Publicité n'est pas impunité

La campagne publicitaire « Au bon vieux temps » de Bell est non seulement stupide, vulgaire, injurieuse et mal venue. Elle est aussi et surtout mensongère, vantant au premier degré un service totalement inexistant.

Il y a pireDès le premier visionnement, comme bon nombre de téléspectateurs, j’ai été choqué par la campagne « Le bon vieux temps » de Bell-Sympatico, aujourd’hui dénoncée par de nombreux représentants du monde agricole. La dérision douce et plaisante de Mr B. sombrait résolument, cette fois, dans la facilité et le mauvais goût. Il n’est au demeurant pas nécessaire de vivre à la campagne pour s’en rendre compte. De nombreux citadins comme moi auront probablement ressenti le même malaise, le même dégoût.

Mais il y pire. Comme le signale, dans l’article du Devoir, Mme Diane Thériault, Bell Canada est à ce jour incapable de livrer le service Internet à haute vitesse de Sympatico en-dehors des grands centres urbains. Les investissements que le géant canadien des télécommunications devra consentir afin de rendre ses milliers de kilomètres de lignes téléphoniques cuivrées compatibles avec la technologie ADSL se chiffrent par milliards. Tout citadin qui a déjà loué, pour les vacances, un chalet doté du téléphone sur un quelconque rang de campagne le sait fort bien : au fin fond de notre « Bell Province », la norme de connectivité Internet dépasse rarement les 24 kilobits par seconde.

Dans ce contexte, la campagne publicitaire de Bell-Sympatico est certes stupide, vulgaire, injurieuse et mal venue. Mais ce qui est encore plus grave, c’est que son volet sur les forfaits de connexion Internet à haute vitesse est mensonger puisqu’il vante au premier degré un service totalement inexistant. C’est donc à mon sens non seulement devant le public, mais aussi devant l’Office de protection des consommateurs et devant les tribunaux de commerce, que l’annonceur devrait répondre de cette bien triste « campagne » — au sens propre et au sens figuré.

Les prétentions humoristiques et la finalité commerciale donnent-elles aux publicitaires l’autorisation d’injurier et de tromper les consommateurs? Grâce à Bell-Sympatico, la question est posée.

À lire:
* l’article du Devoir (1er octobre 2003)
* la brève de LCN (1er octobre 2003).
* Le résumé de laterre.ca (1er octobre 2003).

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