Contrairement à ce que certains peuvent penser, la « Baie James du XXIème siècle » ne consiste pas à développer de nouveaux mégaprojets hydroélectriques mais plutôt à ce qu’Hydro-Québec s’engage totalement dans la transition énergétique. Celle-ci passe pas un important changement de culture qui a peut-être déjà commencé. Son PDG prônait en effet récemment une communication plus responsable.
Catégorie : Analyse
King Coderre ou le choix résigné de l’establishment
Sans surprise, l’éditorialiste du quotidien Le Devoir se range aux côtés de l’establishement et du néoconservatisme en exprimant son choix pour pour Montréal. En appelant à voter pour Denis Coderre avec un bémol, il commet en effet la même erreur que l’establishment démocrate américain qui appela à voter pour Hillary Clinton au détriment de Bernie Sanders — avec le résultat que l’on connaît.
L’équipe « Déni » Coderre
Ne soyons pas dupes. Brian Myles reconnaît en effet l’immense imperfection du maire sortant: « Sous sa façade tout en bonhomie, Denis Coderre est un politicien roublard, allergique à la critique, centralisateur et revanchard. » Bien dit. Mais ni son aventure « pitoyable » dans la Formule E, ni sa proximité avec le promoteur Evenko, « symbolisée par l’abattage de 1000 arbres au parc Jean-Drapeau, sans consultation », ni sa « lubie » inacceptable et ô combien populiste de faire financer par la Ville une équipe de baseball professionnel ne l’amènent à insuffler dans ses propos l’espoir d’échapper à notre triste destin de colonisés. Votons donc Coderre et courbons l’échine jusqu’en 2021 — tel est son message, pitoyable et résigné.
Projet Montréal : une voix forte et structurée
Pas du tout certain, cependant, que l’entourage du maire sortant soit en mesure de lui expliquer « la différence entre la détermination et l’arrogance », le maître à voter du Devoir ne voit de salut que dans « une opposition forte et structurée, que Projet Montréal incarne à merveille ». Ah!!! Il reconnaît notamment que le parti de Valérie Plante « s’est distingué par sa capacité d’écoute et de défense des intérêts des citoyens, au risque de s’aliéner les commerçants, et surtout les automobilistes de passage ». Il ne s’agit donc pas, ici, d’arrogance, mais de courage politique, de cohérence, de détermination.
Le beau risque de l’avenir
Nous pouvons échapper à la fatalité centralisatrice et passéiste d’un pouvoir municipal opaque privilégiant systématiquement l’ambition individuelle et le profit immédiat au détriment du destin collectif. Nous devrions au contraire privilégier la vision de proximité, de justice sociale, de conscience écologique, participative et solidaire mise de l’avant par les équipes de Projet Montréal dans tous nos arrondissements.
La défense de l’intérêt des citoyens n’est pas incompatible, fort heureusement, avec la gestion politique solide d’une grande ville centre tournée vers l’avenir. Au contraire. Le parti de Valérie Plante regorge lui aussi d’expérience, de talent et de diversité. Prenons le « beau risque » de lui faire confiance et que la nouvelle mairesse fasse ses preuves, tout comme nous avons permis à l’ancien ministre libéral de faire les siennes à titre de maire en 2013.
Car entre temps, malheureusement, « Kid Coderre » s’est transformé en « King Coderre » et cette mutation malsaine ne disparaîtra pas par enchantement. Parions sur l’avenir. Inventons ensemble une forme actualisée de démocratie municipale au lieu de subir la caricature monarchique que tente cyniquement de nous vendre l’establishement.
VOTONS PROJET MONTRÉAL!
Règlements municipaux : comment recueillir l’avis des citoyens de Montréal?
Cette semaine, le Bureau de la Ville intelligente de Montréal inaugurait une série de trois ateliers de cocréation citoyenne sur le thème de l’évolution de la présence numérique de la Ville de Montréal. Ayant déjà participé à deux événements du même ordre l’an dernier et trouvant ce genre d’expérience intéressante, je me suis engagé à y assister. Voici un rapide compte-rendu de ma participation au premier de ces trois ateliers, qui portait sur les services numériques.
Comme toujours lors d’un tel exercice, l’assistance fut divisée en petits groupes, chacun rassemblé autour d’une table avec mission de plancher sur un sujet précis. J’ai choisi l’un de ceux qui me semblait le plus essentiel :
Imaginez un service en ligne permettant de donner un avis sur un projet de règlement [municipal]
Mon groupe était constitué de cinq personnes, dont une animatrice du Service des communications et des relations avec les citoyens de la Ville. J’étais le seul à avoir une idée relativement précise des échanges publics précédant le vote des règlements municipaux. Ce vernis de « culture » démocratique de bas niveau, je l’ai acquis l’hiver dernier en assistant à plusieurs séances du Conseil d’arrondissement d’Outremont, alors aux prises avec l’une de ces mémorables chicanes interculturelles dont l’ex-ville fusionnée a le secret.
Bref… Voici ce à quoi nous sommes arrivés:
Cette feuille de notes résume ce que quatre citoyens et une communicatrice de la ville ont réussi à débroussailler en trois heures. Vous n’y trouverez ni gadget ni néologisme à la mode — rien que du gros bon sens pouvant servir de base à une réflexion plus poussée. La présentation que nous en avons donnée en fin d’atelier n’aura duré que trois minutes et je vais tenter de la résumer ici.
Problématiques actuelles
D’après notre expérience limitée, la formule de débat démocratique pratiquée lors de l’adoption des règlements municipaux en conseil d’arrondissement souffre des lacunes suivantes :
- À moins d’être directement concernés, les citoyens n’ont pas ou que très peu d’information sur les enjeux des règlements proposés, ce qui ne favorise pas l’élaboration d’une opinion ni, surtout, sa pertinence.
