Justin peu trop malade ? Pas sûr.

Justin peu endormi

Dans la série, « ils sont fous, ces néo-Romains », sachez que j’ai passé quelques minutes fascinantes, ce midi, à regarder Justin dormir. Ce jeune san-franciscain a décidé d’exhiber la moindre miette de sa vie sur Internet à l’aide d’une caméra accrochée à sa casquette 24 heures sur 24 (la nuit, il la retire pour mieux la braquer sur son lit !), sept jours sur sept et 52 semaines par année… même quand il fait pipi ! Voilà jusqu’où la perversion de la télé-réalité entraine nos chères têtes blondes !

Bon. Regarder Justin dormir en compagnie de 600 autres « viewers » (voyeurs?) n’a rien de très passionnant, je vous l’accorde. Ce qui l’est insignificativement plus, c’est la fenêtre de clavardage en-dessous, où les voyeurs commentent. Ils viennent d’un peu partout (Ola, alguiem from Brasil?), certains affichent ouvertement leurs tendances maniaques (Sleep well, my precious, soon I will get into your hassole…), d’autres en profitent pour faire leur pub (While Justin is sleeping why don’t you visit www.blahblahblah.com and make a reservation?). Il y a ceux qui tripent techno (Batteries are reliable but the problem is bad wireless areas) et ceux qui attendent avec impatience le prime time (I heard that he will spend a night with a girl soon, will it br rated PG-13?). Mais, en général, la plupart s’emmerde ferme (Booooooooooooring!).

N’empêche qu’avec cette expérience, le star system futile et instantané progresse d’un cran, me disais-je. Reste à voir si les producteurs de ce show malsain tiendront leur promesse, affichée dans la colonne de gauche, d’assassiner Justin si jamais il débranche la caméra. Si cela arrive, je me fais moine tibétain.

C’est ce que je me disais jusqu’à ce que je clique sur ce lien et que j’y découvre le pot aux roses : Now, we’re starting a company to make broadcasting live video on the web easy. Bon sang mais c’est bien sûr! Il n’est pas si fou que ça, l’animal, et le Web m’étonne une fois de plus pour l’incroyable pouvoir qu’il donne aux humbles mais talentueux citoyens.

Excusez-moi, Justin se réveille… 🙂

DailyWom ne fait pas dans la dentelle

Page d'accueil de dailywom.tv

Il y a quelques jours, je reçois un message d’un ami m’envoyant un lien vers DailyWom, un nouveau site consacré à la vidéo publicitaire, semble-t-il. Son commentaire : « un sérieux concurrent » (à YULBUZZ, s’entend). C’est inévitable, souhaitable, même. Je ne m’en inquiète donc pas trop, d’autant que le site est encore fermé.

Aujourd’hui, le blogue de Michel Leblanc m’apprend qu’il est ouvert. Je vais voir. Je pointe donc mon Firefox en direction de dailywom.tv. Et alors là… le choc !!! En bon « coopétiteur », j’en profite pour ouvrir ma série des Prix Citron.

Après un coup pareil, il va falloir que je nettoie sérieusement le code de mes sites, sinon je vais me prendre de méchants retours de bâton dans les jambes. En matière de normes, la perfection est rare, mais l’amélioration toujours possible. Y a-t-il un cybercodeur talentueux et pas trop cher dans la salle ? Est-il possible de négocier un tarif de groupe si j’amène des clients ? 🙂

La souveraineté du Québec a-t-elle vécu ?

Dis, Papa, c'est encore loin, le Pays ?

Un séisme politique s’est produit, ce soir, au Québec. Le Parti libéral (PLQ) du Premier ministre Jean Charest dégringole de 14 points et se retrouve à la tête d’un gouvernement minoritaire, quasiment nez à nez avec l’Action démocratique du Québec (ADQ) qui devient l’opposition officielle à l’Assemblée nationale. Au-delà de la gifle énorme encaissée par les Libéraux, les grands perdants de l’affaire sont évidemment les souverainistes du Parti Québécois (PQ). Même si on ajoute à leurs voix celles de Québec Solidaire, parti de gauche également souverainiste, on arrive à peine à 32 %. Or, Mario Dumont, le chef de l’ADQ, n’a pas cessé de marteler son credo autonomiste pendant toute la campagne.

