Faut-il jeter le P2P avec l'eau du bain?

Affranchissant les internautes des architectures centralisées et contrôlantes de type client/serveur, les protocoles de communications pair-à-pair (ou poste-à-poste) leur offre plus de liberté, plus de souplesse, plus de performance, tout en entraînant une diminution sensible des coûts d’opération, tant pour les diffuseurs que pour les opérateurs de réseau.

Bébé P2PAffranchissant les internautes des architectures centralisées de type client/serveur, les protocoles de communications pair-à-pair (ou poste-à-poste) leur offre plus de liberté, plus de souplesse, plus de performance, tout en entraînant une diminution sensible des coûts d’opération, tant pour les diffuseurs que pour les opérateurs de réseau. Le P2P fait donc partie du paysage technologique et il y restera malgré les attaques conjoncturelles qu’il subit actuellement.

Le trafic illégal de musique ou de vidéo ne constitue qu’un aspect très médiatisé, certes, mais relativement limité de cette tendance. De plus en plus d’organisations utilisent en effet les réseaux P2P pour diffuser, le plus légalement du monde, des contenus éducatifs, culturels ainsi que des logiciels.

En voici trois exemples :

  1. L’éditeur de logiciels libres Mandriva favorise la diffusion de ses distributions Linux via les réseaux poste-à-poste BitTorrent, minimisant ses frais de bande passante. En passant, Microsoft fait presque la même chose en diffusant ses ressources sur les serveurs de cache d’Akamai, sans aller toutefois au bout de cette logique de distribution décentralisée.
  2. Le service en ligne français Jamendo propose aux musiciens un nouveau concept de conquête du public, notamment fondé sur la diffusion gratuite d’albums complets sous licence Creative Commons. Les grosses machines du showbiz ont encore quelques réticences face à ce nouveau paradigme, mais elles y viennent peu à peu — et à leur manière — également.
  3. La projet américain EduCommons utilise les technologies poste-à-poste pour diffuser des objets d’apprentissage qui intéresseront tant les élèves et enseignants « traditionnels » que les entreprises en manque de formation.

Pourtant, les hauts cris poussés par les industries culturelles technologiquement et socialement conservatrices donnent du fil à retordre aux partisans du poste-à-poste. La peur des poursuites pour atteinte à la propriété intellectuelle terrorise les opérateurs de réseaux qui tentent par tous les moyens de s’en sortir, tout en contrôlant par ailleurs ce type de trafic exponentiel qui pourrait bien se révéler très coûteux pour eux. Les développeurs de matériels et solutions informatiques arrivent donc sur le marché avec toutes sortes de serveurs dédiés, de filtres, de pare-feux et autres défenses servant à contrôler le trafic et à bloquer les applications P2P quand c’est possible.

Or, c’est là que le bât blesse. Si l’on s’en tient à la seule vision négative de ce type de communications, on risque de refroidir le bain de bébé. Ce serait dommage, vu que le P2P apporte des réponses très pertinentes à toutes sortes de problèmes contemporains. C’est pour cette raison qu’il ne disparaîtra pas, d’ailleurs, mais encore faudrait-il lui laisser une chance de mûrir en évitant, par exemple, de bannir de nos réseaux publics et commerciaux tous les trafics atypiques en les fourrant à la hâte dans le mauvais sac.

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