- La période de question est limitée. Peu de gens ont le loisir de s’exprimer, leurs interventions étant de plus restreintes à la formulation d’une « question principale » et une « question corollaire ».
- Les réponses des conseillers sont parfois artificielles, évasives ou hors sujet. Bien souvent, ils ne disposent tout simplement pas de l’information demandée, se défaussent sur les fonctionnaires qui n’en savent pas plus et, au final, affirment qu’ils reviendront avec la réponse plus tard (ce qui, on s’en doute bien, n’arrive pas toujours).
- Au final, le citoyen a l’impression de n’être entendu que d’une oreille distraite. Il ne peut qu’imaginer ce qui se trame en coulisse, au niveau politique, et spéculer sur la rationalité sous-tendant les positions convergentes ou divergentes des conseillers. Il a beau essayer de s’impliquer dans la vie de sa collectivité, il reste sur sa faim.
Les principaux avantages attendues du service sont :
- Une meilleure compréhension du travail réalisé par les élus et l’administration municipale.
- Un engagement accru des citoyens dans les affaires de leur cité.
Donner son avis… oui, mais sur quoi?
Avant de penser à donner son avis, encore faut-il connaître un peu le dossier. À moins de vouloir mettre en scène un simulacre de démocratie directe n’ayant aucun impact sur la gouvernance réelle de la Ville, il serait judicieux d’informer les citoyens en amont des tenants et aboutissants des projets pour lesquels on sollicite leur avis.
À l’heure actuelle, les dossiers sont préparés par les fonctionnaires d’arrondissement et transmis aux élus, mais pas divulgués à la population. Celle-ci n’a droit, à quelques jours d’avis, qu’à un ordre du jour assez laconique (exemples). Ce n’est que lors de la période des questions précédant la séance de vote des conseillers que les citoyens ont la possibilité d’interroger ces derniers pour tenter de comprendre leurs positions et leur communiquer, tant bien que mal, parfois in extremis, leur opinion.
Idée n°1 – Chaque projet de règlement faisant l’objet d’un appel à avis citoyen devrait être clairement présenté sous forme de dossier accessible sur une page (URL) dédiée facile à partager. La documentation requise (échanges de lettres, courriels officiels, rapport des services juridiques, patrimoniaux, etc.) devrait, dans les limites requises par la protection légitime des informations personnelles des citoyens concernés, y être attachée. #transparence #efficience #intelligence
Esquisse des principales fonctionnalités
Ces bases étant posées, nous avons commencé à réfléchir à la forme que pourrait prendre le projet. Très rapidement, l’analogie avec un réseau social de type Facebook a été mise sur la table. Il s’agit en effet de pouvoir discuter d’un projet (forum), mais aussi de pouvoir publier des photos ou des vidéos pour appuyer son propos. Certaines fonctions seraient plus proches de celles de Google Drive (partage de documents texte, tableurs ou PDF pour les mémoires et sources documentaires) ou encore de Doodle ou Framadate (agendas et sondages en ligne).
Un média social ouvert, mais aussi sécuritaire et modéré (!)
La très grosse différence, c’est que nos données personnelles n’y seraient pas analysées, traitées et transigées sur le marché du Big Data. L’identité des utilisateurs y serait vérifiée et validée, par exemple à l’aide d’un numéro de compte de taxes, de carte de bibliothèque ou d’Accès Montréal.
Les participations seraient évidemment nominatives et modérées selon des règles claires, appliquées à la lettre. Sans cela, on tomberait rapidement dans les travers des commentaires anonymes, insignifiants, voire insultants que l’on trouve dans certains sites de médias.
Idée n°2 – Afin d’équilibrer la nécessité d’ouverture avec celle de la protection, il faudrait rendre les publications accessibles à tout citoyen de la Ville enregistré sur la plate-forme, mais pas nécessairement au reste du monde — et surtout pas aux moteurs de recherche et autres moissoneuses de données.
Des fonctions de filtrage
Rares sont les citoyens intéressés à tous les sujets traités par leurs gouvernements. Ceux qui le sont, en général, deviennent politiciens. 😉
Idée n°3 – Dans le profil utilisateur du service, on devrait pouvoir cocher les sujets que l’on souhaite voir en priorité lorsqu’on se connecte. Exemple: transport, voirie, culture, urbanisme, OK, ça m’intéresse. Éducation, religion, sports, commerce, désolé, ça ne m’intéresse pas (ou tout autre choix et combinaison).
Un système de notification flexible
Une fois passé l’effet de la nouveauté, il est probable que l’intérêt des citoyens pour la plate-forme s’estompe rapidement. Pour le renforcer, il nous semble indispensable d’offrir à ceux (et seulement à ceux) qui le désirent un service de notification. Reste à accommoder aussi bien les citoyens désirant se tenir informés en temps réel que les autres, qui risqueraient de se lasser s’ils sont bombardés de courriels.
Idée n°4 – Le service de notification par courriel devrait permettre de choisir, à l’aide d’une liste de cases à cocher, les thématiques pour lesquelles on souhaite être mis à jour. Il devrait aussi permettre de personnaliser la périodicité des alertes. Par exemple: chaque jour, chaque semaine ou chaque mois.
Réduire la fracture numérique grâce à la vidéo
Tous les citoyens ne disposent pas des mêmes capacités à s’exprimer en ligne. « 53 % de la population [québécoise] n’atteint pas le seuil souhaitable pour fonctionner correctement dans une société qui gagne en complexité à chaque année », rappelait cet été un article du Huffington Post. De ce nombre, 19 % seraient incapable de lire et d’écrire. En mars dernier, plusieurs groupes communautaires montréalais se rassemblaient afin de lutter contre l’exclusion informatique, « cette nouvelle forme d’inégalité sociale touchant près d’un quart des québécois. » Il est évident qu’un service de consultation numérique ne pourrait pas totalement remplacer le travail de terrain.