« Autonomiste »… Cela rappelle la Bretagne ou le Jura, mais pas la Slovaquie. Il s’agit sans doute d’un mot magique, à mi-chemin entre « fédéraliste » et « souverainiste », un mot qui n’est pas sans rappeler le « Québec fort dans un Canada uni » de Pierre-Eliott Trudeau.

Dans un environnement bipolaire partagé entre fédéralisme et souverainisme purs et durs, le choix était déchirant pour de nombreux électeurs et il était toujours possible que la sécession l’emporte un jour. Avec un parti « autonomiste » au milieu, les Québécois indécis auront trouvé une troisième voie leur assurant ce qu’au fond tout le monde souhaite : le beurre et l’argent du beurre.

Avec la mondialisation qui avance, l’Europe des 27 et l’interdépendance énergétique, démographique et climatique du XXIe siècle, je crois bien (mais je sais que je peux terriblement me tromper) que la souveraineté du Québec a vécu. Ce qui importe, au fond, c’est que la démocratie et l’intérêt du peuple québécois l’emporte. Et, pour cela, il m’apparait plus urgent de réformer le mode de scrutin terriblement injuste du Québec que de briser le Canada.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

PS : Les Lettres persanes de l’ambassade du Trepanistan à Istambul, vous connaissez ? On y trouve d’intéressants commentaires sur les programmes du PLQ, DU PQ, de l’ADQ et de QS…

Bonne fête, Yulbiz !

Les Affaires

Avec mon bras cassé et la cheville foulée de Brem, j’ai raté le septième anniversaire de Yulblog. Je vais donc essayer de me reprendre au premier anniversaire de Yulbiz, mardi prochain, au chic Café Méliès. À titre de première contribution, je mets aujourd’hui en ligne un court article rédigé pour le magazine Les Affaires et publié, dans le cahier Classe Affaires, le 30 septembre dernier. Vous y trouverez un rapide historique de ce rendez-vous mensuel de blogueurs d’affaires et quelques réflexions de « yulbizeurs » sur le sujet… À mardi !

Dr. Google and Mr Big Brother

Il faut absolument faire circuler le petit film réalisé par Ozan Halici et Jürgen Mayer, deux universitaires allemands, à propos du danger liberticide que le pouvoir toujours accru de Google représente. On peut le visionner en ligne et télécharger des versions haute résolution à cette adresse. Ironiquement, on en trouve aussi une seconde pression à froid sur Google Video. La voici :

Cela fait quelques temps, déjà, que les défenseurs des libertés civiles s’interrogent sur le danger que représente la montée en puissance de Google. Certes, ses intentions philosophiques semblent tout à fait pures. Reste qu’en prenant les moyens de donner à n’importe qui accès à n’importe quelle information , on jette les bases d’une toujours possible dérive totalitaire.

Aujourd’hui, Google contrôle en effet 44 % des recherches sur Internet et offre plus de 80 services gratuits lui permettant de collecter une gigantesque masse d’informations privées auprès des internautes. L’an dernier, le géant californien a admis qu’il lui était notamment possible de fournir une liste des termes de recherche soumis par n’importe quelle adresse IP ou, à l’inverse, une liste d’adresses IP ayant soumis n’importe quel terme de recherche. On imagine l’intérêt que le pouvoir d’investigation résultant de cette masse de données et des corrélations permises par l’incroyable capacité de calcul des superordinateurs d’aujourd’hui, représente.

Par ailleurs, il est de notoriété publique que Gmail, le service de courriel gratuit de Google, présente deux particularités fascinantes :

  1. Une capacité de stockage gigantesque (3 Go) lui permettant de conserver en archives une masse imposante de messages privés, et ce avec le consentement enthousiaste de ses utilisateurs;
  2. la fonctionnalité AdSense, qui permet d’afficher, à côté de chaque message, des publicités ayant un lien direct avec les sujets traités dans celui-ci. Le hic, c’est que cela confirme, si besoin était, que chaque message est lu et soigneusement indexé par le cerveau artificiel de Google.

