Patience et longueur de temps

Finalement, tout vient à qui sait attendre. Mes parents chéris, dont je suis généralement séparé par tout un océan, atterrissent à Dorval à 15h20, cet après-midi. Par ailleurs, après des mois de travail bénévole, le nouveau site de W3Québec est en ligne. Bravo à tous les collègues qui y partagent leurs connaissances, leurs expertises et qui lui ont consacré, de façon totalement bénévole, une bonne partie de leur temps libres. Je suis très fier de faire partie de cette association.

W3 QuébecFinalement, tout vient à qui sait attendre. Mes parents chéris, dont je suis généralement séparé par tout un océan, atterrissent à Dorval à 15h20, cet après-midi. Par ailleurs, après des mois de travail bénévole, le nouveau site de W3Québec est en ligne. Bravo à tous les collègues qui y partagent leurs connaissances, leurs expertises et qui lui ont consacré, de façon totalement bénévole, une bonne partie de leur temps libres. Je suis très fier de faire partie de cette association.

Les rock stars, baromètres intouchables de l'opinion

Dans son enquête sur «les rebelles millionnaires», publiée ce matin à la Une du Devoir, Antoine Robitaille s’emploie à discréditer les rock stars qui militent en faveur de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté dans la monde. Les attitudes et les personnages qu’il dénonce ne sont pas aussi vains qu’il l’affirme. Ce sont les symboles médiatiques nécessaires d’un monde chaotique se mettant en marche pour assurer sa survie.

Un capitaliste sera toujours prêt à vous vendre la corde pour le pendre si cela peut lui rapporter de l'argent.Dans son enquête sur « les rebelles millionnaires », publiée ce matin à la Une du Devoir, Antoine Robitaille s’emploie à discréditer les rock stars qui militent en faveur de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté dans la monde. Leur attitude iconoclaste à l’égard de l’establishment ne serait qu’une « posture rebelle » à la mode, pour ne pas dire une basse opération de récupération mercantile. Les raisonnements des « experts » sur lesquels il appuie cette thèse ne sont pas dénués d’une certaine pertinence, mais ils sont un peu courts. Pour en extraire le sens réel, il faudrait les poursuivre jusqu’au bout.

Si les discours « révolutionnaires » des Bob Geldorf, Bono et autres Madonna de ce monde font aujourd’hui tant vibrer les foules, c’est qu’ils traduisent un profond sentiment de colère et de révolte au sein d’une frange de plus en plus large de la population mondiale. À la fin de l’excellent documentaire canadien The Corporation, le cinéaste américain Michael Moore rappelle cette boutade voulant qu’un capitaliste sera toujours prêt à vous vendre la corde pour le pendre si cela peut lui rapporter de l’argent. « Je suis l’une de ces cordes, conclut-il. J’utilise cette faille du système pour mieux le dénoncer. On me laisse faire parce que mes films sont populaires et qu’ils rapportent beaucoup d’argent. »

Vu sous cet angle, on comprend beaucoup mieux le succès de la « posture rebelle », nouvel objet de consommation dont les rock stars, ces baromètres sensibles de l’opinion, s’emparent afin de nourrir leurs créations populaires. C’est effectivement l’un des nombreux paradoxes engendrés par notre civilisation suicidaire et entretenu par ses élites économiques, politiques et médiatiques aveugles . Parmi tous les opposants au système capitaliste actuel, les plus efficaces sont ceux qui en tirent le plus grand profit matériel car cela leur confère, au sein de ce système, une légitimité les rendant intouchables.

Ces grands surfers de la conscience populaire ont la particularité de parler un double langage : celui de la raison sociale et du développement responsable, qui anime de plus en plus le commun des mortels, et celui de la déraison capitaliste, socialement irresponsable et globalement destructrice, qui rassure les marchés obnubilés par le seul profit à court terme. Du coup, leur pouvoir est immense car ils échappent aux implacables machines de répression qui écrasent les mouvements populaires de contestation.

Je conseille vivement à M. Robitaille de voir ou de revoir le film The Corporation, maintenant disponible en DVD dans les clubs-vidéo. Son analyse incomplète s’en trouvera peut-être illuminée par une prise de conscience salutaire. Les attitudes et les personnages qu’il dénonce ne sont pas aussi vains qu’il l’affirme. Ce sont les symboles médiatiques nécessaires d’un monde chaotique se mettant en marche pour assurer sa survie.

