Wal-Mart et Microsoft, même combat!

Microsoft vient de nommer Kevin Turner au poste de directeur général (CEO) de l’entreprise. L’éditeur d’Internet Explorer règle ainsi un vieux contentieux avec le monde syndical puisque M. Turner a passé l’essentiel de sa carrière chez Wal-Mart. Sous sa gouverne, les observateurs s’attendent à ce que Microsoft se mette à facturer les bogues — jusqu’ici gracieusement offerts avec ses logiciels — tout en remplaçant le fatigant trombone de la suite Office par un associé virtuel qui vous dira chaque matin: «Alloooo John! Où voulez-vous allez, aujourd’hui?»

The new bossMicrosoft vient de nommer Kevin Turner au poste de directeur général (CEO) de l’entreprise. L’éditeur d’Internet Explorer règle ainsi un vieux contentieux avec le monde syndical puisque M. Turner a passé l’essentiel de sa carrière chez Wal-Mart. Sous sa gouverne, les observateurs s’attendent à ce que Microsoft se mette à facturer les bogues — jusqu’ici gracieusement offerts avec ses logiciels — tout en remplaçant le fatigant trombone de la suite Office par un associé virtuel qui vous dira chaque matin: « Alloooo John! Où voulez-vous allez, aujourd’hui? »

La blogosphère en expansion

Grâce à Technorati — et via Branchez-Vous! — je viens d’apprendre qu’il se crée un nouveau carnet Web par seconde dans la blogosphère mondiale, laquelle s’enrichit de 10,4 nouveaux articles par seconde.

Carnetier à l'ouvrageGrâce à Technorati — et via Branchez-Vous! — je viens d’apprendre qu’il se crée un nouveau carnet Web par seconde dans la blogosphère mondiale, laquelle s’enrichit de 10,4 nouveaux articles par seconde. Comme j’aimerais bien faire partie des 13% de carnetiers créant du contenu au moins une fois par semaine, je m’empresse de rédiger cette note anormalement courte, j’en conviens, mais qui doit bien valoir au moins 0,4 article, n’est-ce pas?

Blocus frontalier

Dear American friends, je regrette de devoir annuler ma visite prévue chez vous cet été. Les procédures permettant à un citoyen français résidant au Canada d’obtenir un visa sont en effet fort complexes. Les délais d’entrevue et de décision peuvent prendre jusqu’à deux mois. Enfin — et c’est la cerise sur le sundae — il me faudrait débourser pas moins de 100 $US pour obtenir un simple visa provisoire. À ce prix-là, j’espère que la gravure est aussi belle que celle des visas soviétiques !

Vacances domestiquesDear American friends,

Je regrette de devoir annuler ma visite prévue chez vous cet été. Les procédures permettant à un citoyen français résidant au Canada d’obtenir un visa sont en effet fort complexes. Les délais d’entrevue et de décision peuvent prendre jusqu’à deux mois. Enfin — et c’est la cerise sur le sundae — il me faudrait débourser pas moins de 100 $US pour obtenir un simple visa provisoire. À ce prix-là, j’espère que la gravure est aussi belle que celle des visas soviétiques !

Pour mémoire, j’ai obtenu mon visa de résident permanent au Canada pour 200 dollars d’ici. C’était il y a 16 ans, je vous l’accorde, mais quand même. Je suis également conscient que les mesures de contrôle des frontière mises en place par votre gouvernement, à la suite des attentats du 11 septembre, représentent une dépense importante et qu’il faut bien la financer. Reste que l’imposition d’un droit de visite de 100$ par tête de pipe est inacceptable de la part d’un pays se vantant de défendre de la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux. Si j’ajoute à cela les mesures de sécurité qui règnent à l’entrée de votre consulat — on ne vous demande pas de vous déshabiller mais presque — le message que vous nous envoyez est le suivant : « Étrangers que seule l’amitié oblige à venir chez nous, comprenez que vous n’y êtes pas les bienvenus et allez passer vos vacances ailleurs. »

