventes auraient, en effet, grimpé de 16 % depuis l’an dernier, entraînant une hausse du chiffre d’affaires global de l’industrie de 9 %. Pas mal, pour une industrie en voie de disparition!

Ceci dit, il y a un parallèle intéressant à noter entre la volonté du show business de garder les citoyens captifs en luttant contre la copie des produits musicaux et celle de nombreux médias d’information de ne jamais citer leurs sources. Dans les deux cas, les citoyens vraiment décidés finissent toujours par obtenir ce qu’ils cherchent. Dans les deux cas, leurs fournisseurs de biens culturels seraient plus avisés de jouer le jeu de la transparence et de la valeur ajoutée plutôt que de lutter contre un courant irrésistible risquant de leur faire perdre toute crédibilité.

Avant de quitter Multimédium, un webzine que j’ai édité quotidiennement de 1997 à 1999, j’avais publié mon testament de cyberjournaliste. J’y affirmais que le journalisme en ligne se distingue, entre autres, par la révélation de ses sources complètes, ce qui est possible grâce aux technologies numériques et à l’abolition des limites spatiales et temporelles propre aux médias en ligne. Je le pense toujours aujourd’hui et je parie même que ce mouvement « open source » de l’information ne fait que commencer.

Première sortie sur le Web

Le site Web d’Economie Logique a été mis en ligne à la mi-mars 2006, quelques semaines après le démarrage de ma petite entreprise. Ceux qui me connaissent ne seront pas étonnés de voir qu’il s’agit d’un « Xoops », un système de gestion de contenu très versatile que j’ai déjà utilisé à plusieurs reprises, notamment pour le RISQ.

Première sortie sur le WebAu cours des prochaines semaines, j’espère trouver le temps de développer les contenus de ce petit site corporatif, qui comprendra essentiellement mon offre de service et un extranet réservé à mes clients. Ensuite, je compte également créer, sur un autre domaine, un portail collaboratif d’information et d’analyse portant sur la nouvelle économie du développement durable et la communication responsable. Si ce projet vous intéresse, contactez-moi.

Première sortie sur le Web
Première sortie sur le Web

Ce billet a été publiée le 19 mars 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Marketing psychochimique

Il fut un temps où les gommes à mâcher fleuraient bon les produits naturels. Désormais, on mâche sans broncher de la gomme au choc extrême (sic), à la fusion extrême (sacre!), voire au voltage extrême (gawd!).

Packet de gomme au Choc Extrême

Il fut un temps où les gommes à mâcher fleuraient bon les produits naturels. Bourrées de sucre et de produits chimiques, elles affichaient des saveurs rassurantes de menthe, fraise, cannelle ou citron. Puis vînt le temps de la gomme soi-disant* sans sucre et des adjectifs abstraits : menthe poivrée, citron glacé, cerise givrée ou cannelle infernale. Aujourd’hui, les fabricants n’ont plus besoin de recourir aux référents naturels car leurs clients mâchent sans broncher (ou presque) de la gomme au « choc extrême » (sic!), à la « fusion extrême » (sac’!), voire au « voltage extrême » (souc!).

Nourris de culture pétrochimique, les aventuriers de la mâchoire perdue se rassurent sans doute en lisant la liste des ingrédients : malitol*, sorbitol*, base de gomme, gomme arabique, arômes naturels et artificiels, glycérine, mannitol*, lécithine de soja, colorant, aspartame* et acesulfame-potassium*. Que de choses familières !

À quand la pizza aux gondoles vénitiennes, le potage au feu de bois et le roti de protéines extrêmes ? Patience, patience, cela ne saurait tarder.</p>


NB : Tous ces produits* sont des alternatives plus ou moins naturelles à ce bon vieux sucre !

Qui gouvernera l'Internet ?