Idée n°5 – Afin de favoriser la plus large accessibilité possible, il faudrait pouvoir accepter le partage de séquences vidéo réalisées à l’aide d’une simple webcam, ce qui encouragerait les personnes ayant des difficultés d’écriture ou d’utilisation bureautique à faire entendre leurs voix. Des individus ou des groupes communautaires pourraient également utiliser cette fonctionnalité afin de recueillir et partager des commentaires et témoignages de citoyens, un peu comme on recueille aujourd’hui les signatures d’une pétition.
NB – Cette idée soulève inévitablement la question de l’accessibilité des contenus vidéo et de leur indexation. Ce n’est donc pas la plus simple à mettre en œuvre, ni la moins coûteuse.
Encourager l’interaction par l’autorégulation
Lors des débats les plus populaires, on pourrait vite se retrouver avec des dizaines, voire, dans certains cas, des centaines de commentaires et clips vidéo à lire ou visionner. D’où cette dernière idée:
Idée n°6 – Afin d’encourager l’interaction, facteur d’engagement, et de mettre en valeur les contributions les plus populaires, on pourrait réfléchir à un système d’appréciation de style Facebook ou, plus complexe, un système d’autorégulation comme celui mis au point par Slashdot, un site américain de partage de nouvelles technologiques.
Pas de consultation sans rétroaction
Tout ceci est bien beau, mais reste l’essentiel : à quoi cette dépense d’argent public et d’énergie citoyenne servirait-elle? Comment serait-elle prise en compte par le personnel professionnel, administratif et politique de la Ville? Quelles seraient ses effets concrets en terme de gouvernance et de meilleure gestion des dossiers?
C’est pourquoi, en guise de conclusion, nous avons imaginé que chaque discussion autour d’un projet de règlement devrait faire l’objet, au final, de deux rétroactions systématiques :
- Avant le passage au vote, l’administration municipale concernée devrait procéder à l’analyse des contributions recueillies et en faire la synthèse, ce qui permettrait de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde et permettrait d’en tirer des conclusions plus consensuelles.
- Une fois le projet amendé au besoin et adopté, il serait bon que le Conseil assume pleinement sa décision finale (surtout dans les cas où elle prêterait à controverse) en l’expliquant clairement, succinctement et sans détour.
Ce travail de synthèse et de pédagogie politique constituerait une véritable rétroaction dans la mesure où il matérialiserait l’efficacité du processus et amplifierait, par le fait même, la motivation des citoyens à y participer.
Trains, pipelines, écologie, populisme, complexité et… transports en commun!
L’ineffable et très sympathique Richard « Sangria » Martineau aimerait poser cette question aux écolos:
« Selon vous, est-ce mieux de transporter du pétrole sous la terre que dessus? »
Voici le commentaire que je viens de déposer et qui est « en attente de modération », comme on dit. Entre nous, il faut vraiment être gonflé pour attendre de la modération sur ce blogue, mais j’ai fait de mon mieux.
Continuer la lecture de « Trains, pipelines, écologie, populisme, complexité et… transports en commun! »
Savoir-Faire Linux vs. Régie des rentes du Québec
La question n’est pas de savoir si telle technologie est meilleure que telle autre. La question, c’est de savoir si le processus d’appel d’offres mis en place par le Gouvernement du Québec a été ou non correctement appliqué dans l’octroi d’un important contrat de mise à jour des postes de travail informatiques de la Régie des rentes du Québec.
La question n’est pas de savoir si telle technologie est meilleure que telle autre. La question, c’est de savoir si le processus d’appel d’offres mis en place par le Gouvernement du Québec a été ou non correctement appliqué dans l’octroi d’un important contrat de mise à jour des postes de travail informatiques de la Régie des rentes du Québec.
Tel est, en substance, ce que m’a expliqué Benoit Grégoire, directeur général de Savoir-Faire Linux, qui témoignait la semaine dernière au procès opposant son employeur à ce puissant ministère. L’entrevue a eu lieu à la toute fin du Confoo Report, alors que nous venions de discuter d’une tout autre question, soit la diversité méconnue des systèmes de bases de données. Seul point commun : la diversité méconnue 😉
En ce qui me concerne, mon opinion est faite, mais j’espère que ce témoignage public ― Savoir-Faire Linux cultive cette élégance très XXIe siècle de pratiquer la transparence ― à la fois honnête et prudent vous aidera à faire la vôtre. Sinon, demandez à Google ce qu’il en pense ou tapez-vous des vidéos plus divertissantes sur la RRQ 😉
Ah oui ! J’oubliais… Le Gouvernement du Québec persiste dans l’opacité et son Centre de services partagés (CSPQ) se montre décidément très mauvais joueur. À mon humble avis de communicateur d’images et de journaliste citoyen, il devrait plutôt flairer l’incendie qui couve et régler le problème en bon père de famille avant que l’Opposition officielle ne s’en empare et réclame une autre commission d’enquête sur ses chantiers de construction informatique. Surtout que SFL, voyez-vous, le domaine de la construction, elle en connait un bout 😉
Divulgation et appendices
- Ce billet a été rédigé dans Google Chrome 4.0 turbinant sous Windows 7 dans un ordinateur portable de marque Lenovo made in China.
