Alors que TikTok entretient aujourd’hui une armée de 40.000 «professionnels de la sécurité», rares sont les médias canadiens modérant les conversations sur leurs propres sites web…
Le plus difficile, dans la libération de la parole publique démocratique et citoyenne, c’est de l’encadrer afin qu’elle produise quelque chose de bon, de positif, qu’elle génère de l’intelligence collective et de l’espoir et non cette cacophonie anarcho-libertarienne à laquelle la montée en puissance toxique des médias sociaux nous a hélas! habitués.
Résultat: nous assistons aujourd’hui à un ressac de la liberté d’expression inconditionnelle entraînée par la fragmentation et la radicalisation de l’opinion, l’exposition massive à des réalités insoutenables et traumatisantes, sous la pression des pouvoirs politiques et réglementaires dépassés par les événements. La démocratie n’en sort pas gagnante — au contraire.
Rendez-vous compte: TikTok entretient aujourd’hui une armée de quarante mille (40 x 1000! 😵💫) « professionnels de la sécurité » alias censeurs. Car la censure-ciseau est inévitable dans l’environnement massif des plateformes numériques multinationales. À plus petite échelle (celle des médias nationaux, qui ont malheureusement renoncé à leur responsabilité démocratique depuis belle lurette), la moderation serait possible et aurait bien meilleur goût.
Car la modération ne consiste pas à censurer systématiquement toute expression déviante, dangereuse, violente ou les trois à la fois. Il s’agit plutôt d’encadrer avec exigence mais bienveillance, de recadrer sans cesse, d’animer l’exposition des faits, des afin de les faire aboutir à des conclusions positives.
Combien de médias patrimoniaux canadiens se donnent aujourd’hui cette peine? Tous ou presque ont abdiqué, préférant se tourner vers la puissance gouvernementale dans l’espoir de récupérer de façon coercitive une part du gâteau publicitaire qui leur a définitivement échappé. C’est triste et bien dommage — pour nous, pour eux, pour la démocratie.
Quelques suggestions pour souligner le 1er juillet avec empathie et compassion pour les communautés autochtones du Canada…
« Alors que plusieurs villes ont décidé d’annuler les événements prévus pour la fête du Canada à la suite des récentes découvertes sur les terrains d’anciens pensionnats pour Autochtones, certains se demandent comment souligner le 1er juillet avec empathie et compassion pour les communautés autochtones du pays », affirmait hier un article de Radio-Canada.
Organisez des conversations avec vos amis et votre famille sur l’histoire du Canada et sur la place de vos ancêtres dans cette histoire. Mettez-vous au défi d’apporter un fait ou un élément d’histoire à partager.
Suivez les créateurs et les artistes autochtones sur les médias sociaux.
Si vous êtes à l’aise en anglais, inscrivez-vous à Indigenous Canada, un cours en ligne gratuit offert par l’Université de l’Alberta, qui vous fera découvrir l’histoire des peuples autochtones au Canada.
Tout va très vite, dans les médias, et encore plus depuis qu’ils battent au rythme des médias sociaux. C’est ainsi que l’on retrouvait ce matin, sur le site du quotidien montréalais La Presse, une photo de la terrible tragédie du Lac Mégantic initialement diffusée hier par Radio-Canada mais attribuée à… un twitteur belge ! Le journal semble avoir acquis un droit de publication pseudo-légal auprès de CrowdMedia, une agence montréalaise commercialisant des médias dit « citoyens ». Imbroglio. Continuer la lecture de « TheftSourcing : Quand La Presse pirate Radio-Canada… sans le savoir ? »
Cet après-midi, je me suis rendu chez Turbulent pour interroger Marc Beaudet à la sortie de l’Assemblée générale annuelle du Regroupement des producteurs multimédia (RPM), une association industrielle qu’il préside et qui regroupe environ 75 entreprises québécoises du secteur d’Internet et des nouveaux médias.
