Cet article traite superficiellement des récentes émeutes des banlieues françaises, lesquelles ont introduit une nouvelle unité de mesure dans la trousse d’analyse médiatique courante : la voiture brûlée. En pensant à tous les signes annonçant, depuis des lustres, cette flambée de destruction massive, j’envisageais, au départ, de lui donner un titre dans le genre « L’autruche qui voulait chanter aussi fort que le coq ». Mais, après avoir lu et entendu de nombreuses réactions pertinentes, la mise en perspective avec le caractère incontrôlable des changements climatiques m’a semblée plus urgente et tout aussi essentielle.
Tout le monde a son idée sur les causes de la révolte, bien sûr, mais personne ne sait exactement quoi faire pour l’endiguer à long terme. Histoire de jeter un peu d’huile sur le feu, les gens de droite rejettent la faute sur « la racaille ». Les gens de gauche, quant à eux, stigmatisent les politiques d’intégration totalement inefficaces de tous les gouvernements français depuis la Guerre d’Algérie (y compris ceux de gauche) et, plus généralement, l’attitude ségrégationniste — quand ce n’est pas franchement raciste — de ces « français de souche » dont l’une des expressions refoulées favorites est : « Pas d’arabe dans ma cour ! ».
Quoi qu’il en soit, le mal est fait et l’on ne voit guère comment s’en sortir. Après un automne très chaud, quand bien même l’autruche française sortirait enfin la tête des sables brûlants du désert où elle s’enlise, il ne faut pas s’attendre à ce que le climat social de ses banlieues dérougisse rapidement. Pas de miracle.
Il en va exactement de même pour le climat atmosphérique de notre chère planète. Lui aussi ira en s’aggravant, comme chacun sait, selon la loi voulant que les systèmes complexes sont aussi longs à mettre en branle qu’à arrêter. Ce serait tout de même encourageant que les centaines de décideurs politiques, qui seront bientôt réunis à Montréal pour en discuter, sortent un peu la tête du sable et cessent de vouloir régler ce méga problème sans remettre en cause une croissance industrielle n’ayant plus ni queue ni tête. À force de se fourrer le tête dans le sable, en effet, on fini par avoir chaud au cul !
En passant, y aurait-un lien de cause à effet entre les émanations polluantes des automobiles et le fait que c’est à elles que les jeunes révoltés français mettent le feu ? J’en doute, mais je ne pleurerai pas sur quelques tas de ferraille calcinée si cela peut épargner la vie d’un seul de mes arrière-petits-enfant dans 100 ans.