- La capsule vidéo n’a (hélas!;) reçu aucun soutien financier de Savoir-Faire Linux, ni d’aucun gouvernement, ni d’aucune multinationale basée dans le Nord-Ouest des États-Unis. En revanche, elle a été co-produite par moi-même Confoo.CA, Kindo Communications et INBOX International, que je félicite pour leur foi dans la communication durable.
- N’hésitez pas à vous en emparer car, ayant été payée, cette vidéo peut circuler librement (BY-SA), et profitez aussi des versions téléchargeables de la colonne de droite.
- Pour connaitre les suites de cette affaire, suivez @sflrrq, abonnez-vous au flux de Cyrille Béraud et lisez de bons journaux (pas ceux-là, malheureusement).
Ustream Producer: l’erreur fatale à éviter
Hier soir, j’avais la chance de webdiffuser une conférence passionnante de Tara Hunt en direct du 3e Mardi | Third Tuesday Montreal. C’était la deuxième fois que j’utilisais, en production, le logiciel Ustream Producer Pro, sorti il y a quelques semaines à peine. À la suite d’un concours de circonstances indépendant de ma volonté suivi d’une négligence fatale de ma part, j’ai raté cette webdiffusion.
Hier soir, j’avais la chance de webdiffuser une conférence passionnante de Tara Hunt en direct du 3e Mardi | Third Tuesday Montreal. C’était la deuxième fois que j’utilisais, en production, le logiciel Ustream Producer Pro, sorti il y a quelques semaines à peine. À la suite d’un concours de circonstances indépendant de ma volonté suivi d’une négligence fatale de ma part, j’ai raté cette webdiffusion. En en faisant ici l’autopsie, je souhaite fournir l’explication technique de cet échec et partager la leçon avec d’autres Ustreamer francophones.
Le concours de circonstances
Depuis que le 3e Mardi existe, il y a toujours eu une équipe de Duocom sur place assurant, grâce à l’appui de commandite de CNW, le son et l’éclairage. En arrivant sur place, je n’avais qu’à brancher le câble de sortie de console dans l’une des entrées son de ma caméra et pouvais me concentrer sur le paramétrage de ma webdiffusion tranquillement.
Or, hier soir, cet équipement n’était pas là. Je ne l’ai appris qu’en arrivant sur place, 40 minutes avant l’heure prévue du début de mon show. J’ai passé ces précieuses minutes à monter mon matériel, puis à tenter de fonctionner avec la petite console de son fournie par Daylight Factory afin de sonoriser la salle. Celle-ci ne comportant pas de seconde sortie exploitable pour ma caméra, j’ai dû faire un aller-retour chez moi, en plein trafic, afin de me doter d’un matériel plus adéquat.
À 18h, j’étais de retour au Daylight Factory. La salle était noire de monde. Au dernier moment, les organisateurs avaient inversé la disposition de la projection et j’ai dû déplacer quelques tables, ma caméra et tout mon matériel afin d’adapter l’angle de prise de vue. Puis j’ai installé ma propre console de son, branché mes micros sans fil, cafouillé avec l’effet larsen, puis, finalement, le plus rapidement possible, démarré le show en direct, sans prendre le temps de réviser un à un tous les paramètres comme je le fais habituellement.
Or, le son avait l’air bon. Cela sonnait impeccable dans ma caméra et la première écoute du retour en ligne se révélait positive. À deux mètres de moi, un complice suivait le show sur un ordinateur portable afin de modérer le clavardage et me rapporter d’éventuels problème. Malheureusement, il n’avait pas de casque et je n’y ai pas fait attention.
Encore plus malheureusement, nous avions pris du retard sur l’horaire de webdiffusion, peu de gens relayaient l’événement sur Twitter et les rares personnes (25) qui se sont connectées n’ont pas clairement sonné l’alarme. Ce n’est que bien plus tard, en rentrant chez moi, heureux d’avoir réussi à dominer une situation potentiellement dangereuse, que j’ai réécouté l’enregistrement et constaté le problème sonore. Cet enregistrement est inexploitable. J’ai fourni beaucoup d’efforts pour rien. Je n’ai pas permis à ces centaines, voire des milliers d’internautes de se nourrir de l’excellente conférence que nous a offert Tara. Je n’ai donc pas donné satisfaction à mon commanditaire. Dont acte. #FAIL
Transparence: la vie privée n’est-elle plus qu’une forme d’hypocrisie?
L’évolution des technologies numériques, chère Madame, pose en effet des problèmes moraux qu’il est juste d’examiner. Je ne vous reproche pas ce questionnement mettant en cause le délicat rapport entre transparence et vie privée, mais j’aimerais vous suggérer un angle d’analyse un peu moins effrayant.
L’ennui, avec les sites d’information payants comme celui du quotidien Le Devoir auquel je viens de me réabonner, c’est que les fils de commentaires des articles réservés aux abonnés n’y sont pas publiquement accessibles. Ce qui m’oblige, pour ne pas littéralement « perdre le fil », à republier ma réponse à Denise Bombardier. Autre avantage fort bien illustré par @NicolasBoileau, « Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage / Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage / Polissez-le sans cesse, et le repolissez / Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. » ;~)
L’évolution des technologies numériques, chère Madame, pose en effet des problèmes moraux qu’il est juste d’examiner. Je ne vous reproche pas ce questionnement mettant en cause le délicat rapport entre transparence et vie privée, mais j’aimerais vous suggérer un angle d’analyse un peu moins effrayant.
Nous sortons d’un siècle terrible, XXème du nom, qui a consacré la puissance et le déclin de tous les totalitarismes. Sous Hitler, Staline, McCarthy et Honecker, en effet, la défense de la vie privée était absolument essentielle à la survie de la liberté individuelle. Au Québec de la Grande Noirceur, étouffant de catholicisme intégral, elle permettait de respirer un peu.