Ajoutez à cela les corrélations spatiales possibles grâce aux requêtes cartographiques de Google Maps; les corrélations sociales et temporelles potentiellement fournies par les carnets d’adresses de Gmail et les évènements de Google Agenda; le contrôle des informations privées consignées dans Google Document et Tableur; et toutes les autres mines d’informations personnelles offertes gratuitement par Google. Vous obtenez ainsi un fabuleux trésor permettant, au besoin, de créer des dossiers très précis sur chaque internaute ayant recours à ces services. Et plus vous en utilisez, plus vous nourrissez la bête !

Faut-il réellement s’inquiéter ?

Oui, je le crois, surtout lorsqu’un ancien agent des services de renseignement américains affirme en ondes que Google « couche » secrètement avec la CIA et que Google ne le dément pas. Oui, car même si les intentions des dirigeants de Google sont pures aujourd’hui, elles ne le seront peut-être pas toujours et, aussi, parce que leur fantastique pouvoir pourrait être détourné n’mporte quand par des personnes ou des groupes aux intérêts moins bienveillants.

N’oublions jamais, par ailleurs, qu’aucune technologie a priori bénéfique n’est exempte d’effets secondaires négatifs. Songeons, par exemple, aux bienfaits et aux dégâts causés, depuis deux siècles, par les technologies énergétiques basées sur le carbone ou le nucléaire. Le pouvoir d’intelligence et de régulation de l’être humain ne doit donc jamais s’effacer face aux technologies et aux systèmes complexes qui en dérivent.

Mais alors, que faire ?

Dîtes-moi plus bas ce que vous-même en pensez. En ce qui me concerne, je crois qu’il faut :

  1. Regarder ce film et bien y réfléchir plutôt que se fermer les yeux.
  2. Être bien conscient de chaque petite abdication de notre vie privée qui sous-tend nos intéractions avec Google.
  3. N’utiliser les services Gmail, Google Document et Tableur et Google Agenda que pour des projets publics et des transactions de données sans conséquence pour la protection de notre vie privée.
  4. Ne pas nous laisser aller à la facilité informatique et essayer, autant que possible, de contrôler nous-même cet aspect, aujourd’hui fondamental, que constitue la portion en réseau de nos vies.

Y arriverons-vous ?


J’avoue que, pour la plupart d’entre nous, il est permis d’en douter. Sans la rigueur législative et la protection civile que nos gouvernements sont de moins en moins en mesure, ces temps-ci, de nous prodiguer, les individus consuméristes et hédonistes que nous sommes ne font plus le poids face aux intérêts des grandes corporations et de leurs ramifications policières. Ce qui ne vous empêche pas, pour détourner un slogan électoral récent, de rester « lucides et solidaires » ― et ce quelles que soient vos allégeances politiques 🙂

Affaire à suivre…

Retournons à l'âge du bois !

Voilà. J’ai respecté non pas une minute, mais très exactement deux mois et demi de silence à la mémoire du XXe siècle, de ses aspirations insensées et de ses innombrables victimes passées, présentes et à venir. J’ai médité sur la force de conviction, la fragilité de l’existence (la mienne, par exemple, parmi tant d’autres), l’unité de l’être et la paix intérieure. J’ai vécu des heures profondément troublantes avec Suzycute qui a réussi à faire fondre, plus sûrement qu’une cure d’Omega-3, l’iceberg emprisonnant mon cerveau émotionnel.

Enfin, l’ami Philippe m’a indiqué cet implacable article de Louis-Gilles Francoeur qu’il faut avoir le courage de lire jusqu’au bout : Le capitalisme serait à l’origine des crises sociales et écologiques. En consultant mon blogroll, je me suis accroché à cette infime parcelle d’espoir : Fixer du carbone… naturellement. Et je me suis dit que le temps était peut-être venu de reprendre mon blogue, quitte à ce que lui aussi subisse quelques transformations…

C’est une idée, ça : retourner à l’âge du bois. Et pourquoi pas, vu les aléas climatiques à venir, à l’âge du teck. Peut-être que les Robins-des-Bois du XXIe siècle connaitrons un sort analogue à celui de Criss Angel

Ressourcement hivernal et mini-caméra

Suzanne Gauthier: Bain de glace à Sept-Iles from Christian Aubry on Vimeo.

Pour nombre de citadins, la période des Fêtes de fin d’année est l’occasion de quitter la ville et de se ressourcer. Certains visitent la famille, d’autres se font griller au soleil et d’autres optent pour la motoneige ou le ski. Moi, j’ai eu le bonheur de passer trois semaines près de Sept-Iles, face au Golfe du Saint-Laurent, où j’ai quelques amis. J’avais emporté mes ordinateurs et un peu de travail, mais pas de matériel vidéo, à part ma nouvelle petite caméra de poche Sanyo C40. Grâce à elle, j’ai pu réaliser un petit reportage vidéo d’une qualité très honnête pour YULBUZZ. On n’arrête pas la miniaturisation !

Cette caméra très abordable (± 300 $) permet de prendre des photos de 4 megapixels et d’enregistrer des séquences vidéo de taille VGA (640×480 pixels) compressées au format MPEG-4. Les fichiers de média sont stockés sur une carte SD qui peut contenir, dans 2 Go et en mode de qualité supérieure, environ 40 minutes de vidéo. L’accès à un ordinateur est donc souhaitable si l’on compte tourner beaucoup, à moins de disposer d’un nombre suffisant de cartes mémoire.

Les contrôles sont fournis par un bloc de boutons et de curseurs situés sur la face arrière de l’appareil. Le petit écran LCD, clair et fonctionnel, permet de lire les messages du système et de sélectionner les réglages voulus. La caméra se manipule intuitivement, un peu comme une arme de poing, mais il est aussi possible de la fixer sur un pied photo pour les séquences fixes.

Bien entendu, il ne s’agit pas là d’un appareil professionnel et ses possibilités sont assez limitées. Il n’y a pas d’entrée pour un micro externe ni assez d’autonomie de courant pour alimenter un spot vidéo. Le flash est tout de même disponible, ainsi qu’un zoom optique de 5,8x. Surtout, la légèreté (152 g) et le faible encombrement font qu’il est possible de l’avoir toujours sous la main.

C’est avec ce genre d’outils que les communications multimédias numériques vont continuer à se répandre dans notre société. Bien entendu, la chaîne de production vidéo sur Internet nécessite la maîtrise de plusieurs aspects connexes, de la gestion de la lumière et du son à la compression numérique en passant par les techniques d’entrevue, de prise de vue et de montage. C’est une autre histoire et il me fait toujours plaisir d’en discuter avec mes clients. 🙂


Ce billet a été publiée le 13 janvier 2007 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

Cinq patentes que vous ne savez pas sur moi

Pour commencer l’année d’un pied incertain, d’aucuns ont récemment fait circuler une « chaîne de blogues » (à l’image des chaînes de lettres ou de courriels) invitant les blogueurs à révéler cinq choses inédites les concernant…

Petit Chris faisant des pâtés sur la plage

Pour commencer l’année d’un pied incertain, d’aucuns ont récemment fait circuler une « chaîne de blogues » (à l’image des chaînes de lettres ou de courriels) invitant les blogueurs à révéler cinq choses inédites les concernant. Philippe et Christophe m’ayant aimablement invité à relever ce défi, je me sens obligé de me commettre d’une façon ou d’une autre. Et c’est parti !