En conséquence, je vais vite me faire venir de France un passeport « lisible en machine », dit passeport Delphine, qui me rapprochera un peu plus de l’univers de Big Brother, certes, mais dont le produit financier restera au moins dans mon pays d’origine. Ce passeport sécurisé devrait me permettre de vous rendre visite pendant quelque temps sans trop de tracas frontalier. Si je comprends bien le scénario actuel, je suppose que vos fonctionnaires m’obligeront, dans un an, à l’échanger contre un passeport biométrique. Le cas échéant, dites-leur qu’ils se mettent le doigt dans la pupille, car j’aurai probablement obtenu, d’ici là, une authentique citoyenneté canadienne. L’ironie, c’est que j’en aurai fait la demande, après 16 ans de bonne et loyale résidence, afin de voyager en Amérique sans avoir à exhiber mon code génétique. Sage précaution, d’ailleurs, dans un Nouveau-Monde qui, à l’instar du bon vin et des mariages tristes, vieillit pour le meilleur et pour le pire.

Pour l’heure, j’irai donc passer ma dernière semaine de vacances sur la Côte-Nord du Québec. J’investirai les 100 $US épargnés à la frontière dans un bon couscous à l’orignal arrosé d’une bouteille de vin d’Espagne que je boirai — j’en fait le sarment — à la guérison de vos institutions.

Patience et longueur de temps

Finalement, tout vient à qui sait attendre. Mes parents chéris, dont je suis généralement séparé par tout un océan, atterrissent à Dorval à 15h20, cet après-midi. Par ailleurs, après des mois de travail bénévole, le nouveau site de W3Québec est en ligne. Bravo à tous les collègues qui y partagent leurs connaissances, leurs expertises et qui lui ont consacré, de façon totalement bénévole, une bonne partie de leur temps libres. Je suis très fier de faire partie de cette association.

W3 QuébecFinalement, tout vient à qui sait attendre. Mes parents chéris, dont je suis généralement séparé par tout un océan, atterrissent à Dorval à 15h20, cet après-midi. Par ailleurs, après des mois de travail bénévole, le nouveau site de W3Québec est en ligne. Bravo à tous les collègues qui y partagent leurs connaissances, leurs expertises et qui lui ont consacré, de façon totalement bénévole, une bonne partie de leur temps libres. Je suis très fier de faire partie de cette association.

Les rock stars, baromètres intouchables de l'opinion

Dans son enquête sur «les rebelles millionnaires», publiée ce matin à la Une du Devoir, Antoine Robitaille s’emploie à discréditer les rock stars qui militent en faveur de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté dans la monde. Les attitudes et les personnages qu’il dénonce ne sont pas aussi vains qu’il l’affirme. Ce sont les symboles médiatiques nécessaires d’un monde chaotique se mettant en marche pour assurer sa survie.

Un capitaliste sera toujours prêt à vous vendre la corde pour le pendre si cela peut lui rapporter de l'argent.Dans son enquête sur « les rebelles millionnaires », publiée ce matin à la Une du Devoir, Antoine Robitaille s’emploie à discréditer les rock stars qui militent en faveur de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté dans la monde. Leur attitude iconoclaste à l’égard de l’establishment ne serait qu’une « posture rebelle » à la mode, pour ne pas dire une basse opération de récupération mercantile. Les raisonnements des « experts » sur lesquels il appuie cette thèse ne sont pas dénués d’une certaine pertinence, mais ils sont un peu courts. Pour en extraire le sens réel, il faudrait les poursuivre jusqu’au bout.

Si les discours « révolutionnaires » des Bob Geldorf, Bono et autres Madonna de ce monde font aujourd’hui tant vibrer les foules, c’est qu’ils traduisent un profond sentiment de colère et de révolte au sein d’une frange de plus en plus large de la population mondiale. À la fin de l’excellent documentaire canadien The Corporation, le cinéaste américain Michael Moore rappelle cette boutade voulant qu’un capitaliste sera toujours prêt à vous vendre la corde pour le pendre si cela peut lui rapporter de l’argent. « Je suis l’une de ces cordes, conclut-il. J’utilise cette faille du système pour mieux le dénoncer. On me laisse faire parce que mes films sont populaires et qu’ils rapportent beaucoup d’argent. »

