Cynisme dans l'urinoir

L'urinoir du Novotel Montréal Centre est rempli de cubes de glace et de quartiers de citron frais

À l’époque des superlatifs stériles, certains designers perdent leur âme dans le mauvais goût. L’urinoir de l’Hôtel Novotel Montréal Centre offre un très bel exemple de surenchère cynique. On y pisse dans des cubes de glace parsemés de quartiers de citron frais. Bien entendu, le citron à bon goût et la glace évoque la pûreté. Le passage du pipi à travers ce mélange, qui constitue une richesse rare pour les deux tiers de l’humanité, concasse néanmoins les valeurs morales de cinquante siècles de civilisation. L’arrière-goût est amer.

Celles ou ceux qui ont imaginé une telle association symbolique avaient probablement le désir de créer « la référence en termes d’innovation dans l’hôtellerie midscale » (sic). Étaient-ils cependant obligés d’être aussi pauvres d’esprit ? Les gestionnaires ayant acheté leur idée l’ont sans doute trouvée rafraîchissante, mais comment ont-ils fait pour ne pas percevoir sa touche glaciale de cynisme révoltant ?

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », écrivait déjà Rabelais il y 500 ans. L’avertissement est toujours valable et il s’applique à de nombreux domaines d’activité humaine. La technologie, la création, la communication et le marketing ne sont pas les moindres. Pensez-y bien !

Portrait de blogueur: Kim Gjerstad

Ancien webmestre de Radio Okapi, la radio des Nations-Unies en République démocratique du Congo, puis d’une ONG environnementale oeuvrant dans ce pays ravagé par trente années de guerre, Kim Gjerstad est l’auteur d’un blogue atypique. Plus de détails sur nayezpaspeur.ca, le blogue de Philippe Martin.

Pour rompre avec les deux portraits féminins précédents, finis les chants d’oiseau et les vignettes bucoliques d’introduction. Rien de mieux qu’un bon coup de poing dans les oreilles pour évoquer le Congo — et puis cela fera plaisir à Guillaume Marin ;).

Comme d’habitude, Le clip est tourné en une seule prise, sans autre effet de montage que l’incrustation des sous-titres et de quelques saisies d’écran. Le rythme et la densité du propos sont évidemment très différents de ceux du huitième portrait de blogueur, celui de Philippe Martin lui-même, entièrement réalisé par Vero.b.

En passant, j’aime beaucoup le travail qu’a fait Véro avec ce portrait en plan ultra-serré. Ceci dit, le ratio 3:1 (45 minutes de tournage condensées en 12:45 minutes) a, selon moi, deux défauts :

  • Au plan technique, il allonge énormément le temps nécessaire au montage, ce qui rend la production des clips plus longue et donc plus coûteuse en temps ou en argent. Bien entendu, l’endos de la médaille est que le propos est plus dense, donc plus excitant.
  • Du coup, cependant, on s’éloigne de la réalité que l’on maquille, tronque, corrige, en la faisant paraître légèrement différente de ce qu’elle est réellement. On acquiert ainsi une partie des défauts des médias électronique traditionnels qui mettent trop souvent en scène l’information de façon à la rendre plus excitante, plus accrocheuse.

Le second point me semble le plus important. En ce qui me concerne, je ne me sens pas l’étoffe d’un artiste, mais j’aime à croire que je fais un travail de collecteur d’information honnête. Depuis toujours, l’un de mes objectifs consiste à offrir à mes lecteurs, dans la mesure du possible, l’intégralité des sources auxquelles je puise.

C’est pourquoi le cahier des charges proposé par Philippe (une seule prise; le moins de post-production possible) me convient tout à fait. Le résultat est plus réel, plus conforme à l’esprit du « journalisme citoyen ». À l’écran, les gens disent ainsi ce qu’ils ont à dire comme ils l’ont dit et ils ont l’air de ce qu’ils sont. Nul n’est besoin de fumer un joint de traitement numérique pour apprécier leur intelligence et leur humanité. ;-}

Enfin, vous remarquerez peut-être une capture d’écran dynamique du blogue de Kim, au début de la séquence. Pour la réaliser, j’ai utilisé l’excellent gratuiciel de capture vidéo Wink, de DebugMode, qui produit une séquence Flash. J’ai ensuite converti celle-ci en AVI à l’aide d’un autre gratuiciel, swf>>avi Converter.