Je venais de lire l’excellent article de Sophie Bernard sur le nouveau Fonds des médias du Canada. L’actualité était donc chaude et nous avons abordé, en direct sur Ustream, cette question ainsi que le Plan d’action 2009-2010 du RPM, largement concentré sur les problèmes de modèles économiques et de gestion de la main d’œuvre.
Amis blogueurs et journalistes, je n’en écrirai pas plus car il s’agit d’« information open source ». À vous de vous en emparer afin de produire vos commentaires ci-bas ou vos analyses de blogueurs et journalistes. Quant à moi, j’ai fait ma part et je retourne à mes clients. 😉
11 mars 2009 (mise à jour) – Je ne croyais pas si bien dire! Les collègues du Lien multimédia, cités plus haut, étaient présents au 5@7 qui a suivi cette AGA. Ce matin, en soutien d’un nouvel article de Sophie Bernard sur le sujet, ils ont repris mon entrevue de Marc Beaudet, publiée — comme la plupart de mes productions personnelles — en Creative Commons BY-SA et disponible gratuitement sur ma chaîne Youtube. Vive le remix, l’intelligence collective et l’« information open source »! 😉
Après avoir exploré le concept de « hub urbain », nous vous présentons aujourd’hui la seconde partie de notre entrevue de février dernier avec René Barsalo. Le directeur, recherche et stratégie de la SAT nous entretient, cette fois, du corollaire du hub urbain, qui a pour nom de code [propulse]ART.
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Ce groupe de recherche multi-institutionnel, financé par le Ministère du Patrimoine canadien, est en train de créer une trousse à outil à code source libre et ouvert (open source) qui permettra aux salles de spectacle ou de conférence de se relier les unes aux autres en réseau et de diffuser ainsi des événements et des spectacles ayant lieu, au même instant, dans une autre ville, voire même à l’autre bout du monde. Évidemment, ces outils permettront l’interactivité, si bien qu’il sera possible de dialoguer d’une ville ou d’un pays à l’autre en temps réel.
La chose se pratique depuis quelques années en laboratoire, mais l’agenda serré de [propulse]ART devrait la rendre très largement accessible, avec les conséquences économiques et sociales qu’on peut imaginer. Internet transformera bientôt les arts de la scène comme il a transformé l’industrie musicale, la télévision et le cinéma. Attachez vos ceintures et bon spectacle!
Une nouvelle vague de plateformes vidéo mobiles a vu le jour en 2007 et commence tranquillement à bâtir sa niche sur le Web. Prenez les derniers protocoles de compression vidéo, ajoutez-y une gamme de téléphones mobiles de pointe, une pincée d’interactivité puisée dans la blogosphère, la puissance de diffusion d’un Youtube, nappez le tout de créativité et… servez à chaud, sans laisser reposer.
Le 24 mars dernier, une conférence sur l’évolution et la monétisation de la vidéo mobile se tenait à New York, dans le cadre du MobileMonday local. Comme de raison, les tables rondes étaient diffusées en temps réel sur Internet à partir de simples téléphones portables. La qualité est minimale ― surtout le son ! ― mais il faut bien comprendre qu’on en est encore aux premiers balbutiements de cette technologie.
Cette semaine, la blogueuse et « webvidéaste » française Natacha Quester-Séméon ouvrait un canal sur Qik, une plateforme dédiée à la vidéophonie mobile en temps réel et lancée en novembre dernier. Robert Scoble, la star de la blogosphère yankee, avait mis cette nouvelle pratique à l’honneur lors du forum économique mondial de Davos de janvier dernier.