Dans la démocratie représentative qui est aujourd’hui la nôtre, cependant, tout est différent. Le divorce, l’avortement et la garde partagée ne sont plus des péchés. L’homosexualité et même la transexualité sont socialement admises, même si des âmes conservatrices conservent encore à cet égard des préjugés. Nous savons depuis l’Antiquité que l’erreur est humaine, mais le pardon ne nous vient plus de Dieu, par l’entremise d’un prêtre plus ou moins vertueux. Il découle de nos propres législations des causes et des effets liées à nos conceptions de la complexité de la condition humaine. Nous sommes généralement mieux éduqués, mieux préparés au déferlement de la transparence.
D’ailleurs, qu’est-ce que la transparence? Très simplement et à titre individuel, selon moi, cela revient à vivre ouvertement selon (et en accord avec) ses principes et ses convictions. Si je crois que ce que je fais est inavouable, je dois courageusement le reconnaitre et tenter de modifier mes comportements, quitte à demander de l’aide à mes concitoyens. Si ce que je fais est juste, en revanche, pourquoi devrais-je le cacher? Je suis en droit de l’assumer pleinement, quitte à me battre pour faire évoluer la morale de mes pairs.
La transparence est inhérente au XXIème siècle
Au plan socio-politico-économique, la transparence est aujourd’hui nécessaire et nous pouvons le sentir tous les jours en consultant nos sources d’information favorites. Il est devenu inacceptable de diriger la société tout en acceptant des enveloppes brunes; de prêcher la vertu tout en exploitant sous la soutane la sensualité immature des enfants; de cacher des primes mirobolantes qui influent fatalement sur votre gouvernance; de polluer la planète en catimini; et, même, d’incarner un héros multimillionnaire tout en cachant ses petits travers pernicieux.
La montée de transparence (comme on dit « montée de lait ») à laquelle nous assistons est bien réelle. Elle est très largement induite par les technologies que nous avons nous-mêmes créées : « We shape our tools and thereafter our tools shape us », écrivait Marshall McLuhan il y a déjà 45 ans. L’évolution récente des technologies de l’information et de la communication entraîne effectivement un recul des frontière de la vie privée, certes, mais elle s’accompagne aussi d’une moralisation forcée de la société, notamment de la politique, des entreprises et, marginalement, du show business, du sports business et du celebrity business.
Cette moralisation n’est pas inféodée à une idéologie politique ou religieuse. Elle est ancrée dans une culture de la tolérance. Votre vie intime n’est pas menacée si vous vivez modestement et sans porter à conséquence. Elle l’est, en revanche, si vous vivez sous les projecteurs de la société ou si vous prétendez influencer la vie de vos contemporains. Je trouve cela très sain. C’est même indispensable si nous voulons avoir une chance de régler les immenses problèmes auxquels notre espèce fait face (écologie => développement durable, démographie => démocratie).
Cela ne nous dispense pas de rester vigilant face à deux épiphénomènes : (1) la perversion d’un certain voyeurisme et (2) d’éventuelles dérives totalitaires, qui sont, dans ce contexte, de véritables ennemies. Mais, par pitié, ne jetons pas l’innocent bébé de la transparence avec l’eau du bain ;~)
Android Montréal s’invite au Momomo
Le groupe Android Montréal a été créé sur Facebook cette semaine et ses co-fondateurs se rencontreront le lundi 7 décembre, au Café Républic, juste avant le Mobile Monday Montreal. Celui-ci commençant à 18h30, nous vous invitons à nous retrouver sur place vers 18h.
Ô miracle! Figurez-vous que le groupe Android Montréal a été créé sur Facebook cette semaine et que ses co-fondateurs (John Brohan et moi-même) se rencontreront pour la première fois le lundi 7 décembre, au Café Républic, juste avant le Mobile Monday Montreal, alias Momomo. Celui-ci commençant à 18h30, nous invitons les utilisateurs de téléphones Android, alias « GPhones », ainsi que les développeurs et gestionnaires intéressés par cette plateforme mobile à nous retrouver sur place vers 18h.
Nous espérons que le milieu québécois des technologies mobiles est bien conscient de l’arrivée d’un futur joueur de poids sur le marché, puisque l’Open Handset Alliance est déjà soutenue par 48 entreprises, dont plusieurs géants de l’informatique et des technologies mobiles. Il faut bien comprendre que le succès actuel du iPhone, basé sur la technologie propriétaire de Apple, sera très bientôt relativisé par l’arrivée sur le marché d’offres de plus en plus alléchantes tablant sur la puissance de Google et l’ouverture du système d’opération Android.
Aux États-Unis, déjà, trois des huit meilleures offres mobiles sélectionnées par le Silicon Alley Insider sont propulsées par ce système d’opération. Je gage que, l’an prochain, on en sera au moins à la moitié, et peu importe que le style inimitable et l’excellence du iPhone séduise toujours une certaine élite techno/sociale !
Or, que remarque-t-on, dans la prestigieuse liste des membres de l’Open Handset Alliance ? Sauf erreur de ma part, il n’y figure aucune entreprise canadienne. À croire que, dans nos contrées nordiques, le sigle OHA ne puisse pas signifier autre chose que Ontario Hockey Association ou, à l’extrême limite, Ontario Horticultural Association.
À Montréal, cité aux aspirations technologiques s’il en est, il serait vraiment dommage que nous passions à côté d’un tel phénomène et de telles opportunités d’affaires, notamment en Asie où la pénétration du iPhone reste encore très marginale et risque de le rester longtemps.