Vu sous cet angle, on comprend beaucoup mieux le succès de la « posture rebelle », nouvel objet de consommation dont les rock stars, ces baromètres sensibles de l’opinion, s’emparent afin de nourrir leurs créations populaires. C’est effectivement l’un des nombreux paradoxes engendrés par notre civilisation suicidaire et entretenu par ses élites économiques, politiques et médiatiques aveugles . Parmi tous les opposants au système capitaliste actuel, les plus efficaces sont ceux qui en tirent le plus grand profit matériel car cela leur confère, au sein de ce système, une légitimité les rendant intouchables.

Ces grands surfers de la conscience populaire ont la particularité de parler un double langage : celui de la raison sociale et du développement responsable, qui anime de plus en plus le commun des mortels, et celui de la déraison capitaliste, socialement irresponsable et globalement destructrice, qui rassure les marchés obnubilés par le seul profit à court terme. Du coup, leur pouvoir est immense car ils échappent aux implacables machines de répression qui écrasent les mouvements populaires de contestation.

Je conseille vivement à M. Robitaille de voir ou de revoir le film The Corporation, maintenant disponible en DVD dans les clubs-vidéo. Son analyse incomplète s’en trouvera peut-être illuminée par une prise de conscience salutaire. Les attitudes et les personnages qu’il dénonce ne sont pas aussi vains qu’il l’affirme. Ce sont les symboles médiatiques nécessaires d’un monde chaotique se mettant en marche pour assurer sa survie.

Victoire du bon sens logiciel

Sur 736 parlementaires européens, 645 se sont prononcés aujourd’hui en faveur du rejet de la directive de la Commission européenne sur les brevets logiciels. Seuls 14 eurodéputés ont soutenu ce texte, alors que 18 s’abstenaient et que les 59 autres prenaient une journée de congé. (…) Le bon sens, l’esprit de coopération et d’innovation véritable auront donc prévalu. Ce soir, j’irai fêter ça au Premier Mercredi du YulBlog Café 🙂

GNU-Champagne!Sur 736 parlementaires européens, 645 se sont prononcés aujourd’hui en faveur du rejet de la directive de la Commission européenne sur les brevets logiciels. Seuls 14 eurodéputés ont soutenu ce texte, alors que 18 s’abstenaient et que les 59 autres prenaient une journée de congé.

Cette décision finale est une grande victoire pour tous les défenseurs de la liberté de concevoir, développer, diffuser et utiliser des logiciels de façon honnête et équitable. Le droit d’auteur, qui protège le code et non l’idée, leur suffit amplement. Appliqué au logiciel, le principe des brevets dont on connait déjà les conséquences en biotechnologie, par exemple, aurait eu pour résultat de rendre illégal l’implémentation dans un logiciel d’un simple clic de souris et de mille autres fonctionnalités de base que se seraient empressé de breveter, à coup de millions d’euros, les grands groupes de l’industrie.

Le bon sens, l’esprit de coopération et d’innovation véritable auront donc prévalu. Ce soir, j’irai fêter ça au Premier Mercredi du YulBlog Café 🙂

» Détails et autres liens sur Da Linux French Page

Trompe-l'oeil médiatique

Le 24 juin dernier, le chroniqueur techno de Radio-Canada, Bruno Guglielminetti, caressait ses lecteurs québécois dans le sens du « poële » en leur signalant l’entrée du mot « blog » dans l’édition 2006 du dictionnaire Larousse. Évidemment, la levée de boucliers linguistiques ne s’est pas faite attendre et plusieurs commentateurs se sont dit offusqués que les éditeurs français aient choisi l’emprunt direct à l’anglais plutôt que le néologisme « blogue » préféré par l’Office de la langue française du Québec.