Le résultat est un peu merdique, mais ces deux logiciels sont à la portée de toutes les bourses, bien que disponibles seulement sous Windows. La prochaine fois, j’essaierai de filmer le défilement de l’écran avec ma caméra, mais je ne suis pas certain de faire mieux. Et puis, de toute manière, une fois que le film est compressé en 3GP et affiché sur mon téléphone portable, qui verra la différence? 😉

Ce « portrait de blogueur » est le neuvième de la série et le le septième que je réalise avec mon collègue et ami Philippe Martin, fabricant de blogues chez Paradigma (publication originale).


Ce billet a été publiée le 21 juillet 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Future Shop ou la torture consentie

Hier, en magasinant sur le rue Sainte-Catherine, je suis tombé en arrêt devant les vitrines du grand magasin d’électronique Future Shop. Pour les besoins d’une promotion estivale, on avait organisé un grand racolage de trottoir…

Faux mannequins en vitrine

Hier, en magasinant sur le rue Sainte-Catherine, je suis tombé en arrêt devant les vitrines du grand magasin d’électronique Future Shop. Pour les besoins d’une promotion estivale, on y avait organisé un grand racolage de trottoir. Le principal élément d’attraction était constitué de personnages vivants embrassant de pseudo téléviseurs dont l’écran vantait un concours quelconque. Ces jeunes gens devaient rester immobiles, pendant des heures, dans d’inconfortables positions. La jeune fille que vous voyez sur cette photo donnait des signes évidents de fatigue lombaire, tentant d’assouplir, tant bien que mal, son dos endolori par cette position. Les deux garçons de la vitrine d’à côté n’avaient pas l’air trop incommodés, mais franchement, je ne vois comment on peut rester accroupi et immobile pendant un temps très long sans endommager son ossature et ses ligaments.

Dans la soirée, je suis allé voir l’excellent film The Road To Guantanamo au complexe Ex-Centris. Mi-fiction mi-documentaire, ce film retrace le dangereux périple d’un groupe de britanniques originaires du Pakistan, partis marier l’un d’entre eux à Karachi et, piqués par la curiosité des événements de l’automne 2001, arrêtés par les rebelles Afghans, puis déportés par les Américains à Guantanamo. L’une des tortures éprouvées que l’on pratique, dans cette prison contre l’humanité, consiste à obliger quelqu’un à rester pendant des heures dans une situation inconfortable. C’est très douloureux et cela fonctionne donc très bien.

Mais revenons à Future Shop. J’ai discuté avec l’un des gérants, qui observait la scène depuis le trottoir, très satisfait de son idée brillante. Lorsque je lui ai fait remarquer l’inconfort des positions exigés des jeunes mannequins vivants, il m’a répondu que ceux-ci le savaient au moment de signer leur contrat d’embauche temporaire : « Ils ont été avertis et ils ont accepté; il n’y a donc pas de problème. » Bien entendu, ai-je argumenté, le fait qu’une prostituée accepte de vendre son corps n’entraîne nullement l’élargissement de son proxénète. J’ai aussi fait remarquer que les jeunes ont besoin de travailler l’été, ne serait-ce que pour se payer les bébelles plus ou moins utiles que Future Shop sait si bien rendre indispensables. Ils sont souvent prêts à faire n’importe quoi et manquent d’expérience pour juger adéquatement de ce type de piège et de ses conséquences.

Heureusement, le brave homme s’est montré sincèrement décontenancé par mon intervention. Il venait de découvrir son idée géniale sous un jour qui l’est moins. Avec ou sans consentement du sujet, la torture physique n’est pas acceptable et l’est d’autant moins qu’elle n’est pas nécessaire. En l’occurence, des mannequins de plastique auraient tout aussi bien fait l’affaire, sans suggérer aux passants blasés que l’être humain est un objet que l’on peut exposer impunément dans une vitrine, immobile, comme une marchandise. Cela aussi, ça l’a drôlement étonné.

Ceci dit, l’opinion d’un seul individu a peu de poids en ce monde de statistiques impersonnelles. Ce qui, semble-t-il, a le plus fait réfléchir le gérant, c’est l’annonce que j’allais publier mes photos sur Flickr assorties d’un billet expliquant tout le mal que je pense de cette opération. Car nous sommes en 2006 et chacun d’entre nous a le pouvoir de dire « NON », haut et fort, en prenant à témoin ses concitoyens. Les marchands commencent à bien comprendre le danger commercial que représentent ces prises de position.À la lumière de ce qui précède, je vous invite donc à mettre fortement en doute cette pieuse affirmation : « Chez Future Shop, les gens jouent un rôle important dans notre croissance. Nos associés évoluent dans un climat de dignité favorisant le travail d’équipe, l’initiative et l’ouverture d’esprit (…) »

OK pour le rôle important, car c’est tout à fait vrai et c’est très bien de le reconnaître. En ce qui concerne la dignité, cependant, j’irai en rediscuter, dans quelques semaines, avec le brave gérant.

Nouvelle vague à l'âme de fond

Michel Leblanc, très sérieux consultant en commerce électronique, a récemment mis en ligne un nouveau blogue explicitement consacré � son « côté givré ». Il y publie des poèmes de son cru qui, autrement, sommeilleraient dans des cocons de papier. Plusieurs choses m’intéressent dans ce projet.

Photo de Michel Leblanc agrandie sur Flickr.com
Michel Leblanc est très sérieusement
fier de son côté givré 😉

Michel Leblanc, très sérieux consultant en commerce électronique, a récemment mis en ligne un nouveau blogue explicitement consacré à son « côté givré ». Il y publie des poèmes de son cru qui, autrement, sommeilleraient dans des cocons de papier. Plusieurs choses m’intéressent dans ce projet. Tout d’abord, Michel n’est pas le seul professionnel « sérieux » à afficher ainsi son univers intérieur sur Internet. Cela n’en dénote pas moins une bonne compréhension de la complexité et la richesse de ce médium dont la valeur réside autant (sinon plus) dans sa capacité à exprimer notre humanité que dans ses fonctions informationnelles et commerciales.

Ensuite, je trouve très pertinent que chaque poème soit disponible à la fois sous forme de texte et de séquence audio. Avant de me mettre en quête de projets similaires sur le Web, j’étais persuadé que le mariage entre poésie écrite et poésie parlée avait déjà été exploré mille fois ailleurs. Or, s’il existe bien des recueils de poésie sous forme de séquences audio, rares sont ceux qui allient le texte et le son. Aucun autre, à ma connaissance, n’utilise la structure du blogue pour les agencer. Or, il s’agit là d’un concept simple et très susceptible de remettre au goût du jour la musique des mots. On imagine même très bien un blogue collectif de poésie construit sur ce modèle.

Enfin, sachant que Michel Leblanc se targue d’être l’un des spécialistes montréalais des stratégies de référencement, je note qu’il a rapidement réussi à prendre la tête, au palmarès Google, des pages web traitant de matières fécales en long, en large et en diarrhée. Toutes mes félicitations ! 🙂

Portrait de blogueur(e): Martine Gingras

Communicatrice (et vice-présidente, Communications, de NetSym), mère, jardinière et banlieusarde, Martine Gingras produit l’un des blogues les plus consultés du Québec: banlieusardises.com. Dans l’entrevue, elle raconte le cheminement logique qui l’a menée à y traiter de cuisine, puis de produits de soins personnels, de jardinage, de loisirs et de maternité.

Le clip joué sur mon GSM

Cliquez sur l’image pour agrandir !

Ce tournage ayant eu lieu dans la foulée de celui de Marie-Chantale Turgeon, je suis resté dans la même note bucolique, réutilisant la même musique d’introduction et les mêmes chants d’oiseaux. Pendant que Philippe et Martine faisaient connaissance, j’ai tourné les plans fixes et autres scènes d’ambiance parsemant le clip. Évidemment, ces ajouts allongent quelque peu le temps de montage, mais il me semble que c’est assez plaisant.