Outre cela — et, je l’avoue, très égoïstement 😉 — j’aimerais bien qu’un pool de développeurs s’engage à porter sur Android l’application mobile d’Ile sans fil que Kolt Production a développé pour le iPhone et dont le code source sera ouvert dès la fin du mois. Ce serait un beau cadeau de Noël à faire aux centaines de bénévoles de cette association visionnaire qui facilite la mobilité sans fil dans notre belle et fière cité !
Martin Ouellette : « Payons la WebTV pour qu’elle reste gratuite! »
J’aime beaucoup Martin Ouellette, le président de Provokat. C’est un personnage épicé, inspiré et attachant. Un visionnaire d’une espèce et d’une honnêteté rare, même, puisqu’il est capable de donner une conférence qui remet en cause son propre modèle d’affaires.
Je croise souvent Martin à Yulbiz et, le mois dernier, il m’a parlé d’une idée de modèle d’affaires 2.0 qu’il venait d’imaginer lors du RDV Media 2009. Un modèle d’affaires pour la WebTV, basé sur le don et sur son corollaire, la gratuité. Très intéressé par son raisonnement, je me suis porté volontaire pour la diffuser dans cette capsule vidéo.
Pourquoi? Eh bien parce que je crois énormément qu’il s’agit d’un modèle d’avenir pour les productions WebTV de divertissement et de fiction. Le temps de la propriété intellectuelle est dépassé. La culture doit désormais circuler plus librement et le plus souvent gratuitement, mais il faut aussi que les créateurs et les artistes trouvent le moyen de gagner correctement leur vie.
Il faut donc que quelqu’un paie, quelque part. L’État? À part les vedettes reconnues, ce sera difficile. Le public dans son ensemble? Cela va à l’encontre de la tendance du gratuit que l’on observe depuis quelques années et qui devrait continuer à s’imposer. Alors qui???
- Des « micro-mécènes », d’abord, c’est à dire des gens comme vous et moi pouvant s’offrir le luxe d’envoyer quelques dollars à des créateurs de contenus numériques ayant de la valeur à leurs yeux, recevant en échange la gratification d’être publiquement associés à leur diffusion. Le ruissellement de contributions modestes a le pouvoir d’alimenter de grandes lacs de création.
- Des entreprises et des marques, ensuite, qui trouveront encore plus avantage à investir dans des contenus de valeur plutôt que dans des publicités primaires (et la plupart du temps mensongères) fonctionnant de moins en moins. En s’associant à ces communautés de soutien artistique et culturel, elles gagneront leur sympathie et des oreilles attentives.
Dans le domaine de la WebTV professionnelle et ciblée, c’est déjà un peu comme cela que je fonctionne moi-même pour certains projets. Mes webdiffusions des soirées-conférences de W3Québec et du 3e Mardi, par exemple, sont produites en coproduction avec des partenaires issus de la communauté qui me soutiennent financièrement. Idem pour le talk show interactif du webcom live, que je produirai à nouveau le mois prochain en co-production avec AgentSolo et Le Lien MULTIMÉDIA. Une fois que mes objectifs stratégiques et financiers sont atteints, le contenu généré peut bien circuler et servir à d’autres fins. Il en va de même pour tous les artisans.
Et il en va également de même pour la capsule de Martin. Je l’ai produite à mes frais, mais rien ne vous empêche, si vous la trouvez utile, de me verser ne serait-ce que la moitié de 5 dollars en cliquant sur le bouton ci-dessus. Si cela fonctionne, j’inventerai le « DonatorRoll » en me disant qu’il y a peut-être de l’avenir pour les journalistes reporters d’image indépendants passablement culottés ;D
La "refonte" de Libé : un rituel primitif sans intérêt
Quand le ciel leur tombe sur la tête, les humains primitifs revêtent des masques à plume, se dessinent des signes magiques sur le corps et exécutent des rituels destinées à chasser les mauvais esprits et à conjurer le mauvais sort. Le nouveau design de Libé n’apporte à peu près rien de neuf à part des mots creux et des concepts éculés. Il est du même ordre et aura fatalement le même résultat : aucun.
Ce matin, j’ai été interpellé par un gazouilli que Jeff Mignon venait de publier sur Twitter et sur Facebook: « Quel journal redesigné (seulement) a vu ses revenus augmenter? C’est bien que Libé ait de l’argent pour faire de la déco. » Je venais tout juste de lire mes courriels. La newsletter quotidienne de Libération pointait en effet vers un document PDF de deux pages au lieu de la traditionnelle page Web attendue.
Ce choix de format, lourd et inutile dans le contexte de cette nouvelle, n’est pas anodin. En parcourant le dépliant auto-publicitaire, j’ai été sidéré. Voici, pour mémoire, les commentaires que j’ai renvoyés à Jeff par l’entremise de son profil Facebook :
- C’est complètement ridicule. Je n’en reviens pas que la refonte Internet n’occupe qu’1/12e de page dans leur autopub PDF.
- On ne parle que de redesign graphique et éditorial. On introduit des abonnements payants qui ne donneront qu’une valeur ajoutée cosmétique aux abonnés — voir les articles au moment où ils sont envoyés à l’imprimerie, quelle belle affaire!
- Il n’y a là aucune vison de la valeur ajoutée d’Internet, de l’hypertexte, de la profondeur de l’info et des sources, enfin, qui restent encore inaccessibles, inviolées.
Au final, je crois qu’il ne faut pas chercher à comprendre cette nouvelle de façon rationnelle. Il faut au contraire l’interpréter de façon anthropologique, en intégrant la dimension irrationnelle qui justifie, même de nos jours, bien des prises de décisions humaines aux conséquences catastrophiques.