Le chapitre québécois de l’Internet Society (ISOC Québec) avait invité ses membres à un « 5 à 7 », hier soir, afin de discuter de la gouvernance d’Internet. Finalement, ce fut un « cinq ascètes »…

Sceptre et planisphère connectée

Le chapitre québécois de l’Internet Society (ISOC Québec) avait invité ses membres à un « 5 à 7 », hier soir, afin de discuter de la gouvernance d’Internet, telle qu’elle a été abordée au Sommet mondial sur la société de l’information de Tunis, en novembre dernier, et telle qu’elle doit se définir au fil des travaux du Groupe de travail sur la gouvernance d’Internet (WGIG). Luc Faubert, le président de l’association, a présenté aux « cinq ascètes  » ayant pris la peine de venir bavarder avec lui un topo détaillé sur la question. Merci à lui et honte aux absents !

La position de Luc est assez bien résumée dans un article qu’il publiait récemment sur le blogue des ambassadeurs de l’ISOC-Monde, un groupe select dont nous sommes chanceux, internautes québécois que nous sommes, qu’il fasse partie. En gros, l’Union internationale des télécommunications (UIT) déplore la perte d’influence qu’elle subit avec la montée en puissance des réseaux IP. Afin de prolonger son règne, elle espère arriver à prendre le contrôle de l’Internet. Face à elle, des groupes disparates représentent une multitude d’intérêts, mais ils ont au moins un point commun : la décentralisation de l’Internet et ses principes de gouvernance participatifs font bien leur affaire.

Sans être exhaustif, j’ai noté quelques petites choses intéressantes :

  1. Nous devrions surveiller de près les travaux du Forum de gouvernance de l’Internet (IGF) qui rassemble tous les acteurs, y compris les gouvernements, les entreprises, les ONG et les représentants de la société civile. Même si ses recommandations n’ont pas de caractère exécutoire, elles exerceront une grande influence sur l’avenir du réseau mondial. Fait à noter : cette entité ménage une place égale à tous les acteurs et ce serait une première au niveau des instances de gouvernance mondiale.
  2. Certains pays, qui ont appris a apprécier les vertus du modèle, ne souhaitent pas de changements majeurs (USA, Canada, Australie, Japon et quelques autres), selon le vieil adage « if it’s not broken don’t fix it ». D’autres préfèreraient, au contraire, que les gouvernements exercent l’essentiel du contrôle (Chine, Brésil, Iran et Pakistan). Plusieurs pays africains favorisent la montée en puissance de l’UIT, en partie par reconnaissance pour les généreuses subventions qu’elle leur verse. Certains pays européens, enfin, se méfient des Américains par principe — notamment les irréductibles Gaulois.
  3. Si nous voulons que nos valeurs canado-québécoises (esprit d’ouverture, tolérance, respect de la diversité) soient prises en compte, nous devons nous impliquer directement dans les discussions. L’association qui, par excellence, représente notre société civile en ligne, l’ISOC-Québec, est un bon véhicule pour y arriver.

Que celles et ceux qui sont sensibles à cet appel ne se le fassent pas dire deux fois. On se renseigne ici, on devient membre et on cogite tous ensemble vendredi prochain. Comme d’habitude, les absents auront tort. Plus précisément, ils n’auront pas *voix* au chapitre 🙂

Avenir énergétique et démocratie

Des chercheurs anglais viennent de réaliser un bel exercice de transparence démocratique en interrogeant leurs concitoyens sur l’avenir énergétique du pays.

Dépôt d'un bulletin de vote dans une cheminée nucléaire

Des chercheurs anglais viennent de réaliser un bel exercice de transparence démocratique en interrogeant leurs concitoyens sur l’avenir énergétique du pays. Une écrasante majorité (94 %) de Britanniques s’entend pour dire qu’il faut absolument trouver des solutions à la crise climatique entraînée par la surconsommation d’énergies polluantes. La réduction de cette consommation (69 %), l’utilisation accrue d’énergies renouvelables (68 %) et l’avènement de technologies plus efficaces au plan énergétique (54 %) figurent parmi les solutions largement plébiscitées.

En revanche, le remplacement des centrales atomiques arrivant bientôt en fin de vie oppose 34 % de pour à la même proportion de contre. Pour les chercheurs, cela signifie que les politiciens ne peuvent pas s’engager dans cette voie-là sans se préoccuper d’abord de la fracture potentielle qu’ils créeraient ainsi dans l’opinion. Il faudra obtenir, par l’information ou la mise en place de garde-fous acceptables, l’adhésion d’une plus grande frange de la population, tout en réduisant le carré des opposants au nucléaire.

Tout un défi pour les collègues de Tony Blair ! Grâce à l’étude des chercheurs de la University of East Anglia, ils ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas été avertis.

Cette étude a été cofinancée par le Leverhulme Trust (un fonds philantropique de financement de la recherche), le Economic and Social Research Council (une agence publique qui fait la même chose) et le Tyndall Centre for Climate Change Research (un groupe de réflexion pluridisciplinaire sur les changements climatiques).

En attendant que Microsoft disparaisse

Ce soir, c’est décidé, je vais commettre le crime parfait de lèse-liberté. Je vais proclamer haut et fort, ici-même, que Windows XP est un excellent système, ou du moins le moins mauvais, en ce qui concerne mon usage personnel.

Le massacre des bébés pingouns

Ce soir, c’est décidé, je vais commettre le crime parfait de lèse-liberté. Je vais proclamer haut et fort, ici-même, que Windows XP est un excellent système, ou du moins le moins mauvais en ce qui concerne mon usage personnel. Un peu comme la démocratie, qui est loin d’être parfaite, était le système politique le plus acceptable au temps de Winston Churchill.

  1. Vous achetez l’ordi, vous poussez le bouton et, oh miracle! ça marche! Ceux qui disent que Windows XP n’est pas stable exagèrent, ne le connaissent pas ou l’utilisent en dépit du bon sens.
  2. Vous avez le choix entre des millions d’applications parfaitement fonctionnelles, gratuites ou payantes, libres ou propriétaires, en passant par l’intéressant concept du partagiciel.
  3. Vous pouvez brancher dessus des tonnes de périphériques qui fonctionnent immédiatement et sans nécessiter de triturer des fichiers de config ou de recompiler son noyau de pêche.

Mac OS… ah! Mac OS… Qu’y a-t-il de plus propriétaire et de plus fermé qu’un ordinateur Mac? Son système d’exploitation est très chic, certes, et très sophistiqué — pour ne pas dire élitiste. Jusqu’à maintenant, il ne fonctionnait que sur les machines fabriquées par La Pomme, sa généreuse (et pernicieuse) Maman. Vous allez me dire que ce n’est plus vrai, que Mac OS X est d’ailleurs basé sur Unix — une version proprio de Unix, bien sûr — mais tout ceci n’est-il pas, justement, le résultat d’une amère défaite face à la normalisation matérielle des PC ?

Linux… ah! Linux! Politiquement, philosophiquement, j’adore. En pratique, je n’ai jamais étudié l’informatique à l’école et, même après trois mois de cours du soir Linux, au Cégep Gérald-Godin, j’ai du mal à me satisfaire des fonctionnalités réduites de mon portable Toshiba sous Xandros OS (le Linux pour les nuls!), Mandriva ou Ubuntu.

  • Si je veux continuer à faire du montage vidéo numérique dans des conditions acceptables, mieux vaut que je conserve une partition Windows à côté.
  • Ni Nvu ni Quanta Plus ne m’offrent autant de satisfactions et d’efficacité pratique que Macromedia Dreamweaver.
  • Les tonnes d’outils de communication, de design ou de productivité, tranquillement maîtrisés sous Windows, n’ont souvent que de pâles équivalents sous Linux (chacun ses habitudes, après tout !).
  • Comment arriver à faire marcher ce @$/! de contrôleur Firewire livré avec mon Toshiba????
  • Où trouver le pilote de cette @$/!* de webcam Logitech?
  • Ai-je le temps, croyez-vous, de consacrer à ces broutilles des semaines entières de recherche, d’essai/erreurs et d’apprentissage par l’absurde?
  • Tabarnak! Même pas moyen d’installer ce pilote NTFS qui me donnerait accès, en lecture/écriture, à mes fichiers vidéos, acquis sous Windows, de plus de 4 Go! Faut que j’installe les sources du noyau, parait-il, mais C’EST DÉJÀ FAIT et ce maudit script d’installation ne le reconnait même pas!
  • Où est le soutien technique digne de ce nom qui me permettrait de ne pas regretter les 130 dollars investis dans ma licence commerciale de Xandros?
  • Où est cette communauté d’appropriation soi-disant « facile » de l’informatique libre qui devrait m’aider à échapper à cet infâme cercle vicieux? Ce n’est pas d’une « install fête » de quelques heures, dont j’ai besoin, mais d’une patiente formation à une informatique complexe, mal documentée et mal organisée.