L'oeil était dans le blogue et regardait Caïn :)Le 24 juin dernier, le chroniqueur techno de Radio-Canada, Bruno Guglielminetti, caressait ses lecteurs dans le « sens du poële » en leur signalant l’entrée du mot « blog » dans l’édition 2006 du dictionnaire Larousse. Évidemment, la levée de boucliers linguistiques ne s’est pas faite attendre et plusieurs commentateurs se sont dit offusqués que les éditeurs français aient choisi l’emprunt direct à l’anglais plutôt que le néologisme « blogue » préféré par l’Office de la langue française du Québec.

Une rapide recherche dans Google permet pourtant de retrouver la trace des dépêches d’agence originales, elles-mêmes n’étant probablement que des concentrés de communiqués de presse plus détaillés. On y découvre plusieurs québécismes dans cette nouvelle cuvée lexicale — « calotte », « grignotine » ou « jambette » — ainsi que des belgicismes, helvétismes et autres italianismes, d’ailleurs. Bref, j’en déduis que notre langue s’abreuve à plus d’une culture, tout en respectant le génie propre à chacune.

Quant à l’orthographe controversée du mot blog[ue], l’usage majoritaire en assurera probablement la pérennité. Là encore, Google recense près de 4 millions d’occurences du mot « blog » sur le Web francophone, contre moins de 340 000 pour sa version québécisée. Cette dernière ne risque guère d’entrer dans le dictionnaire qu’à titre de variante québécoise, ce qui semble correspondre assez bien à la réalité. Et pourquoi pas, d’ailleurs?

Quoi qu’il en soit, cette anecdote sans importance prouve une fois de plus que le public ne sort pas grandi des pratiques journalistiques dominantes qui consistent à triturer les dépêches d’agences pour leur faire dire n’importe quoi. Sur le Web, on a pourtant la possibilité d’inclure dans ses textes des liens vers les sources au profit des lecteurs intéressés à en savoir plus. Rares sont les journalistes en ligne qui offrent cette valeur ajoutée à leurs lecteurs. C’est d’autant plus dommage qu’ils reporteraient ainsi sur eux la responsabilité de s’informer convenablement avant de porter un jugement.

Le conflit américano-cubain vu de la Place de Mai

Salim Lamrani a réalisé une entrevue explosive de la présidente des Mères de la Place de Mai, Hebe de Bonafini. Washington et ses alliés européens en prennent pour leur grade.

Hebe de Bonafini sur la Plaza de Mayo, à Buenos AiresHebe de Bonafini, présidente de la Ligne majoritaire du mouvement argentin de la Place de Mai (les mères des enfants assassinées par la dictature), a reçu le Prix Education et paix, de l’UNESCO, en 1999. Début juin, cette femme courageuse et qui ne mâche pas ses mots participait à une conférence contre le terrorisme (américain, entre autres) à La Havane. Le chercheur français Salim Lamrani, spécialiste des relations américano-cubaines, l’y a rencontrée.

Au fil de cette entrevue, Mme de Bonafini dénonce crûment la propagande anti-cubaine et les atteintes aux droits humains perpétrées, un peu partout dans le monde, par les élites américaines et leurs alliés européens. Son regard sur le monde est assez différent que celui que colportent habituellement les médias occidentaux. Il n’en est pas moins fort troublant.

» Lisez l’entrevue »

Charité bien ordonnée commence par un concert rock

À quelques jours de la rencontre des huit chefs d’États les mieux nourris de la planète, l’opération Live 8 a déployé une pyramide arithmétique extrêmement signifiante.

La misère des richesÀ quelques jours de la rencontre des huit chefs d’État les mieux nourris de la planète, l’opération Live 8 a déployé une pyramide arithmétique extrêmement signifiante : « Dix concerts, 100 artistes, un million de spectateurs, deux milliards de téléspectateurs et un seul message: que ces 8 hommes, réunis dans une pièce, empêchent 30 000 enfants de mourir chaque jour en raison de l’extrême pauvreté », rapportait ce soir Radio-Canada.

Dans le même bulletin de nouvelles, j’apprenais que les laissés pour compte du Moving Day peuvent recevoir jusqu’à 400 dollars de supplément municipal de loyer par mois. Quelles que soit les difficultés qu’éprouvent ces personnes, force est de constater qu’elles sont en bien meilleure posture que les habitants du Sierra Leone, dont le revenu moyen n’est que de 225 dollars par an.

Faut-il jeter le P2P avec l'eau du bain?

Affranchissant les internautes des architectures centralisées et contrôlantes de type client/serveur, les protocoles de communications pair-à-pair (ou poste-à-poste) leur offre plus de liberté, plus de souplesse, plus de performance, tout en entraînant une diminution sensible des coûts d’opération, tant pour les diffuseurs que pour les opérateurs de réseau.

Bébé P2PAffranchissant les internautes des architectures centralisées de type client/serveur, les protocoles de communications pair-à-pair (ou poste-à-poste) leur offre plus de liberté, plus de souplesse, plus de performance, tout en entraînant une diminution sensible des coûts d’opération, tant pour les diffuseurs que pour les opérateurs de réseau. Le P2P fait donc partie du paysage technologique et il y restera malgré les attaques conjoncturelles qu’il subit actuellement.

Le trafic illégal de musique ou de vidéo ne constitue qu’un aspect très médiatisé, certes, mais relativement limité de cette tendance. De plus en plus d’organisations utilisent en effet les réseaux P2P pour diffuser, le plus légalement du monde, des contenus éducatifs, culturels ainsi que des logiciels.

En voici trois exemples :

  1. L’éditeur de logiciels libres Mandriva favorise la diffusion de ses distributions Linux via les réseaux poste-à-poste BitTorrent, minimisant ses frais de bande passante. En passant, Microsoft fait presque la même chose en diffusant ses ressources sur les serveurs de cache d’Akamai, sans aller toutefois au bout de cette logique de distribution décentralisée.
  2. Le service en ligne français Jamendo propose aux musiciens un nouveau concept de conquête du public, notamment fondé sur la diffusion gratuite d’albums complets sous licence Creative Commons. Les grosses machines du showbiz ont encore quelques réticences face à ce nouveau paradigme, mais elles y viennent peu à peu — et à leur manière — également.
  3. La projet américain EduCommons utilise les technologies poste-à-poste pour diffuser des objets d’apprentissage qui intéresseront tant les élèves et enseignants « traditionnels » que les entreprises en manque de formation.

Pourtant, les hauts cris poussés par les industries culturelles technologiquement et socialement conservatrices donnent du fil à retordre aux partisans du poste-à-poste. La peur des poursuites pour atteinte à la propriété intellectuelle terrorise les opérateurs de réseaux qui tentent par tous les moyens de s’en sortir, tout en contrôlant par ailleurs ce type de trafic exponentiel qui pourrait bien se révéler très coûteux pour eux. Les développeurs de matériels et solutions informatiques arrivent donc sur le marché avec toutes sortes de serveurs dédiés, de filtres, de pare-feux et autres défenses servant à contrôler le trafic et à bloquer les applications P2P quand c’est possible.

Or, c’est là que le bât blesse. Si l’on s’en tient à la seule vision négative de ce type de communications, on risque de refroidir le bain de bébé. Ce serait dommage, vu que le P2P apporte des réponses très pertinentes à toutes sortes de problèmes contemporains. C’est pour cette raison qu’il ne disparaîtra pas, d’ailleurs, mais encore faudrait-il lui laisser une chance de mûrir en évitant, par exemple, de bannir de nos réseaux publics et commerciaux tous les trafics atypiques en les fourrant à la hâte dans le mauvais sac.

Quelques lectures et ressources non raisonnées autour de ce sujet:

Entre la poire et le faux mage

« L’échange de fichiers sans permission, ce qu’on appelle le pear-to-pear, sera rendu illégal », déclare la ministre de la culture. Mais de quelle culture parle-t-on?

Réseau Pear-to-PearAvant d’en croire mes yeux, j’ai dû relire quatre fois la quatrième phrase du quatrième paragraphe de cet article du Devoir traitant, ce matin, du projet de loi fédéral modifiant la Loi sur le droit d’auteur : « L’échange de fichiers sans permission, ce qu’on appelle le pear-to-pear, sera rendu illégal », y déclare la ministre de la culture.

Mais de quelle culture parle-t-on? Celle des grosses légumes ou des arbres fruitiers? Le journaliste Stéphane Baillargeon prend-il les internautes pour des poires un peu dures de la feuille qui s’échangent du vent entre les branches de réseaux poire-à-poire? Vérification faite, il n’est pas le seul puisque Google recense 12 800 pages en français contenant l’expression « pear-to-pear« . Si j’étais un adepte des ordinateurs Apple, j’appellerais cela un nain pair 🙂

La traduction officielle de l’anglais peer-to-peer (poste-à-poste) n’est guère plus satisfaisante, il faut bien le dire, puisqu’elle évacue une notion fondamentale de ce concept technologique, qui est la parité. Nous en reparlerons.

La chance et les regrets

Considérée comme un droit humain fondamental, la chance devrait même être enchassée dans toutes les chartes et les constitutions.

Saisir la chance comme on enfourche un étalonQu’est-ce que la chance? D’où provient-elle? Comment se cultive-t-elle? La science n’ayant pas encore émis de réponse formelle à ces questions, beaucoup de gens pensent qu’il s’agit de l’un des dons les moins bien partagés du monde. Certains en ont et d’autres pas.

C’est un fait, en effet, que certains sont beaux et d’autres laids, certains sont gras et d’autres maigres, certains jouissent dès la naissance de la richesse et d’une santé de fer alors que d’autres n’auront jamais ni l’une ni l’autre. Pourtant, quelles que soient les circonstances, les petits malins s’en sortent toujours mieux que les autres.

Prenons l’une des injustices fondamentales qui soit : le lieu de naissance. Certains êtres humains naissent hollandais ou canadiens alors que d’autres font irruption sur Terre dans une famille d’intouchables de Calcutta. Même là, pourtant, il y des riches et des pauvres, des chanceux et des malchanceux. Certains intouchables croupissent dans les marécages du destin dévolu à leur caste alors que d’autres réussissent à acquérir de meilleures conditions de vie, voire même à être heureux. Vue sous cet angle, la chance n’est plus un miracle tombant du ciel, mais une faculté personnelle à saisir les occasions, à s’adapter avec succès aux circonstances, à se convaincre que tout est possible à partir du moment où l’on relève avec précision et détermination les défis qui se présentent, même si l’on ne les choisit pas.

La chance fait-elle partie du capital génétique? Peu probable. L’expérience montre qu’il s’agit d’une qualité intuitive qui se cultive, comme le langage, la bicyclette ou l’art culinaire. Tout part de la foi en soi et de l’imaginaire. À la différence du malchanceux, le chanceux croit dur comme fer que « c’est possible ». Il est prêt à se battre avec toute l’énergie dont il dispose pour atteindre son but. À chaque défi relevé avec succès, chaque opportunité saisie au vol, sa confiance augmente et, avec elle, son potentiel de chance face au prochain défi. Lorsqu’il échoue, il n’est pas nécessairement meurtri car il est conscient d’avoir donné le meilleur de lui-même et il se dit alors qu’il aura plus de chances la prochaine fois.

Comme le plaisir, la chance croît avec l’usage. Plus on la tente, plus on la sollicite et plus elle vous sourit.

À l’inverse, que se passe-t-il lorsqu’on laisse passer sa chance sans la saisir comme on enfourche un étalon? Elle disparait à l’horizon, soulevant sur son passage un nuage de regrets dont la toxicité croît également avec l’usage. C’est pour cela qu’il est très important de protéger les enfants et de leur « donner leur chance » le plus tôt possible. Lorsqu’ils sont mal partis, que la vie est impitoyable avec eux dès leur plus jeune âge, il faut que des mères Theresa, des médecins sans frontières, des enseignants et des travailleurs sociaux aillent vers eux, pansent leurs plaies morales autant que physiques afin de leur offrir une seconde chance.

Tout le monde devrait avoir droit à sa chance, quelle que soit son âge, sa race, sa nationalité, son sexe, sa classe sociale ou sa religion. Considérée comme un droit humain fondamental, la chance devrait même être enchassée dans toutes les chartes et les constitutions.