  1. Quand j’était petit, je n’étais pas grand et je le prouve.
  2. « Je » n’existe pas, ceci dit, pas plus que l’avatar unigénaire Ami Calmant. En fait, c’est l’émergence de ce clône virtuel, voici 10 ans, qui a commencé à rayer Christian Aubry de la carte du vivant pour en faire un être morcelé, séparé de sa nature profonde, qui travaille actuellement très fort à recoller ses propres morceaux.
  3. Tout comme j’ai quitté Paris pour Montréal en 1989, histoire de me redéfinir dans un environnement social à dimensions plus humaines, je quitterai probablement la métropole dans quelques années pour m’installer dans une ville plus modeste. Montréal a beaucoup changé, depuis 18 ans, et je commence à m’y sentir aussi « étrange » qu’à Paris autrefois. Actuellement, si je le pouvais, j’opterais pour Sept-Îles, à cause de l’éloignement, la mer, les rivières somptueuses et, surtout, la joie de vivre véritable de ses gens, qui sont originaires d’un peu partout, y compris des Premières Nations.
  4. J’ai déjà traité publiquement Bernard Landry de péteur de bretelles et je ne le regrette pas.
  5. J’ai failli m’acheter un Nokia N93 à Paris, l’automne dernier, mais j’ai finalement opté pour la Sanyo C40, une caméra miniature bien moins chère mais qui fait de la vidéo d’aussi bonne qualité.

Ces insignifiances étant maintenant publiées, je renvoie la corvée à Marie Danielle, Yvan Lemay, Michel Donais, Robin Millette et l’ineffable Xanax, le seul blogueur au nord du Rio Grande qui poste encore moins que moi ! 😉

Recyclez, il en restera toujours quelque chose !

Prenons note de l’adresse de Micro-Recyc-Coopération, une coopérative qui offre aux montréalais toutes sortes de services d’entretien de matériel informatique à « prix raisonnables ».

Logo de Micro-Recyc-Coopération
(source: Wikipedia)

Prenons note de l’adresse de Micro-Recyc-Coopération, « un organisme d’économie sociale solidaire qui recueille des ordinateurs usagés et accessoires dans les communautés au Canada pour leur donner une seconde vie dans les pays pauvres tout en offrant à de jeunes adultes bénévoles un milieu de stage ».

Outre le recyclage de vieux ordinateurs encore fonctionnels, la coopérative offre aux montréalais toutes sortes de services d’entretien de matériel informatique à « prix raisonnables » : installation, réparation, configuration, ajout de périphériques, sauvegarde, mise en réseau, etc. Plusieurs amis comptent sur moi pour réparer leurs ordinateurs en cas de problème, mais je ne suis malheureusement pas toujours disponible pour les dépanner. Voilà donc une adresse qui me sera fort utile 🙂

Selon Wikipedia, rien qu’en 2003, sa première année d’exploitation, cette coopérative aurait empêché que 450 tonnes métriques d’ordinateurs désuets se retrouvent au dépotoir. On se demande où sont passées toutes ces 450 tonnes puisque, de 2003 à 2006, on aurait seulement « recueilli et réparé plus de 500 systèmes informatiques afin de les distribuer à des organismes communautaires du Cameroun, du Niger, d’Haïti et de la République démocratique du Congo » À moins qu’il ne s’agisse de systèmes à 800 kilos chaque, il y a dû y avoir pas mal de rebuts de seconde génération.

Le Liban se souvient

Depuis le « portrait de blogueuse » réalisé avec Philippe et Pamela Chrabieh, j’ai pris l’habitude d’aller visiter régulièrement l’excellent blogue de cette jeune intellectuelle canado-libanaise. Il est des blogues divertissants et d’autres intéressants, mais celui-ci, me semble-t-il, est essentiel.

Ruines du temple de Baalbeck
Une colonnade de Baalbeck

Depuis le « portrait de blogueuse » réalisé avec Philippe et Pamela Chrabieh, j’ai pris l’habitude d’aller visiter régulièrement l’excellent blogue de cette jeune intellectuelle canado-libanaise. Il est des blogues divertissants et d’autres intéressants, mais celui-ci, me semble-t-il, est essentiel.