Victoire du bon sens logiciel

Sur 736 parlementaires européens, 645 se sont prononcés aujourd’hui en faveur du rejet de la directive de la Commission européenne sur les brevets logiciels. Seuls 14 eurodéputés ont soutenu ce texte, alors que 18 s’abstenaient et que les 59 autres prenaient une journée de congé. (…) Le bon sens, l’esprit de coopération et d’innovation véritable auront donc prévalu. Ce soir, j’irai fêter ça au Premier Mercredi du YulBlog Café 🙂

GNU-Champagne!Sur 736 parlementaires européens, 645 se sont prononcés aujourd’hui en faveur du rejet de la directive de la Commission européenne sur les brevets logiciels. Seuls 14 eurodéputés ont soutenu ce texte, alors que 18 s’abstenaient et que les 59 autres prenaient une journée de congé.

Cette décision finale est une grande victoire pour tous les défenseurs de la liberté de concevoir, développer, diffuser et utiliser des logiciels de façon honnête et équitable. Le droit d’auteur, qui protège le code et non l’idée, leur suffit amplement. Appliqué au logiciel, le principe des brevets dont on connait déjà les conséquences en biotechnologie, par exemple, aurait eu pour résultat de rendre illégal l’implémentation dans un logiciel d’un simple clic de souris et de mille autres fonctionnalités de base que se seraient empressé de breveter, à coup de millions d’euros, les grands groupes de l’industrie.

Le bon sens, l’esprit de coopération et d’innovation véritable auront donc prévalu. Ce soir, j’irai fêter ça au Premier Mercredi du YulBlog Café 🙂

» Détails et autres liens sur Da Linux French Page

Trompe-l'oeil médiatique

Le 24 juin dernier, le chroniqueur techno de Radio-Canada, Bruno Guglielminetti, caressait ses lecteurs québécois dans le sens du « poële » en leur signalant l’entrée du mot « blog » dans l’édition 2006 du dictionnaire Larousse. Évidemment, la levée de boucliers linguistiques ne s’est pas faite attendre et plusieurs commentateurs se sont dit offusqués que les éditeurs français aient choisi l’emprunt direct à l’anglais plutôt que le néologisme « blogue » préféré par l’Office de la langue française du Québec.

L'oeil était dans le blogue et regardait Caïn :)Le 24 juin dernier, le chroniqueur techno de Radio-Canada, Bruno Guglielminetti, caressait ses lecteurs dans le « sens du poële » en leur signalant l’entrée du mot « blog » dans l’édition 2006 du dictionnaire Larousse. Évidemment, la levée de boucliers linguistiques ne s’est pas faite attendre et plusieurs commentateurs se sont dit offusqués que les éditeurs français aient choisi l’emprunt direct à l’anglais plutôt que le néologisme « blogue » préféré par l’Office de la langue française du Québec.

Une rapide recherche dans Google permet pourtant de retrouver la trace des dépêches d’agence originales, elles-mêmes n’étant probablement que des concentrés de communiqués de presse plus détaillés. On y découvre plusieurs québécismes dans cette nouvelle cuvée lexicale — « calotte », « grignotine » ou « jambette » — ainsi que des belgicismes, helvétismes et autres italianismes, d’ailleurs. Bref, j’en déduis que notre langue s’abreuve à plus d’une culture, tout en respectant le génie propre à chacune.

Quant à l’orthographe controversée du mot blog[ue], l’usage majoritaire en assurera probablement la pérennité. Là encore, Google recense près de 4 millions d’occurences du mot « blog » sur le Web francophone, contre moins de 340 000 pour sa version québécisée. Cette dernière ne risque guère d’entrer dans le dictionnaire qu’à titre de variante québécoise, ce qui semble correspondre assez bien à la réalité. Et pourquoi pas, d’ailleurs?

Quoi qu’il en soit, cette anecdote sans importance prouve une fois de plus que le public ne sort pas grandi des pratiques journalistiques dominantes qui consistent à triturer les dépêches d’agences pour leur faire dire n’importe quoi. Sur le Web, on a pourtant la possibilité d’inclure dans ses textes des liens vers les sources au profit des lecteurs intéressés à en savoir plus. Rares sont les journalistes en ligne qui offrent cette valeur ajoutée à leurs lecteurs. C’est d’autant plus dommage qu’ils reporteraient ainsi sur eux la responsabilité de s’informer convenablement avant de porter un jugement.

Le conflit américano-cubain vu de la Place de Mai

Salim Lamrani a réalisé une entrevue explosive de la présidente des Mères de la Place de Mai, Hebe de Bonafini. Washington et ses alliés européens en prennent pour leur grade.

Hebe de Bonafini sur la Plaza de Mayo, à Buenos AiresHebe de Bonafini, présidente de la Ligne majoritaire du mouvement argentin de la Place de Mai (les mères des enfants assassinées par la dictature), a reçu le Prix Education et paix, de l’UNESCO, en 1999. Début juin, cette femme courageuse et qui ne mâche pas ses mots participait à une conférence contre le terrorisme (américain, entre autres) à La Havane. Le chercheur français Salim Lamrani, spécialiste des relations américano-cubaines, l’y a rencontrée.