Le long travelling de Natacha sur les quais de la Seine, diffusé live en 3G, est relativement impressionnant, si l’on prend en considération l’extrême légèreté des moyens de captation et de diffusion mis en oeuvre, les conditions de tournage nocturne et la vitesse du véhicule en mouvement. Évidemment, il s’agit ici de simples tests, de R&D éditoriale, en quelque sorte. Je vous conseille donc de baisser le son avant de lancer cette vidéo :
Il est évident que les plateformes de vidéo mobile comme Qik et Flixwagon ont de l’avenir. À terme, elles permettront de créer une nouvelle couche de Web communication interactive extrêmement dynamique. Le killer feature de Qik, en effet, c’est la possibilité offerte aux webspectateurs de dialoguer avec les diffuseurs en temps réel.
Avec un peu de chance, en vous rendant sur la page d’accueil du site, vous vous trouverez face à une vidéo live en train d’être filmée. Au bas du cadre vidéo, cliquez sur le lien « chat » et tapez un court message à l’intention du cameraman. Une poignée de secondes plus tard, celui-ci pourra lire votre note sur l’écran LCD de son téléphone, y répondre lui-même ou la transmettre verbalement, le cas échéant, à la personne filmée.
Il s’agit là d’un paradigme tout nouveau et très séduisant, surtout qu’il est désormais trivial de diffuser les archives de ces flux live sur Youtube. Conséquence prévisible : il sera de plus en plus difficile, pour toute organisation économique, sociale ou politique, de contrôler la libre expression de populations de plus en plus agiles avec ces technologies révolutionnaires. À tout moment, un téléphone pourra surgir et, discrètement, diffuser un événement, un phrase incriminante, un commentaire déplacé ou une bavure en temps réel, sans qu’il soit matériellement ni temporellement possible de l’en empêcher.
Il me semble que la démocratie mondiale à tout à gagner de cette évolution. Au pied du mur, la transparence et l’imputabilité dont elle a besoin pour progresser seront peut-être les seules options restantes pour ceux dont le succès repose sur la crédibilité. À la moindre entourloupe, on devra assumer le risque de se retrouver instantanément sur Youtube les culottes baissées. Cette vision est encore très utopique, j’en conviens, et les réactions musclées seront à surveiller, mais c’est dans cette direction que le vent nous pousse à vitesse 3G.
Depuis que nous avons lancé Intruders Canada l’an dernier, nous avons souvent allumé nos caméras à la SAT, la Société des arts technologiques — que ce soit au StartupCamp, à Yultour ou lors du dernier BarCamp Montréal. Ce laboratoire de la culture numérique s’impose de plus en plus comme l’un des haut lieu de réseautage, d’innovation et d’incubation technologique de la métropole québécoise.
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René Barsalo, directeur, recherche et stratégie de la SAT, est l’un des co-auteurs du rapport de veille de 2005 introduisant le concept de hub urbain, qui s’articule autour de deux observations fondamentales. 1) L’Internet à très large bande offre des possibilités de transport de l’image et du son permettant de donner un spectacle dans plusieurs lieux géographiquement éloignés à la fois. 2) Les lieux de rassemblement à vocation culturelle (opéra, théâtre, bibliothèque, cinéma…) témoignent de la fonction sociale de la culture, une richesse qui gagne à être partagée. Le fait qu’elle soit analogique ou numérique n’y change rien.
Lors de la conférence Espaces et services branchés d’Interfaces Montréal, la SAT évoquait récemment la conclusion imminente d’une entente de financement pour le projet Propulse[art]. Ce groupe de recherche dotera le hub urbain d’une boîte à outils logiciels sur mesure. À suivre dans la seconde partie de l’entrevue.
This interview produced and directed by Christian Aubry (camera: Laurent Maisonnave) was published on Nov. 17, 2007, on Intruders TV Canada, a vlog that has been shut off as of March, 2009.
Clearly fearing for their wallets a growing number of artistic and industrial groups in Canada would like the Internet to be regulated as radio and TV, and Canadian content to be « prioritized » (c.f. Michael Geist). With a quarter of a million pages viewed per month, however, Casey McKinnon and Rudy Jahchan from the Galacticast weekly parody video show do not really agree.
In fact, they devoted a very serious presentation at the latest BarCampMontreal to disqualify the idea of enforcing « CanCon » (Canadian Content) regulations on the Internet. In the interview they also explained their feelings as new media artists regarding the traditional media industry.
Le Canada est en campagne. Après les premiers débats télévisés opposant — ou, plutôt, juxtaposant — les chefs des principaux partis fédéraux, une question demeure: s’agit-il d’une campagne électorale, publicitaire ou médiatique? La nouvelle formule pose en effet plus de questions médiatiques qu’elle n’apporte de réponses politiques. Résultat: cet exercice hautement démocratique s’apparente moins à un débat d’idées qu’à une longue pause publicitaire. Inévitablement, c’est la qualité de l’information offerte aux citoyens qui en fait les frais.
À première vue, pourtant, le citoyen est à l’honneur. Dans un effort louable pour lui laisser toute la place, la journaliste animant le débat ne fait que relancer les questions posées directement par un échantillon hétéroclite de citoyens et encadre les réponses données par les politiciens. N’est-ce pas là l’expression même de la démocratie participative? Pas vraiment, et ce pour plusieurs raisons.
Les questions sont filtrées. Environ 10,000 questions ont été adressées par les citoyens, mais les états-majors médiatiques n’en ont retenu qu’une vingtaine. Selon quels critères? On ne le saura jamais.
La mise en scène « télé-réaliste » domine. En effet, on est allé filmer les citoyens chez eux, dans la rue, au travail, ce qui ajoute une foule d’informations subjectives à leurs questions. De cet homme un peu hautain, qui attaquait le Bloc Québécois, par exemple, j’ai pensé qu’il avait un mobilier aussi cossu que quétaine. Cela a inévitablement influé sur la façon dont j’ai reçu sa critique.
Le zapping est réducteur. La règle d’équité absolue, qui force les politiciens à exprimer des idées parfois complexes en 29 secondes et trois quart, n’a en effet aucun sens. Contrairement à un message publicitaire, la valeur d’une pensée politique ne réside pas dans sa concision, mais dans sa justesse et dans la nature de la conviction qui la porte — autant d’éléments qui ont besoin d’autant de temps et d’espace que nécessaire pour s’exprimer.
L’absence de dialogue entre les adversaires, enfin, ne permet pas d’aller au bout des contradictions ou, au contraire, des similitudes qui existent entre leurs options. Il faut les appréhender à partir d’une juxtaposition de « clips politiques », ni plus ni moins, certains barbouillant à gros traits le linge sale de l’adversaire, la plupart lavant plus blanc que blanc.
Qu’est-ce qui ressort de cette heure de réclame? Pas grand-chose d’intéressant, d’où la déception et le désintérêt manifestés par le public pour ce débat. Comme par hasard, les quatre chefs de pub se sont déclarés satisfaits de leur prestation — et pour cause, puisque la formule leur évitait tout dérapage et incident majeur. Seul le Bloc Québécois a fini par la désavouer, admettant qu’elle « ennuyait » les citoyens.
Une fois de plus, la preuve est faite que « le médium est le message » et que le fast debate est à la démocratie ce que le fast food est au métabolisme. Cela fait quelques décennies que le médiatique dénature ainsi le politique, n’ayant pas pour mission d’éclairer la conscience citoyenne sur les enjeux véritables, mais plutôt d’alimenter en clichés cathodiques une « opinion publique » affective et mollement consentante. Il n’est donc pas étonnant que la propagande à courte vue remplace les projets visionnaires, ni que la corruption subsiste, ni que les méthodes autoritaires l’emportent sur l’art de la négociation.
Le pire, c’est que les journalistes, les politiciens et même les braves citoyens-inquisiteurs qui se prêtent à ce jeu lamentable ne s’en rendent pas compte, obnubilés par leur image et par les hallucinations cognitives auto-satisfaisantes qu’elle génère. On appelle cela la « démocratie d’opinion ».