Plutôt que d’introduire dans sa refonte les concepts novateurs requis par le passage inévitable d’une économie matérielle à une économie immatérielle; plutôt que de se concentrer sur la valeur tangible de son produit, la valeur ajoutée offerte à ses clients et la logique profonde d’Internet et des médias sociaux, qui reconfigurent inexorablement nos besoins et nos habitudes de consommation de l’information, la direction de Libération a choisi de faire du bruit… avec rien. Elle a choisi le cosmétique, le rituel magique, l’incantation religieuse.
Quand le ciel leur tombe sur la tête, les humains primitifs revêtent des masques à plume, se dessinent des signes magiques sur le corps et exécutent des rituels destinées à chasser les mauvais esprits et à conjurer le mauvais sort. Le nouveau design éditorial de Libé n’apporte à peu près rien de neuf à part des mots creux et des concepts éculés. Il est du même ordre et aura fatalement le même résultat : aucun.
Pire. L’introduction de contenus payants sans réelle valeur ajoutée (voir plus haut) créera un réflexe de méfiance dans le lectorat, qui ne tardera pas à se sentir floué par la minceur des privilèges payants qu’on lui accorde. Or, au contraire, toute offre de contenu payante devrait puiser dans les fabuleux trésors encore inexploités par les entreprises de presse et ouvrir enfin l’accès à des contenus actuellement inaccessibles — ou très peu accessibles :
- des sources textuelles, audio et vidéo brutes, mais validées, structurées, référencées, en consultation simple ou exportables aux fins d’exploitation par des éditeurs tiers (en mode « remix« ), qu’il s’agisse d’autres médias, de blogueurs, d’entreprises ou d’organisations — bref, ce que j’appelle des « open sources ».
- des dossiers thématiques exhaustifs, incluant une profondeur inégalée grâce, non seulement aux archives propriétaires du journal, mais également aux liens externes menant vers les pages Wikipédia, articles de blogues, autres sites de médias voire d’entreprises de ce monde qui, tous, constituent des sources auxquelles s’abreuvent les journalistes et auxquelles leurs lecteurs trouveraient probablement enrichissant de pouvoir également s’abreuver.
Cette future architecture de l’information « open sources » nécessite de grands investissements en formation. Les journalistes en place ne veulent pas, aujourd’hui, s’embarrasser avec la production de sources multimédia (audio et vidéo) en temps réel ou quasi réel. Heureusement, la génération qui arrive derrière n’a pas de scrupule à cet égard, d’abord parce que c’est devenu très simple avec les outils dont nous disposons aujourd’hui, mais aussi parce qu’elle a intégré cette dimension dans sa culture. Or, c’est le seul moyen dont la presse « écrite » dispose pour damer le pion aux médias électroniques (radio/TV) et aux médias sociaux sur lesquels l’information circule désormais en temps réel.
Cette future architecture de l’information « open sources » nécessite également le développement de systèmes informatiques complexes permettant de structurer, indexer, présenter, rendre digestes et accessibles ces masses d’informations spécialisées à haute valeur ajoutée. Au lieu de concentrer ses forces humaines et financières sur cet objectif stratégique aux plans économique, technologique et social, Libération investit son temps et son argent dans un rituel de cosmétique journalistique qui n’a aucune chance de fonctionner. C’est bien dommage.
Photo : Sudan deel 4 – De Nuba school / body painting
Photographe: Rita Willaert
Licence: Creative Commons BY/NC/SA
PS : Si vous êtes à Montréal (Québec) le week-end du 19-20 septembre, venez discuter du modèle d’affaires du journalisme « open sources » à Podcamp Montréal. Plus nous serons de fous à refaire le monde des médias et plus rira bien qui rira le dernier ;~}
Mise à jour @ 18h22 : Il y a quelques jours, 01net écrivait qu’« une application payante très innovante permettra d’accéder à d’autres services, dont on ne connaît pas encore la teneur ». Espérons que Libé ira dans le sens de l’ouverture des sources, de l’info multimédia, du temps réel et du remix. Si c’est le cas, je réviserai ma position en conséquence…
Quand le jeu du Shah et de la souris nous ramène au journalisme «open sources»
Le journalisme a et aura toujours besoin de sources. Quand un État empêche les journalistes de travailler, il est bon que les citoyens prennent le relais en diffusant leurs propres témoignages. Idem quand une catastrophe survient trop loin des salles de rédaction ou que celles-ci omettent tout simplement, pour toutes sortes de raison, de couvrir un événement. Ce qui n’empêche pas les « novellistes », comme on les appellera peut-être un jour, d’avoir leur place dans la longue chaîne de l’information citoyenne. Bien au contraire !
Pour en finir avec les demandes de connexion Facebook (et Linkedin*) infondées
Du bon usage des outils de contact personnel sur les médias sociaux.
Comme vous-même, je suppose, je reçois régulièrement des demandes de connexion Facebook [PS: ou Linkedin] émanant de personnes inconnues qui ne me donnent aucune façon d’évaluer la pertinence de leur répondre « oui » ou « non ». Très souvent, la consultation de leur profil, laconique et/ou insignifiant, n’apporte aucun élément de réponse.
Pour ne pas être impoli, j’ignore donc leur demande tout en leur envoyant un petit mot personnalisé, du genre:
« Bonjour Louise. Où nous sommes-nous rencontrés? Si ce n’est pas le cas, que me vaut l’immense plaisir de m’interroger avec une grande perplexité sur la raison de votre demande de connexion? »
Quelle perte de temps!
Pourtant, chaque formulaire de demande est accompagnée d’une option « Ajouter un message personnel… » permettant, justement, d’ajouter une once de savoir-vivre, quelques explications, une touche personnelle, enfin, à sa demande. Comment se fait-il que ces gens ne l’utilisent pas puisqu’ils s’adressent à un pur inconnu?
Une carte d’affaires? La belle affaire!