Côté technique, je n’avais pas emporté mes éclairages car nous devions tourner dehors. Mal m’en prit car le ciel banlieusard s’est assombri et, au dernier moment, nous avons décidé de tourner à l’intérieur. L’éclairage halogène zénithal de la cuisine n’était pas idéal et c’est ainsi que des ombres marquées batifolent sur le visage de Martine. J’ai essayé de les atténuer un peu en adoucissant le contraste, mais j’ai retenu la leçon : ne jamais plus me séparer de ma boîte d’éclairage, au cas où !

Pour la première fois, Philippe a accepté que je le filme en pleine action, allant même jusqu’à s’adresser à la caméra. Je me suis donc senti autorisé à l’intégrer au clip, ce qui nous rapproche de plus en plus du langage télévisuel.

Le clip joué sur mon GSM

Cliquez sur l’image pour agrandir !

Ceci dit, il y a loin de la coupe aux lèvres, comme on dit. Mon nouveau SonyEriccson W810i me permet en effet de vérifier que le film fonctionne aussi bien (notamment les titrages) sur l’écran réduit d’un téléphone cellulaire que sur Internet. Dans l’industrie de la télé, actuellement, on a plutôt tendance à penser l’image en fonction des nouveaux récepteurs à haute définition. Deux médiums radicalement différents entraineront forcément deux approches différentes…

Ce « portrait de blogueur » est le septième de la série et le le sixième que j’ai réalisé avec mon collègue et ami Philippe Martin, fabricant de blogues chez Paradigma (publication originale).


Ce billet a été publiée le 6 juillet 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Portrait de blogueur(e): Marie-Chantal Turgeon

Marie-Chantal Turgeon est une artiste et communicatrice montréalaise spécialisée en culture et adepte, elle aussi, du podcasting audio et vidéo. Son blogue, Vu d’Ici est rédigé le plus souvent en anglais, la lingua franca du Web, mais parfois aussi en langue française, pour des textes plus personnels. Comme son collègue Julien Smith, elle couvre aussi des événements artistiques, tels les présentations récentes de Délirium à Montréal, ce qui en fait une véritable pionnière des nouveaux médias.

Pour cette production, j’ai repris toutes les bonnes idées des Portraits précédents. En prime, je me suis amusé à intégrer des plans de coupe tournés dans le Parc Lafontaine avant et après l’entrevue. À la fin de celle-ci, un événement insolite est arrivé et je n’ai pu m’empêcher de l’immortaliser dans le fil de l’action. ;-}

Multimediaman et corneille

© m-c turgeon

Cette fois-ci, l’éclairage naturel a facilité l’obtention d’une assez bonne qualité d’image. Cela me confirme que l’unité d’éclairage est au moins aussi importante, sur le Web, que la fixité et la simplicité du décor. La compression est une bête capricieuse qu’il faut apprendre à bien connaître…

Ce « portrait de blogueur » est le sixième de la série et le cinquième que j’ai réalisé avec mon collègue et ami Philippe Martin, fabricant de blogues chez Paradigma (publication originale).


Ce billet a été publiée le 3 juillet 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Hébergement vidéo : il n'y a pas photo

Les offres de services d’hébergement vidéo gratuit sont de plus en plus nombreuses, en Europe et aux États-Unis. Ceci dit, tous ces services recréent de nouveaux fichiers vidéo à partir des sources qu’on leur soumet, ce qui dégrade énormément la qualité finale. Il faudra que se développe un marché de l’hébergement vidéo un peu plus haut de gamme avant que les entreprises et les amateurs exigeants ne sautent dans le bateau.

À titre d’exemple, j’ai effectué un court montage de quelques plans captés, hier soir, à la soirée mensuelle de YULBIZ, au Café Méliès. J’ai exporté la séquence au format Windows Media encodé à 512 Mb/s, ce qui a donné ce fichier de 7 Mo que vous pouvez télécharger ici. Ensuite, j’ai téléversé ce fichier sur Yahoo Video, qui l’a converti en Flash 7 et a généré cette page Web afin d’y présenter le résultat que voici :

thumbnail

Visionnement en téléchargement progressif avec Flash
Cliquez sur l’écran et patientez quelques secondes.

Parallèlement, j’ai réalisé une exportation directe de la même séquence au format Flash 8. Étant donné la bande passante limitée de ma connexion ADSL, je ne vous en propose ici qu’un court extrait, situé à 1’25 » du début. Cliquez sur le contrôleur ci-dessous pour comparer la qualité avec celle de Yahoo Video. Vous constaterez que la qualité est bien meilleure :

thumbnail

Cette différence de qualité est normale. Pour cette version, j’ai travaillé à partir d’un fichier à haute résolution (720×480 pixels) et peu compressé (±1,5 Mb/s), soit la séquence maîtresse au format DV. L’encodeur Flash 7 de Yahoo a dû se contenter du fichier Windows Media à basse résolution (384×288 pixels) et déjà assez compressé (0,5 Mb/s). La différence est donc comparable à celle qui existe entre une huile d’olive « première pression à froid » et une huile ordinaire, issue d’une deuxième ou d’une troisième pression.

Étant donné le coût réel de la bande passante, on comprend fort bien que les hébergeurs Jumpcut, DailyMotion, Google Video et autres cherchent à réduire le poids des fichiers qu’ils distribuent gratuitement. Les vidéastes exigeants et les entreprises soucieuses de leur image ne pourront cependant pas se contenter d’une qualité aussi faible. Les services d’hébergement multimédia professionnels, sans compromis sur la qualité, offrant des prix raisonnables et des fonctionnalités aussi simples que celles des services précités, ont donc très certainement de beaux jours devant eux.


Ce billet a été publiée le 28 juin 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Expiation sur la Montagne

Dimanche dernier, j’ai décidé qu’il était temps de faire de l’exercice et d’expier mes péchés en gravissant « la Montagne » � vélo. La sueur remplace le sang, certes, mais la grimace de souffrance reste la même.

Dimanche dernier, j’ai décidé qu’il était temps de faire de l’exercice et d’expier mes péchés en gravissant « la Montagne » à vélo. Après tout, depuis que Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve y a dressé une croix, en 1634, en signe de remerciement à la Sainte Vierge, des générations entières se sont arraché les genoux sur les marches des oratoires afin d’implorer la clémence divine. Or, les joggueurs et cyclistes qui se tapent les trois kilomètres de sentier menant au sommet du Mont-Royal, le matin, n’ont rien à leur envier. La sueur remplace le sang, certes, mais la grimace de souffrance reste la même.

Recevoir l’absolution de Dieu a toujours entrainé quelque pénitence. Le culte de la santé et de la beauté fonctionne sur le même shéma. La vie sédentaire et le manque d’oxygène font le reste, donnant lieu à de nouveaux rituels.

Suant sang et eau, le système cardio-vasculaire soumis à rude épreuve, j’ai poursuivi l’analogie jusqu’à la première station, premier terrain plat, première récompense de l’ascension : le lac des Castors. J’ai redoublé d’efforts jusqu’à la deuxième station, le Belvédère Kondiaronk, où je me suis arrêté quelques minutes pour écouter le Grand Prix de Formule 1 démarrer bruyamment, là -bas, sur l’île Sainte-Hélène. Puis j’ai achevé mon supplice au pied de la Croix, le coeur battant, amen.

Ce que le catéchisme ne dit pas, c’est le plaisir de la descente, sans effort, corps délié, une envolée dans le vent et la fraîcheur de la forêt.

No citizen left behind

L’Internet pour tous. Aucun citoyen oublié. Voici le plan aussi limpide qu’ambitieux dont l’Europe vient de se doter en matière d’accessibilité numérique. Datée du 12 juin 2006, la déclaration ministérielle de Riga déclare la guerre à la « fracture numérique » inhérente à l’explosion de la société de l’information.

Cosmonaute en fauteuil volantEnviron un citoyen européen sur trois, en effet, n’a, actuellement, pas ou que partiellement accès à l’information numérique, que ce soit du fait de son âge, de son appartenance sociale, de sa condition physique ou mentale, voire de sa situation géographique. La tâche est donc énorme mais nécessaire au maintien d’une société inclusive à visage humain.