Au fil de cette entrevue, Mme de Bonafini dénonce crûment la propagande anti-cubaine et les atteintes aux droits humains perpétrées, un peu partout dans le monde, par les élites américaines et leurs alliés européens. Son regard sur le monde est assez différent que celui que colportent habituellement les médias occidentaux. Il n’en est pas moins fort troublant.

» Lisez l’entrevue »

Charité bien ordonnée commence par un concert rock

À quelques jours de la rencontre des huit chefs d’États les mieux nourris de la planète, l’opération Live 8 a déployé une pyramide arithmétique extrêmement signifiante.

La misère des richesÀ quelques jours de la rencontre des huit chefs d’État les mieux nourris de la planète, l’opération Live 8 a déployé une pyramide arithmétique extrêmement signifiante : « Dix concerts, 100 artistes, un million de spectateurs, deux milliards de téléspectateurs et un seul message: que ces 8 hommes, réunis dans une pièce, empêchent 30 000 enfants de mourir chaque jour en raison de l’extrême pauvreté », rapportait ce soir Radio-Canada.

Dans le même bulletin de nouvelles, j’apprenais que les laissés pour compte du Moving Day peuvent recevoir jusqu’à 400 dollars de supplément municipal de loyer par mois. Quelles que soit les difficultés qu’éprouvent ces personnes, force est de constater qu’elles sont en bien meilleure posture que les habitants du Sierra Leone, dont le revenu moyen n’est que de 225 dollars par an.

Faut-il jeter le P2P avec l'eau du bain?

Affranchissant les internautes des architectures centralisées et contrôlantes de type client/serveur, les protocoles de communications pair-à-pair (ou poste-à-poste) leur offre plus de liberté, plus de souplesse, plus de performance, tout en entraînant une diminution sensible des coûts d’opération, tant pour les diffuseurs que pour les opérateurs de réseau.

Bébé P2PAffranchissant les internautes des architectures centralisées de type client/serveur, les protocoles de communications pair-à-pair (ou poste-à-poste) leur offre plus de liberté, plus de souplesse, plus de performance, tout en entraînant une diminution sensible des coûts d’opération, tant pour les diffuseurs que pour les opérateurs de réseau. Le P2P fait donc partie du paysage technologique et il y restera malgré les attaques conjoncturelles qu’il subit actuellement.

Le trafic illégal de musique ou de vidéo ne constitue qu’un aspect très médiatisé, certes, mais relativement limité de cette tendance. De plus en plus d’organisations utilisent en effet les réseaux P2P pour diffuser, le plus légalement du monde, des contenus éducatifs, culturels ainsi que des logiciels.

En voici trois exemples :

  1. L’éditeur de logiciels libres Mandriva favorise la diffusion de ses distributions Linux via les réseaux poste-à-poste BitTorrent, minimisant ses frais de bande passante. En passant, Microsoft fait presque la même chose en diffusant ses ressources sur les serveurs de cache d’Akamai, sans aller toutefois au bout de cette logique de distribution décentralisée.
  2. Le service en ligne français Jamendo propose aux musiciens un nouveau concept de conquête du public, notamment fondé sur la diffusion gratuite d’albums complets sous licence Creative Commons. Les grosses machines du showbiz ont encore quelques réticences face à ce nouveau paradigme, mais elles y viennent peu à peu — et à leur manière — également.
  3. La projet américain EduCommons utilise les technologies poste-à-poste pour diffuser des objets d’apprentissage qui intéresseront tant les élèves et enseignants « traditionnels » que les entreprises en manque de formation.

Pourtant, les hauts cris poussés par les industries culturelles technologiquement et socialement conservatrices donnent du fil à retordre aux partisans du poste-à-poste. La peur des poursuites pour atteinte à la propriété intellectuelle terrorise les opérateurs de réseaux qui tentent par tous les moyens de s’en sortir, tout en contrôlant par ailleurs ce type de trafic exponentiel qui pourrait bien se révéler très coûteux pour eux. Les développeurs de matériels et solutions informatiques arrivent donc sur le marché avec toutes sortes de serveurs dédiés, de filtres, de pare-feux et autres défenses servant à contrôler le trafic et à bloquer les applications P2P quand c’est possible.

Or, c’est là que le bât blesse. Si l’on s’en tient à la seule vision négative de ce type de communications, on risque de refroidir le bain de bébé. Ce serait dommage, vu que le P2P apporte des réponses très pertinentes à toutes sortes de problèmes contemporains. C’est pour cette raison qu’il ne disparaîtra pas, d’ailleurs, mais encore faudrait-il lui laisser une chance de mûrir en évitant, par exemple, de bannir de nos réseaux publics et commerciaux tous les trafics atypiques en les fourrant à la hâte dans le mauvais sac.

Quelques lectures et ressources non raisonnées autour de ce sujet: