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Après une rapide tournée en Allemagne avec la Compagnie Flak, José Navas, danseur et chorégraphe québécois d’origine vénézuélienne, était de retour cette semaine à Montréal. En compagnie de Laurence Wegscheider, responsable du marketing et des communications, nous avons fait le point sur le travail restant à faire avant de mettre à l’eau le prochain véhicule du chorégraphe sur Flak.org.
Après une rapide tournée en Allemagne avec la Compagnie Flak, José Navas, danseur et chorégraphe québécois d’origine vénézuélienne, était de retour cette semaine à Montréal.
En compagnie de Laurence Wegscheider, responsable du marketing et des communications, nous avons fait le point sur le travail restant à faire avant de mettre à l’eau le prochain véhicule du chorégraphe sur Flak.org. Comme je le mentionnais récemment, fini le Flash ! Il s’agira d’un vidéoblogue relax à saveur intimiste, artistique, conviviale et didactique.
Voici donc la seconde capsule vidéo qui traite cette fois de méditation en mouvement. La danse offre en effet une expérience à la fois physique et sensible proche du Tai chi chuan , du Qi Gong, du shintaïdo et de plusieurs autres pratiques spirituelles orientales. C’est donc à un mariage du corps et de l’esprit que José nous convie dans ses trois dernières pièces, Portable Dances, Anatomies et « S », tout simplement.
Je suis extrêmement heureux de vous présenter, ce soir, la première capsule vidéo que j’ai réalisée pour la troupe de danse contemporaine montréalaise José Navas/Compagnie Flak. Elle a été tournée il y a quelques jours au Studio Flak, approuvée ce matin et mise en ligne ce soir, sur Facebook et Youtube, alors que José et les quatre excellents danseurs qui l’accompagnent sur scène s’envolaient pour l’Allemagne où ils vont présenter une nouvelle version de la pièce Anatomies.
Cette entrevue en anglais s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de communication Internet ambitieuse qui ne fait que commencer et qui risque de faire autant de musique que de bruit. Je brûle de vous en dire plus, mais en bon professionnel, je devrais rester discret pendant une dizaine de jours encore, jusqu’à ce que j’ai livré le nouveau site Web de la Compagnie.
Malheureusement, j’en suis incapable. Voici donc trois petits indices qui m’aideront à patienter :
Il ne reste que quatre soirs (23 au 26 avril) pour assister au dernier spectacle de Manon Oligny, L’Écurie, à la Société des arts technologiques (SAT). « L’Écurie est un essai sur l’identité féminine, un essai chorégraphique et littéraire grâce à cette première collaboration avec Nelly Arcan », explique la chorégraphe, et vous en saurez plus sur le propos artistique des deux jeunes femmes en lisant le « pré-papier » de Fabienne Cabado publié dans Voir.
Après avoir vu moi-même le spectacle la semaine dernière, il me semble que l’analyse formelle proposée par François Dufort (Dfdanse) comporte des clés d’interprétation absolument essentielles. Face à l’art contemporain, en effet, on se trouve devant un miroir de nous-même qu’il n’est pas toujours évident de saisir et d’accepter. Les Impressionnistes et Vincent Van Gogh en savent quelque chose, eux qui furent vilipendés pour avoir osé transposer au plan formel la sensualité bourgeoise prisée par leurs contemporains. Ce n’est que bien plus tard que tout un chacun a fini par en apprécier l’intense beauté.
Idem pour cette Écurie, une « installation chorégraphique » taillée sur mesure pour la SAT, et je vais tenter d’expliquer ici comment ce mariage s’est traduit du point de vue du spectateur que je suis.
Au-delà de la tension induite par l’opposition femme libérée/femme érotique et par la performance physique (les deux ne sont-elles pas liées dans notre imaginaire collectif?), j’ai été estomaqué par la précision de la mise en scène qui reflète parfaitement la réalité de notre civilisation numérique. Cette absence de point de vue « classique », frontal, à l’italienne, est en réalité une multiplicité de points de vue individuels laissée au bon vouloir du spectateur qui est libre de se placer où il veut et de regarder ce qu’il veut, quand il veut.
L’éclatement de la scène en trois sous-scènes distinctes entourées de planches lui interdit, cependant, de voir tout ce qui se passe en même temps et le force à tout moment à faire un choix. Il ne s’agit plus, alors, d’un simple spectacle, mais d’une expérience personnelle qu’on serait bien en peine de revivre à l’identique deux soirs de suite et dans laquelle nous n’avons pas d’autre choix que de nous impliquer personnellement. Certains spectateurs se concentrent sur une danseuse, d’autres essaient de garder au moins deux stalles dans leur champ de vision; il y en a qui déambulent au gré de leur instinct, d’autres qui prennent du recul, grimpant sur les gradins afin d’essayer (en vain!) de retrouver une esthétique classique qui leur éviterait littéralement de prendre position.
Par ailleurs, Nelly Arcand, tapant frénétiquement sur le clavier de son Mac, et les techniciens de scène sont également en plein milieu de la salle, si bien qu’ils font eux-mêmes partie du spectacle. En fait, chaque spectateur est lui-même l’objet du regard de l’autre. Quoi que l’on fasse, que l’on reste immobile ou que l’on déambule, que l’on échange un regard troublant avec l’une des artistes, que l’on se positionne en « voyeur » en glissant les yeux à travers les planches des stalles, que l’on s’attarde à la régie technique, que l’on échange avec Nelly Arcand un rapide sourire, on participe soi-même au spectacle en émettant un feedback qui en modifie instantanément la charge et la nature. On est soi-même corps évoluant sur la scène, acteur et danseur improvisé. Notre attitude fascinée, blasée ou amusée est un commentaire, le spectacle un billet et le tout, une conversation.
En ce qui me concerne, il m’aura fallu environ 15 minutes pour me libérer du malaise entraîné par cette situation apparemment incongrue. Une fois que j’ai compris ce que j’étais en train de vivre, j’ai pris un plaisir fou à jouir de ma liberté d’acteur/spectateur au cœur d’un torrent d’émotions artistiques, à m’approcher des danseuses afin de ressentir à fond leur charge émotionnelle, à observer le public, varier les angles de vision, échanger des regards ouverts, parfois même quelques mots, lire les textes défilant sous mes yeux et swinguer sur l’incroyable bande sonore du show. J’étais au cœur d’une expérience marquée par la participation et l’échange, une sorte de « spectacle 2.0 ».
Cette installation chorégraphique incarne ainsi à merveille les grandes lignes de force de notre société en réseau, dans laquelle il n’y a plus de centre ni de périphérie, mais d’innombrables centres et d’innombrables acteurs-spectateurs engagés dans une immense conversation à la fois mondiale et atomisée.
Ma morale chevaleresque, au final, c’est que la beauté de notre modernité réside dans l’acceptation des tensions inhérentes à toute liberté. Il y en a certainement d’autres (par exemple : la femme libérée ne peut vivre pleinement sans assumer la dialectique sensualité/soumission) et cela me réjouirait de connaitre la vôtre. Car c’est décidé, je vais retourner à la SAT, probablement vendredi ou samedi soir, afin de piaffer sur les roulements de batterie gigantesques de L’Écurie en compagnie de ma fille et d’une trollée d’inconnus.
Photo © Renaud Kasma. Origine: Facebook