La plupart des citoyens du monde un tant soit peu « conscientisés » ont éprouvé un profond malaise, la semaine dernière, en apprenant l’assassinat du jeune ministre Pierre Amine Gemayel à Beyrouth, au Liban. Jusqu’à quand le pays du Cèdre, avec lequel la francophonie a tissé tant de liens au fils des siècles, souffrira-t-il l’horreur d’un état de guerre permanent qui n’en finit pas de pulvériser le destin de ses enfants ?

Pamela était justement à Beyrouth, ce jour-là, et c’est grâce à sa voie de perdition que j’ai pris connaissance des « embouteillages monstres » qui avaient paralysé la ville à l’annonce de l’attentat, avant même que l’AFP n’en fasse état dans ses dépêches en utilisant les mêmes mots. Mardi, mercredi, jeudi, Pamela résuma avec retenue et concision les évènements de la journée. Vendredi, sa plume semblait reprendre vie, exprimant les émotions et les craintes des jeunes Libanais.

Aujourd’hui, dimanche, Pamela publiait ce long billet consacré au souvenir. Le Liban se souviendra toujours, dit-elle, de ses leaders assassinés dans ce qu’elle perçoit comme une entreprise méthodique de destruction des élites. Il se souvient des beautés disparues du pays d’avant la guerre, un souvenir précieux pour ceux qui se refusent à abandonner la partie. Passé les faits bruts, les émotions et l’indignation, la jeune femme rallume donc la flamme de l’analyse, prélude de l’action. Ce faisant, elle nous entraine jusqu’aux confins de nous-mêmes, évoquant l’ombre du totalitarisme non violent qui plane sur un Occident dont l’état de paix et de liberté n’est peut-être qu’une illusion.

Jeudi prochain, le 30 novembre, une soirée de projections multimédias sur les 34 jours de la guerre du Sud-Liban de l’été dernier a lieu à la Bibliothèque Atwater, à Montréal. Cela aussi, je l’ai appris dans le blogue de Pamela, une jeune femme qui, décidément, ne renie absolument aucune partie d’elle-même.

Patriotisme et nationalisme

Amin Maalouf : « Les nationalistes rêvaient de domination totale quand ils appartenaient à l’ethnie majoritaire, et de séparatisme quand ils appartenaient aux communautés minoritaires; l’Orient misérable d’aujourd’hui est le monstre né de leurs rêves conjugués. »

Enver Pacha
Ismail Enver (photo: Wikipedia)

J’ai placé un signet à la page 166 d’Origines, le roman biographique familial de l’écrivain libanais Amin Maalouf, que je lis actuellement. Ce passage pourrait être d’intérêt lors d’une prochaine bataille politique au Québec. L’empire auquel il y est fait allusion n’est pas l’Empire britannique, mais l’Empire ottoman, dont le Liban faisait partie au début du XXème siècle. Citation :

« Il y avait, à l’évidence, un grave malentendu. Qui allait peser sur le destin de mon grand-père, mais également sur celui de l’Empire au sein duquel il avait vu le jour. Botros était un patriote. L’officier dont il avait emphatiquement salué l’épée à l’aube de la révolution était un nationaliste. On a trop souvent tendance à rapprocher les deux attitudes, et à considérer que le nationalisme est une forme accentuée du patriotisme. En ce temps-là — et sans doute à d’autres époques aussi — la vérité était toute autre : Le nationalisme était exactement le contraire du patriotisme. Les Patriotes rêvaient d’un Empire où coexisteraient des peuples multiples, parlant diverses langues et professant diverses croyances, mais unis par leur commune volonté de bâtir une vaste patrie moderne qui insufflerait aux principes prônés par l’Occident la sagesse subtile des âmes lévantines. Les nationalistes, eux, rêvaient de domination totale quand ils appartenaient à l’ethnie majoritaire, et de séparatisme quand ils appartenaient aux communautés minoritaires; l’Orient misérable d’aujourd’hui est le monstre né de leurs rêves conjugués. »

Fin de citation. Remplacez le mot « Orient » de la dernière phrase par le mot « Canada » (si vous êtes patriote) ou « Québec » (si vous êtes nationaliste) et le tour est joué.