Certes, ma copine Michelle Blanc affirme sur toutes les ondes accepter les demandes de n’importe qui car (je résume) « on ne refuse pas une carte d’affaires, n’est-ce pas? ». Michelle étant désormais un personnage public, c’est son privilège et son droit. Ce qui est vraie pour elle ne l’est cependant pas forcément pour tout le monde et je vais tenter de vous expliquer pourquoi.
En ce qui me concerne, mon profil Facebook n’est pas un lieu de travail, mais de détente personnelle et professionnelle, un « partenariat public/privé », en quelque sorte. J’y tiens librement des propos tantôt professionnels, tantôt personnels. J’y suis connecté avec ma fille adolescente, des membres de ma famille, des collègues de travail, des relations proches ou lointaines, voire même des gens que je ne connais ni d’Adam ni d’Ève, mais avec qui j’ai eu des échanges agréables ici ou là.
Je publie sur Facebook des éléments publics ainsi que des éléments classés « privés mais non confidentiels ». Je tiens donc à connaitre un peu les gens à qui je donne accès à mes données privées. Idéalement, je m’impose de créer avec eux un début de relation personnelle, même si celle-ci est encore mince et embryonnaire.
Dans la vraie vie, je ne refuse jamais une carte d’affaires que l’on me tend en me disant bonjour, puis en m’adressant quelques mots d’explication et un sourire. Sinon, que ferais-je de la carte d’un inconnu dont je ne sais rien? Elle finirait dans une poubelle ou un tiroir. À quoi bon? Et pourquoi donnerais-je la mienne à une personne qui ne m’adresse même pas la parole? Pour me bercer de quelle illusion?
Connexion, mode d’emploi
En conclusion, j’invite tous celles et ceux qui souhaitent me compter parmi leurs amis Facebook à ne pas le faire à la légère. Je leur demande aimablement de se poser simplement cette question: « Pourquoi et qu’est-ce que j’ai à échanger avec ce type? ». Ensuite, il leur suffit d’accompagner leur demande d’un petit mot *personnalisé* et d’y partager avec moi la réponse à cette question. Voilà, c’est tout!
Si c’est encore trop leur demander, il peuvent toujours se connecter à mon profil LinkedIn. Il s’agit là d’un strict profil d’affaires. Je n’y verrai donc aucun inconvénient.
Mise à jour (13 février 2012)
* Dérives actuelles et bon usage de Linkedin:
Malheureusement, Linkedin est devenu entretemps le nouvel Eldorado des chercheurs d’or virtuel, collectionneurs de contacts et solliciteurs commerciaux en tous genres. À mon grand regret, je n’y accueillerai plus que les demandes de connexions pertinentes, c’est à dire conformes à la vocation de ce réseau de contacts professionnels avérés.
Je me suis rendu compte, en effet, qu’il n’est pas du tout pertinent de créer des connexions Linkedin factices avec des inconnus, aussi sympathiques et bienveillants soient-ils. En plus de « délayer la sauce » et d’affaiblir le rapport signal/bruit, cela dénature la valeur même de ce réseau dans lequel tout contact découle théoriquement d’une relation préexistante à même d’engendrer, le cas échéant, une recommandation crédible. La nécessité de cette relation est écrite noir sur blanc dans les conditions d’utilisation (article 10):
B – Don’t undertake the following::
5 – Invite people you do not know to join your network;
(…)
8 – f) (…) (a) using LinkedIn invitations to send messages to people who don’t know you or who are unlikely to recognize you as a known contact; (b) using LinkedIn to connect to people who don’t know you and (…)
Si la magie de « l’effet réseau » permet d’y entrer en contact avec un grand nombre d’inconnus constituant autant de nouveaux contacts potentiels, c’est avant tout grâce au filtrage bidirectionnel de personnes dignes de foi, pas à l’aveuglette. Plus cette chaîne de confiance professionnelle basée sur l’expérience vécue est trahie par ses propres utilisateurs, plus Linkedin perd de sa pertinence et, avec elle, de son utilité socio-professionnelle. Pour ne pas dire de sa future valeur boursière, mais souhaitons-lui de ne pas en arriver là.
Si vous cherchez à faire de nouveaux contacts sur Linkedin, voici mes conseils:
- N’envoyez jamais de demande de connexion à une personne qui ne vous connait pas sans lui envoyer en même temps un message personnalisé contenant des explications claires et solides de ce geste;
- N’affirmez jamais de contre-vérité en cochant n’importe quoi sur le formulaire de validation de la demande (« Comment avez-vous rencontré Untel? »);
- Ne présumez pas que le fait d’être abonnés à un même groupe Linkedin est une raison suffisante pour accepter votre invitation;
- Participez plutôt avec dynamisme aux groupes de discussion afin de démontrer qu’ils correspondent à vos intérêts professionnels majeurs. Vous y susciterez alors certainement la sympathie et l’intérêt de gens qui, comme vous, sont ouverts à de nouvelles connexions. Une fois qu’ils auront échangé leurs opinions avec vous dans une ou plusieurs conversations, ils seront prêts à répondre favorablement à votre message personnalisé d’invitation.
- Enfin, posez-vous toujours deux questions avant d’inviter une personne dans votre réseau:
- Quel intérêt ai-je à établir cette connexion, alors que je peux suivre cette personne sur un groupe de discussion Linkedin, peut-être aussi sur Twitter ou Google Plus, sans nécessairement l’ajouter à mes contacts?
- Quel intérêt ma demande a-t-elle pour elle et comment la lui la mieux présenter ?
Ça a l’air bête comme ça, mais, à en juger par les demandes que je reçois, bien des gens ne se posent jamais ces questions élémentaires !