Sur Google, la recherche des mots « e-inclusion canada » mène droit au site du Réseau de recherche e-Inclusion qui vise à procurer à tous les Canadiens une expérience multimédia plus enrichissante. Dans quelques semaines, je vous reparlerai de ce consortium administré par le CRIM et à propos duquel je viens de réaliser un article à paraître dans le numéro 9 de la revue @ccéléraTIon.


Ce billet a été publiée le 16 juin 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

À la recherche du consommateur perdu

ConsommationLe petit monde de la publicité et de la communication est en effervescence. Où sont passés les jeunes ? Comment rejoindre les consommateurs dans un monde où les médias se concentrent pour mieux se diluer dans la Toile aux mille et une aventures inédites et incontrôlables ? Chez le libraire comme sur le Web, quelques pistes commencent à poindre…

Dans une chronique publiée ce matin dans Le Devoir (mais maladroitement réservée aux abonnés sur le site Web de ce journal d’un autre siècle), Bruno Guglielminetti rend compte de sa lecture d’un livre signé Pierre Delagrave, président de Cossette Média, On efface tout et on recommence!, qui parait demain aux Éditions MultiMondes. Selon le chroniqueur, Pierre Delagrave* constate « qu’un des plus grands changements dans ce monde numérique a été de sous-estimer le transfert du pouvoir dans les mains du citoyen, du consommateur ». Il affirme également avoir remplacé la lecture matinale de son journal par celle de Google News pendant deux semaines et mieux comprendre, maintenant, pourquoi les jeunes s’abreuvent massivement aux sources d’information en ligne. La naissance récente du média citoyen québécois Cent papiers démontre d’ailleurs que cette tendance n’est pas simplement consumériste, mais plutôt l’expression d’un nouveau mode d’information interactif en train de naître.

Couverture du livre de Pierre DelagraveConséquences de cette évolution techno-informationnelle : « Le consommateur consacre plus de temps aux médias, mais est de moins en moins exposé à la publicité traditionnelle. Les agences de communication et les annonceurs doivent accepter ce changement fondamental et modifier leurs approches. » Pour ne pas perdre le contact avec le citoyen-consommateur, il faut désormais « le rejoindre au bon endroit, au bon moment. Il faut attendre qu’il nous invite, ou tout simplement attendre qu’il nous rende visite ». Oui, mais comment ?

Dans le domaine des relations publiques, le cabinet américain Burson-Marsteller s’attache désormais à courtiser les blogueurs influents, leur consacrant même tout un site Web. Les publicitaires, de leur côté, envisagent de mettre des publicités dans les jeux vidéos (au secours!) et se creusent la cervelle en lançant des campagnes de marketing viral sur le Web, alliant sites Web, blogues corporatifs, baladodiffusion, communautés virtuelles et organisation d’événements à forte teneur communicationnelle.

Podcast vidéo de Loïc Le Meur et Thierry ClouzetNul ne peut réellement prédire où tout ceci va nous mener. Une chose, cependant, est certaine : nous vivons désormais dans une économie de réseau informelle et mondialisée. Au jeu des devinettes, le blogueur français Loïc Le Meur** s’entretenait récemment de cette question avec Thierry Crouzet, auteur d’un livre au titre révélateur : « Le peuple des connecteurs : ils ne votent pas, ils n’étudient pas, ils ne travaillent pas, mais ils changent le monde ». On y découvre une vision quelque peu utopique de l’avenir social, certes, mais probablement pas très éloignée de ce qui nous attend.


Ce billet a été publiée le 5 juin 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Les chasseurs sont-ils irresponsables ?

Pourquoi un citoyen qui accepte d’être fortement encadré dans l’usage d’une auto n’accepterait-il pas de l’être dans celui d’un fusil de chasse ? Pourquoi refuserait-il la contrainte d’enregistrer son arme mais pas celle d’immatriculer son auto ?