Pourquoi suis-je membre de FACIL, pensez-vous?

  • Je l’ai écrit plus haut : politiquement, philosophiquement, j’adore. De façon cyclique, je suis prêt à souffrir pour la cause — jusqu’à ce que j’en aie assez et que je me rabatte à nouveau sur Windows.
  • Heureusement, aussi, je suis webmestre à mes heures et je n’ai aucun (hum… soyons honnête, peu de) problème à faire fonctionner mes serveurs Linux ou Unix. Mes besoins, à ce niveau, sont moins complexes et les résultats me satisfont pleinement.
  • Des tonnes de logiciels libres fonctionnent aussi sur Windows, fort heureusement, et ils me rendent d’excellents services, sans me rendre à moitié fou.
  • J’aime les gens qui ne jurent que par les logiciels libres. Ils me fascinent par leur capacité technique à maîtriser cet environnement dont la logique m’échappe. Ils stimulent mon esprit par leurs prises de position rebelles, en marge de l’establishment commercial et en phase avec une philosophie plus exigeante, plus juste et plus humaine que je pense partager avec eux.
  • Je suis convaincu que les institutions d’enseignement, de santé et toutes les administrations publiques auraient un intérêt majeur à investir dans les logiciels et plateformes libres plutôt que dans leurs concurrents propriétaires. À terme, la manne de talents et de moyens prodigués par l’État devrait d’ailleurs faire disparaître les freins affectant ma capacité à adopter ces plateformes dans ma vie informatique quotidienne.

Quand j’entends parler, pour la 357ème fois, d’une action contre Microsoft visant à obtenir le remboursement de Windows, cependant, je décroche. Certains affirment que Linux n’est pas une religion, mais je ne vois pas d’autre explication à une telle démarche d’arrière-garde.

  1. Tout le monde sait, maintenant, que Microsoft a souvent abusé de ses positions commerciales dominantes. Il n’y a plus rien à prouver et les limites du droit, à cet égard, ont déjà été atteintes. Il y a mieux à faire.
  2. Mettre sur pied des entreprises à action positive qui renforcent l’efficacité du Libre, pour le commun des humains formatables, par exemple.
  3. Créer une permanence FACIL d’entraide, le samedi après-midi — un autre exemple — afin de dépanner les congénères aux prises avec un problème insoluble.
  4. Renforcer les équipes de développement des produits libres multiplateformes, comme Mozilla, OpenOffice ou GAIM, pour en citer trois.
  5. Documenter des solutions viables pour les besoins spécifiques (édition Web, multimédia, périphériques mal supportés, Wifi 54G, etc.).
  6. Aider Xandros (une compagnie canadienne!) à franciser et à documenter rapidement sa Debian, peu importe qu’elle soit « community », « hallal » ou « casher », peu importe qu’elle soit payante ou gratuite. C’est une distro Linux pour les nuls et c’est exactement de cela dont « la cause » a besoin.

Fin du sacrilège. Et maintenant, à quoi dois-je m’attendre ? Des bâtons ou débattons ?

Soyons pragmatiques et efficaces. Si les humains composant la vaste communauté du Libre y arrivent, leurs bases philosophiques, économiques et technologiques sont si solides que Microsoft n’existe plus.