Photo du bras d'un chasseur tenant son arme

Registre des armes à feu : les arguments des propriétaires de fusils ont quelque chose de saugrenu. Ils estiment que le gouvernement ne devrait pas les obliger à enregistrer leurs armes. D’après eux, cette tracasserie administrative est inefficace et brîme leurs droits et libertés. Ils oublient juste un petit détail. Chaque année, nous payons sans broncher notre permis de conduire et nos droits d’immatriculation automobiles. Cela coûte des sous, la police a accès à tout et personne ne s’en offusque. Alors, qu’est ce qui rendrait un fusil moins contrôlable qu’une auto ?

Si l’usage d’une auto est encadré par des droits, permis, documents, taxes et assurances, il me semble que c’est à cause du pouvoir énorme qu’il confère à son détenteur. Ce pouvoir est relatif à la puissance et aux dangers entraînés par celle-ci. Celui d’un homme armé n’a d’autre mesure que la vie ou la mort. Même en tirant sur des cibles de carton ou des pigeons d’argile, il mime l’administration de la mort. Ce geste existe de lui un haut niveau de responsabilité.

Pourquoi un citoyen qui accepte d’être fortement encadré dans l’usage d’une auto n’accepterait-il pas de l’être dans celui d’un fusil de chasse ? Pourquoi refuserait-il la contrainte d’enregistrer son arme mais pas celle d’immatriculer son auto ?

Si on veut bien laisser de côté un instant les questions irrationnelles comme la peur, le sécuritarisme, la rectitude politique d’un bord ou de l’autre, la réponse est simple : il n’a aucune raison d’agir autrement. Tout pouvoir potentiellement dangereux entraîne une grande responsabilité sociale ainsi que la nécessité d’un contrôle raisonnable. C’est évident.

Que le programme des armes à feu coûte trop cher, plus personne n’en doute. Qu’il ait été mal conçu et mal géré, c’est évident dans l’esprit de bien des gens. Qu’il soit inutile, cela reste à prouver. Enfin, qu’il soit attentatoire aux libertés individuelles, c’est ridicule, à moins de déclarer la loi sur la sécurité routière inconstitutionnelle. Bref, on aurait tort de jeter le bébé avec le sang du bain.

Une pétition contre le travail des enfants

Aide Internationale Pour l’Enfance et le Réseau Enfants d’Amnistie Internationale s’associent pour déposer une pétition à la Chambre des communes du Canada, le 12 juin prochain, Journée mondiale contre le travail des enfants.

Photo d'enfants recueillis par l'AIPE aux Indes

L’AIPE (Aide Internationale Pour l’Enfance) et le Réseau Enfants d’Amnistie Internationale s’associent pour déposer, à la Chambre des communes du Canada, une pétition demandant au gouvernement de promouvoir la convention 182 de l’Organisation internationale du travail (OIT). Adoptée en 1999, cette convention établit des recommandations internationales pour lutter contre les pires formes de travail imposées à des enfants dans le monde. Le Premier ministre Stephen Harper n’ayant cessé de proclamer son amour des enfants lors de la dernière campagne électorale, on peut espérer qu’il aura plus de compassion pour ce texte que pour le protocole de Kyoto.

La première résolution de l’OIT concernant l’élimination du travail des enfants a été adoptée par la Conférence internationale du Travail en 1996. Trois ans plus tard, en 1999, elle débouchait sur la convention 182, qui soulignait « que l’élimination effective des pires formes de travail des enfants exige une action d’ensemble immédiate. » Nous sommes en 2006 et, manifestement, il reste encore du chemin à faire. C’est pourquoi la pertinence de cette pétition n’est plus à démontrer.

Qui plus est, Aide Internationale Pour l’Enfance et Amnistie Internationale proposent une pétition électronique assez bien faite : pas de circulation inutile de courriels bourrés de signatures inutilisables, formulaire simple ne demandant que l’information essentielle à toute pétition de ce type et note de bas de page explicite au sujet de la confidentialité. Mon seul regret est que le code fait fi des règles élémentaires d’accessibilité, mais cela ne retire rien à la pertinence de l’opération elle-même.

La pétition est également proposée en version imprimable au format PDF. Elle sera remise aux parlementaires canadiens le 12 juin prochain, Journée mondiale contre le travail des enfants.